Les VUS, peu importe le format ou le prix, sont maintenant presque tous basés sur une structure provenant d’une voiture. Cette caractéristique leur permet de mieux répondre aux exigences de confort, d’espace et de convivialité des consommateurs, qui sont plus nombreux que jamais à s’attacher à cette catégorie.
Tandis que ses plus proches compétiteurs de jadis ont capitulé – nommément les Ford Explorer, Nissan Pathfinder et Chevrolet Blazer – le Toyota 4Runner est réfractaire, toujours fidèle à ses origines de baroudeur, de camion.
Alors, démodé ou encore dans le coup? Aurait-il dû suivre le même chemin que ses adversaires? Pour faire le point sur cette épineuse question, j’ai mis la version Venture – nouvelle pour 2020 – à l’essai, en plein hiver.
Si vous êtes intéressés à la chose automobile, vous avez remarqué que le Toyota 4Runner n’a pas beaucoup changé depuis 2010. En effet, mis à part quelques retouches esthétiques apportées en 2014, la ligne est demeurée essentiellement la même.
Pour raviver l’engouement pour ce modèle, le constructeur utilise la même méthode que les constructeurs américains : la multiplication des versions. Pour 2020, un ensemble d’option nommé Venture est ajouté. Il comprend différents accessoires qui changent l’apparence extérieure du véhicule, comme les écussons noirs, les poignées de portière noires, les marchepieds Predator noirs, la galerie de toit Yakima et la prise d’air sur le capot.
Artifices visuels ou pas, le 4Runner demeure toujours aussi beau avec ses proportions bien dosées et son caractère défini. Les différentes composantes en disent long sur ses capacités, et sur son attitude. Dès lors, on a le goût de prendre le volant pour s’aventurer sur des chemins inhospitaliers, sans regarder en arrière.
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Avant de prendre la clé des champs, il faut bien monter à bord. Malgré la présence de marchepieds, ce n’est pas une mince tâche. La caisse est haute et le toit est bas, ce qui complique la manœuvre. Ce n’est guère plus rose une fois assis dans les sièges avant, avec lequels il est difficile de trouver une position de conduite adéquate. Il m’a personnellement fallu quatre jours pour ajuster le siège correctement, principalement en raison du dossier dont le support lombaire manque d’amplitude. Les sièges donnent, malgré cela, un bon support une fois la position trouvée.
Pour 2020, le constructeur a ajouté – il était temps – Apple CarPlay et Android Auto par le biais d’un nouvel écran de 8 pouces, le démarrage à bouton-poussoir, la climatisation automatique à double zone et deux ports USB à l’arrière. À l’utilisation, on se rend pourtant rapidement compte que le 4Runner n’a pas complètement suivi la parade en matière d’équipement. Pas de phares automatiques, pas de phares à DEL, pas de hayon électrique, pas de sonar de recul, pas de détecteur d’angles morts… Bref, au prix demandé de 57 000 $, l’équipement est manquant.
Malgré tout, je dois avouer avoir été surpris du confort et du sentiment qu’on obtient à bord de la cabine du 4Runner. La disposition des commandes – notamment celles des divers systèmes hors-route placées au plafonnier – rend la manipulation facile et la bonne insonorisation n’est altérée que par la galerie de toit Yakima qu’on entend siffler.
Le tableau de bord austère rend hommage aux capacités du 4Runner, avec le levier du boitier de transfert, les molettes de la climatisation travaillées et l’instrumentation à l’apparence robuste. On sent qu’on est à bord d‘un véhicule indestructible, qui gonfle la confiance de ceux assis à bord. Aucun des pseudo-VUS nommé plus haut ne peut se targuer d’offrir le même ressenti, ni la même attitude!
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Oubliez tous les apprentissages que vous avez fait en matière de technologie moteur au cours des dix dernières années; le 4Runner a le même moteur depuis plus de 15 ans, exception faite de l’ajout du double calage variable des soupapes en 2010. Ce vénérable V6 à injection multipoint de 4,0 litres produit 270 chevaux et 278 lb-pi de couple. Il fait équipe avec une non moins vieillissante transmission automatique à cinq rapports.
