Les constructeurs automobiles ne savent plus quoi faire pour séduire les consommateurs, afin qu’ils choisissent leurs berlines intermédiaires. Les Américains ont quitté le navire, seuls les Japonais persistent. Les ventes du segment plantent depuis des années, mais la Legacy reste stable. Il doit y avoir une raison. Peut-être grâce à son rouage, certainement pas pour ses lignes flamboyantes.
Si l’on fait exception de quelques modèles dans l’histoire comme les Brat, SVX et Baja, Subaru ne s’est jamais réellement distingué en matière de dessin automobile. Avec la Legacy 2020, on poursuit la ligne des deux générations précédentes. La berline est toute nouvelle, mais ne me semble être qu’un léger rafraîchissement par rapport à sa devancière. Comme je le dis souvent, d’après moi, le département de design chez Subaru est une boîte de suggestions à la sortie de la salle de pause des ingénieurs. Générique, certes, mais efficace dans le temps. Cette Legacy vieillira lentement. Bon point pour les propriétaires, car cela permet une rétention de la valeur à moyen et long terme. Comme les trois dernières Legacy se ressemblent, aucune d’entre elles ne prend de l’âge plus vite que les autres.
Ce septième opus de la Legacy arrive avec une gamme assez élargie, mais avec peu de différences esthétiques majeures d’une mouture à l’autre. Seul le modèle Commodité n’offre pas de projecteurs antibrouillards et de jantes en aluminium avec ses enjoliveurs de roue de 17 pouces. Avec le Tourisme, on passe à l’aluminium. Les Limited et Premier reçoivent les mêmes roues, mais de 18 pouces. Autre distinction, l’accent de chrome au pare-chocs réservé au Limited et Premier. Pour ce dernier, on ajoute des poignées de porte chromées et des coffrets de rétroviseur gris satiné. Pour le reste, ils sont tous identiques.
Subaru y va d’une très grande prudence quant à l’allure de la Legacy, il reste campé sur ses acquis. C’est étonnant considérant que la concurrence offre des berlines plus élancées que jamais avec des styles ravageurs. Il suffit de penser aux Nissan Altima, Honda Accord ou encore à la nouvelle Hyundai Sonata pour saisir la portée de mes propos. Ce n’est certainement pas dans ce département que la Legacy se manifeste comme une « influenceuse » de tendance.
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Depuis l’arrivée des Impreza en 2017, Subaru a fait une petite révolution dans le dessin de ses présentations intérieures et elle s’est confirmée avec les Ascent, Forester et maintenant les Legacy/Outback. J’aime vraiment cette nouvelle approche plus haut de gamme avec une multiplication des surfaces et des textures. Le cuir recouvre d’ailleurs presque intégralement la planche de bord et des surpiqûres de couleur contrastante rehaussent le tout. La finition générale est sans reproche bien que j’ai entendu des craquements à la base du pare-brise. L’instrumentation demeure très simple avec ses deux cadrans et l’ordinateur de bord très complet et facile à manipuler. Le volant sert de plate-forme à une collection de commandes. Il y en a tellement que l’on doit apprivoiser le tout, mais comme il s’agit d’un volant connu depuis des années, les habitués de la marque s’y retrouveront avec aisance.
Le clou du spectacle de cette nouvelle Legacy est sans contredit l’intégration de son nouvel écran multimédia de 11,6 pouces. Oui, il ressemble à s’y méprendre à celui de Volvo, mais sa configuration diffère passablement. Encore une fois, on retrouve plusieurs commodités dans la version Limited, il ne manque rien. Le système est parfois lent, particulièrement au démarrage, mais on s’y fait. Le design graphique mérite de faire école tant la lecture se montre sans reproche. Les audiophiles seront contents d’apprendre que l’on intègre un système audio Harman Kardon à 12 haut-parleurs totalisant 576 watts dans les déclinaisons Limited et Premier.
Subaru ne fait pas de concession lorsqu’il est question de visibilité. La hauteur du pavillon et les minces piliers offrent une vue sans entrave, une caractéristique fortement appréciable. Les sièges sont aussi dignes de mention. Les supports lombaires et latéraux du dossier cintrent bien avec de bons appuis. L’assise est courte, mais on peut l’ajuster en longueur, un bel apport au confort général pour le conducteur. À l’arrière, les dégagements sont dans la bonne moyenne du segment. Ce n’est pas aussi spacieux qu’une Volkswagen Passat, mais on y trouve notre compte. Le volume du coffre plafonne à 428 litres. Je dois faire la comparaison avec la concurrence pour le situer : Nissan Altima (436 litres), Honda Accord (473 litres), Hyundai Sonata (453 litres), Toyota Camry (427 litres) et finalement la Volkswagen Passat (450 litres).
