Il fut un temps où le Nissan Pathfinder était un symbole de robustesse et d’aventure. Aujourd’hui, ce véhicule utilitaire se rapproche plus d’une minifourgonnette que d’un camion. Fini la carrosserie montée sur un cadre en acier et la transmission quatre roues motrices à deux vitesses. Place à une conception monocoque, un moteur positionné de manière transversale et une transmission intégrale qui priorise en premier lieu le train avant.
Si les adeptes du modèle sont déçus de voir leur cher Pathfinder se transformer en « mallfinder », Nissan est somme toute satisfait de cette transformation. Depuis la refonte de 2013, plus d’un demi-million de Pathfinder ont trouvé preneur sur notre continent. Même chez nous, au Québec, il figure parmi les « best-seller » malgré le fait qu’il soit entouré de nouveaux concurrents.
Quel est donc son secret? On l’a essayé pour en avoir le cœur net.
Absolument rien ne change pour le Pathfinder en 2020. C’est la bonne vieille recette, toujours alimenté par le même moteur V6 et toujours capable d’accommoder jusqu’à huit passagers.
Notre modèle d’essai était un SL édition Rock Creek (introduite en 2019) qui incorpore un bon nombre de touches esthétiques marquées lui permettant de se distinguer des autres déclinaisons. Le Rock Creek est offert sur les Pathfinder SV (43 628 $) et SL (49 228 $), se positionnant en plein centre de la gamme.
L’ensemble Rock Creek comprend des jantes de 18 pouces exclusives au modèle, des écussons, des poignées de portières, des rétroviseurs et des longerons de toit noircis, une calandre légèrement redessinée, des contours d’ailes en plastique noir, une attache remorque de série, quelques subtiles touches esthétiques dans l’habitacle et jusqu’à sept couleurs de carrosserie uniques, dont le Noir magnétique, le gris poudre métallisé, le pin de minuit, le bleu mer Caspienne et le blanc nacré que vous voyez à l’écran.
Rien ne change au chapitre de la motorisation d’un Rock Creek. La transmission intégrale s’offre toujours de série pour notre marché. Le prix de départ d’un Pathfinder 2020 est de 38 428 $. Il plafonne à 51 428 $ pour une déclinaison Platine. De base, le Pathfinder est donc plus abordable que certains modèles japonais comme un Honda Pilot (43 220 $) et même coréens comme un Kia Telluride (47 005 $).
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J’ai fait l’essai du Pathfinder directement après avoir conduit le Kia Telluride 2020 et il est triste de constater à quel point Nissan traîne de la patte par rapport aux marques coréennes.
Les détails esthétiques qu’ajoute l’édition Rock Creek octroient à l’habitacle du Pathfinder un vent de fraîcheur. On apprécie les coutures rouges sur les sièges, ainsi que la fausse fibre de carbone sur la planche de bord et la console centrale. Cependant, malgré ces ajouts, la cabine du Pathfinder démontre à quel point ce véhicule est issu d’une autre époque.
C’est surtout l’interface multimédia qui ne fait plus le poids contre la concurrence. Le logiciel en soi est vieux, les graphiques sont dépassés et le système s’opère maladroitement, que ce soit par ses commandes tactiles ou physiques. Pires encore sont ses menus complexes et ses fonctions inutilement redondantes. Bref, ce système, bien que compatible avec Android Auto et Apple CarPlay, n’est carrément plus dans le coup.
Au moins, le Pathfinder remplit bien sa vocation de véhicule familial. Il est spacieux, ses sièges sont confortables et l’accès à la troisième banquette s’avère facile grâce à un siège qui s’escamote intelligemment vers l’avant. Une fois assis à l’arrière, les sièges sont confortables, même pour les grandes personnes. Nous avons vu bien pire du côté d’un Telluride ou encore un Highlander.
Idem pour sa capacité de chargement qui se maintient malgré l’arrivée de nouveaux concurrents. Une fois toutes ses rangées de sièges rabattues au plancher, ce gros Nissan peut avaler jusqu’à 2 251 litres. C’est toutefois inférieur aux leaders de la catégorie, soit le Chevrolet Traverse (2,780 litres), le Dodge Durango (2 406 litres), le Kia Telluride (2 463 litres) et le Volkswagen Atlas (2 741 litres).
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Rien ne change au chapitre de la motorisation, ce qui constitue à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour le Pathfinder.