Tout bon véhicule aux prétentions hors-route qui se respecte propose un boîtier de transfert manuel, et le 4Runner ne fait pas exception à la règle. Celui-ci permet trois modes d’entrainement : deux roues motrices, quatre roues motrices et quatre roues motrices gamme basse.
Il faut noter que Toyota a mis le 4Runner à niveau sur le plan de la sécurité active en 2020 avec l’ajout du système Toyota Safety Sense+ en équipement standard pour toutes les versions. Il comprend la détection d’obstacles à l’avant, l’alerte de sortie de voie et le régulateur de vitesse intelligent. Il faut aussi souligner que le 4Runner arrive, de série, avec huit coussins gonflables.
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Pas question ici d’enfiler les courbes à une vitesse effrénée ou de boucler le 0-100 en 5,5 secondes. Le 4Runner est d’abord et avant tout conçu pour bien performer en situation inhospitalière, ce qui oblige une certaine forme de compromis sur la route.
Il faut se rendre à l’évidence : l’aisance du 4Runner sur la route est inversement proportionnelle à la vitesse affichée au tableau de bord. En clair, moins la vitesse est élevée, plus il est à l’aise.
Il faut donc accepter d’être balloté, en partie en raison de la suspension d’une certaine mollesse. À l’opposé, la douceur de roulement demeure excellente dans toutes les circonstances, gracieuseté de la suspension mais aussi des pneus à flanc élevé. Avec une telle configuration, la profondeur et la sévérité des obstacles rencontrés sur la route n’ont pas d’importance. Le 4Runner les affronte tous avec un aplomb et une confiance inébranlable.
La tenue de route et l’agilité demeurent acceptables, tant et aussi longtemps qu’on ne pousse pas la machine. J’ai même été surpris de la direction hydraulique (!), qui livre une bonne performance malgré sa grande démultiplication.
Bien que le moteur ne manque pas de jus, son inertie et sa sonorité nous rappelle qu’il a été conçu il y a longtemps. La transmission automatique à cinq rapports en fait tout autant et demeure le point le plus navrant de la mécanique, particulièrement en situation de reprise. Elle souffre de léthargie, et quand elle se réveille, elle fait rugir le moteur. Vivement une transmission automatique à huit rapports sous le capot, parce qu’on est rendu là, en 2020.
Sans surprise, le rendement énergétique n’est pas une des forces du 4Runner. Au terme d’une semaine d’essai, la consommation de carburant s’est soldée par une moyenne de 16,3 litres/100 km. Un camion pleine grandeur ferait mieux dans des conditions similaires… c’est tout dire!
Grâce à ces nombreux systèmes, comme le rouage 4x4, la marche lente et le sélecteur multiterrain, les virées en hors route deviennent un jeu d’enfant. C’est réellement là qu’il brille, à défaut d’être à son meilleur sur la route.
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Il y a quelque chose d’attirant, de séduisant dans le fait que le 4Runner n’en ait qu’à faire de l’époque dans laquelle il se trouve et de l’évolution de ses comparses. Il roule sa bosse sans tambours ni trompette, brandissant haut et fort ses capacités, sa fiabilité, sa durabilité et sa valeur de revente démentielle.
Il fait preuve d’une authenticité rarement vue dans le domaine automobile, une caractéristique qu’il faut saluer bien bas.
Si vous avez l’intention d’aller jouer en hors-route, le 4Runner demeure un bon choix pour les caractéristiques nommées plus haut.
Autrement, il n’est plus compétitif. Pour le même montant, vous pouvez avoir un VUS intermédiaire, conçu sur une plateforme de voiture, beaucoup plus compétent globalement et beaucoup plus équipé.
Il vous manquera toutefois l’attitude d’explorateur que seul le 4Runner peut offrir!