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Subaru a procédé à un important rafraîchissement de ses motorisations dans l’ensemble de la gamme et naturellement, la Legacy y passe aussi. Deux choix sont livrables. Le plus puissant, le même 2,4 litres turbo que l’on a découvert dans l’Ascent. Le second, à l’essai, une évolution du quatre cylindres à plat de 2,5 litres. La cavalerie atteint 182 chevaux et un couple de 176 lb-pi. C’est un gain minimaliste par rapport à l’ancien 2,5 litres. Dans les deux cas, une seule transmission s’invite, une CVT. Fort heureusement, Subaru maîtrise très bien cette technologie. Le mariage se montre harmonieux. Personnellement, j’ai trouvé que la puissance est un peu juste en accélération ou en reprise. Pour un usage au quotidien, on n’y voit que du feu. C’est lorsque l’on veut s’amuser que l’on découvre la limite. Ma moyenne de consommation a plafonné à 9,3 litres/100 km. Considérant le rouage, la température, les pneus et le fait que je me suis allègrement amusé derrière le volant, c’est décent. La fondation de la Legacy se présente comme un exemple avec une nouvelle plate-forme tous azimuts pour le constructeur. De manière générale, on perçoit son efficacité, mais je dois souligner que mon modèle à l’essai n’était pas exempt de craquements.
Je saisis le défi d’intégration dû au rouage symétrique, mais sur un plan éditorialiste, il y a une chose que je ne comprends pas et que j’accepte de moins en moins : l’absence d’une offre hybridée. Je ne demande pas un PHEV ou 100 % électrique, mais je m’explique mal qu’un constructeur puisse présenter une nouvelle voiture pour 2020 sans même que l’on voit un effort quant à l’électrification, même partielle. ALLO, on est en 2020! Subaru n’a qu’à passer un coup de téléphone à Toyota, la référence en la matière, afin d’avoir accès à la technologie. Dois-je rappeler à la direction de Subaru que Toyota possède une part non négligeable d’actions dans l’entreprise? Ça serait bien que le partage aille plus loin que les poignées de porte et le klaxon. J’ose espérer que quelque chose se prépare, plus tôt que tard SVP.
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Pour réellement apprécier la conduite d’un produit Subaru, rien de mieux que l’hiver et une belle grosse bordée de neige folle! Toute la magie passe par le rouage intégral symétrique. En gros, cela signifie que les quatre roues tournent toujours à l’unisson. Le mordant m’impressionne chaque fois. Pour augmenter les sensations, il suffit de désengager le système de stabilité et là, des heures de plaisir s’offrent à vous. Sérieusement, la qualité du rouage se compare facilement à celle des marques de prestige comme quattro, xDrive ou encore 4Matic du côté des bagnoles allemandes. Sans dire que c’est un tank, il n’y a pas vraiment d’épreuve sur la route que la Legacy ne puisse affronter. Le sentiment de sécurité qui en émane est réel. Je ne vous encourage pas à la délinquance et la témérité, mais la Legacy est mieux ficelée que les autres voitures de la catégorie.
Point très appréciable, la configuration des suspensions. Pour le segment, elles sont dans les plus dynamiques. On mélange la fermeté qui permet un bel aplomb en virage tout en conservant un haut niveau de confort. Tout n’est malheureusement pas parfait. La direction par exemple est d’une souplesse déconcertante. Aucune sensation n’en émane. On tourne dans le beurre sans retour de communication de sa part. C’est dommage. En considérant le rouage et les suspensions de cette Subaru, elle pourrait vite devenir un exemple d’agrément. Cette qualité lui échappe uniquement à cause de sa direction.
Subaru se présente comme un chef de file en matière d’intégration d’aides et d’assistances à la conduire grâce au système EyeSight. Les caméras au sommet du pare-brise sont plus subtiles que précédemment. Maintenant, on n’a plus l’impression que quelque chose va nous tomber dessus. L’efficacité de la programmation ne se prête pas au reproche. Bien sûr, on peut ajuster des paramètres pour qu’ils soient plus ou moins permissifs, mais dans tous les cas, leur fonctionnement est sans reproche. J’ai aussi particulièrement aimé les projecteurs directionnels, une caractéristique de sécurité banale, mais agréable la nuit.
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L’impact de la Legacy dans ce qui reste de la catégorie des berlines intermédiaires est réel. Il suffit de regarder la réplique de Nissan avec son Altima maintenant AWD. Encore, Toyota se joint à la partie avec un rouage intégral en option sur la Camry 2020. La Legacy influence le segment à un point tel que même les autos coréennes Sonata et Optima seront offertes à quatre roues motrices.
De manière générale, on aime beaucoup les Subaru, toutefois, considérant qu’il s’agit d’une nouvelle génération, on doit jouer de retenue. Dans son cas, on ne le fait pas par excès de prudence, il y a des précédents qui l’expliquent. Historiquement, la première année d’une nouvelle Legacy n’est pas exempte de petits accrocs. De plus, même si l’on espère que la situation est réglée, il y a eu des problèmes de soudures défaillantes à l’usine de Lafayette en Illinois sur différents modèles en début de production. Finalement, des rappels mécaniques récents touchent le Forester et l’Ascent, deux véhicules qui partagent leurs motorisations avec la Legacy. Conséquemment, on vous recommande d’attendre quelques mois avant de vous lancer dans le banc de neige quand vous conduirez cette berline.