Le fait que son moteur V6 de 3,5 litres n’a pas changé depuis près d’une décennie lui permet d’être éprouvé en matière de fiabilité. À ce chapitre, nous n’avons rien à lui reprocher. Ce six cylindres, qui développe ici 284 chevaux et 259 lb-pi de couple, est carrément increvable et a fait ses preuves à maintes reprises chez d’autres véhicules signés Nissan et Infiniti.
Toutefois, c’est un vieux moteur aucunement raffiné, qui ne présente aucune forme de turbo-compression ni de technologie d’hybridation quelconque. Ainsi, sa consommation d’essence souffre un peu. Durant notre essai, il nous a été impossible de nous tenir sous la barre des 12 L/100 km de moyenne. Certains concurrents hybrides – comme le Toyota Highlander et le Ford Explorer – enregistrent bien en deçà des 10 L/100 km.
Ce moteur est associé à une boîte automatique à variation continue (CVT). La transmission intégrale permet à son conducteur de choisir entre les roues motrices avant, un système intégral à prise constante, ou encore même de « verrouiller » les différentiels électroniquement pour lui permettre de se déprendre d’une situation un peu plus coriace.
Pour ce qui est de la capacité de remorquage, le Pathfinder demeure chef de file de sa catégorie. Tandis que la plupart des véhicules du segment se limitent à 5 000 lb (2 267 kg), ce Nissan peut tracter jusqu’à 6 000 lb (2 721 kg) lorsque convenablement équipé. Seul le Dodge Durango peut tirer plus lourd (6 200 lb / 2 812 kg).
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Le Pathfinder mise en premier lieu sur le confort plutôt que sur la performance. Sa suspension est molle, l’effet de roulis est énorme, sa direction est légère et sans vie, et en général on a l’impression de conduire un VUS beaucoup plus gros qu’il ne l’est en réalité. Un Honda Pilot, un Subaru Ascent ou encore un Ford Explorer sont des VUS vraiment plus sportifs.
En revanche, les amortisseurs molasses et l’habitacle hyper bien insonorisé du Pathfinder font de lui un véhicule bien adapté aux longs trajets, chose que la plupart des familles feront le plus souvent de toute manière. Le moteur V6 n’est pas des plus puissants – on a conduit des véhicules dans cette catégorie qui étaient vraiment plus performants –, mais ses performances ne sont pas décevantes non plus. C’est un bon moteur qui fait amplement bien le travail pour les besoins de la cause.
Le gros problème avec cette mécanique c’est – vous me voyez venir – la boîte CVT. J’ai longtemps exprimé à quel point je déteste ce genre de transmission en raison de son effet élastique et son manque de sportivité, mais nous avouons que certains constructeurs comme Subaru, Honda et même Kia s’en tirent bien.
Hélas, celle de Nissan, surtout dans le Pathfinder, opère maladroitement. C’est ironique, considérant que le constructeur fut l’un des premiers à incorporer une telle technologie dans ses voitures.
Cette boîte ne se marie tout simplement pas bien au moteur V6 qui ne déploie sa puissance qu’à haut régime. Elle hésite avant de réagir, tient souvent les régimes moteurs trop bas lorsqu’on a besoin de puissance et si on a le malheur d’enfoncer le champignon, elle procure une sensation élastique tellement désagréable qu’elle tue toute envie au moteur de performer.
J’imagine qu’elle sert à réduire la consommation d’essence, mais sur ce plan, le Pathfinder est tout de même médiocre.
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On est rendus là : un produit signé Kia est supérieur à presque tous les niveaux à un produit signé Nissan. Voilà à quelle vitesse l’industrie a changé et pourquoi les constructeurs nippons doivent commencer à prendre leurs rivaux sud-coréens au sérieux.
Le Pathfinder est vieux, maladroit dans les courbes et se présente tristement comme une option vieillissante face à des modèles beaucoup plus modernes et sophistiqués.
Alors, pourquoi se vend-il encore si bien? Il est fiable, solide, confortable et spacieux. Il peut tracter une plus grosse charge que presque tous ses concurrents et son prix est alléchant. D’ailleurs, si vous choisissez bien votre déclinaison, vous ferez une très bonne affaire.
Or, un Nissan Pathfinder Rock Creek s’avère une option intéressante, mais sachez qu’il est possible de retrouver les mêmes qualités du côté d’un Honda Pilot ou encore d’un Toyota Highlander, des véhicules nettement plus modernes à prix comparable.
En somme, si Nissan veut survivre dans cette catégorie de véhicule, il est grand temps de passer à un autre appel.