Même si le Countryman n’a plus rien de Mini au sens propre, j’aime que les concepteurs réussissent à maintenir l’ADN de la marque. Tout en rondeur avec ses airs joufflus, le Countryman ne ressemble à rien d’autre. Dans notre monde où tous les constructeurs suivent les conventions de l’aérodynamique, une approche unique en son genre demeure rafraîchissante. Mini va encore plus loin en offrant un vaste programme de personnalisation et d’accessoires. À titre d’exemple, mon Countryman JCW délaissait presque toutes ses décorations au profit d’appliques de couleur noire. Mini ne se gêne pas : 177 $ l’avant et 273 $ l’arrière, simplement pour peindre les habituels cercles de chrome. Avec les accents rouges typiques de JCW, il avait presque l’air méchant.
Chez Mini, ce sont les détails qui attirent notre attention, et dans une certaine mesure, créent notre fascination. Tout y est. La configuration de la calandre, les arches de roues contrastantes, les rétroviseurs à l’épaule, les décorations aux ailes avant : le forfait au complet comme diraient certains. Bien que mon modèle était sage avec son noir intégral, il y a moyen d’être plus original sans ses choix de couleurs. Il venait toutefois avec des jantes de série de 18 pouces dont le style pourrait être un peu plus inspirant considérant qu’il s’agit de la version de performance. Excellente qualité d’assemblage, tout comme la peinture qui, soit dit en passant, était une option à 590 $.
Prendre place à bord d’une Mini, peu importe laquelle, est toujours une expérience déroutante. Il n’y a rien de normal dans les présentations intérieures de cette marque. Premier constat : l’excellente visibilité. Le pare-brise à lui seul vaut le détour avec sa forme enveloppante. On apprécie la hauteur de la fenestration générale qui permet une vision pas trop obstruée. Il n’y a que la lunette arrière qui est plus mince. Pour la position de conduite, je n’ai que de bons commentaires, d’autant plus que les sièges sont confortables, quoiqu’un peu courts pour les personnes de grande taille.
Maintenant, le tableau de bord. Déroutant est encore le premier mot qui me vient en tête. Quelques secondes sont nécessaires pour visualiser le tout et faire un peu de repérage. L’instrumentation, inspirée par des cadrans de moto, est minuscule. On doit se concentrer pour en faire la lecture. Distinctif, mais pas super pratique. Arrive ensuite le gros cercle en plein centre du tableau de bord avec ses lumières décoratives à l’allure douteuse. Il regroupe l’écran de navigation et les commandes du programme multimédia MINI Connected, une copie du système iDrive de BMW mais d’ancienne génération. D’ailleurs, sa gestion passe par une molette entre le levier de transmission et l’accoudoir, une position qui n’est pas optimale. Fait particulier que j’adore : les interrupteurs en bas de la console ont leur charme.
Pour l’espace, le Countryman cadre bien dans le segment des utilitaires sport sous-compacts. Grâce à la rectitude de la ligne de toit, on maintient de bons dégagements pour tous les occupants, mais pas plus de quatre personnes peuvent y être confortables. Les volumes sont aussi dans la moyenne avec un coffre de 450/1 390 litres en fonction de la position du dossier de la banquette arrière. À titre de comparaison, un Mercedes-Benz GLA plafonne à 421/1 235 litres.
Mini ne lésine pas sur les choix de moteurs. Pas moins de quatre configurations mécaniques sont proposées, dont une version hybride enfichable. Le moulin à l’essai était le plus vitaminé du lot – quatre-cylindres turbocompressé de 2,0 litres. Bien qu’il offre une cavalerie de 228 chevaux et un couple de 258 lb-pi, je dois admettre qu’on cherche la puissance. Le Countryman reste assez lourd à 1 657 kg. Les lois de la physique font qu’il est dynamique sans être sportif. La boîte automatique à huit rapports avec son mode manuel permet, en jouant avec les régimes, d’en tirer un peu plus, mais il demeure sage dans son ensemble. La consommation a plafonné à 9,2 litres/100km et se situe donc dans la moyenne supérieure du segment.
Maintenant, l’éléphant dans la pièce : le fameux « check engine ». Durant ma semaine d’essai, il m’est arrivé au moins à trois reprises de prendre le volant et qu’au démarrage, la charmante lumière d’anomalie mécanique s’allume. Démarre, redémarre – rien à faire, elle persiste. En fait, elle annonçait simplement des pertes de puissance à venir, un rouage AWD refusant d’entrer en fonction et une transmission qui s’obstinait à ne pas changer de rapport. Ajoutez l’antipatinage erratique et le système de pression des pneus. Rien de trop grave… je tiens à souligner que mon véhicule d’essai n’avait pas encore 2 000 kilomètres lorsque ces avaries se sont produites. Vive la légendaire fiabilité anglaise! Jouant de prudence, j’ai laissé le Countryman stationné une bonne partie de la semaine, préférant prendre ma voiture personnelle histoire d’être certain de me rendre à destination.
Une Mini est une Mini et c’est sur la route qu’on accepte de lui pardonner bien des défauts. La qualité de la calibration de la direction demeure un point fort. Directe et incisive, on a l’impression que le véhicule est beaucoup plus petit qu’en réalité. Étant le JCW, les suspensions sont fermes, très fermes. Avec son court empattement de 2 670 mm, sur pavés dégradés, on obtient vite un effet « balle de ping-pong » tant les amortisseurs sont rigides. Autre déception : le rendement du système de freinage ne m’a pas paru particulièrement puissant.
Donnez-lui une route sinueuse et vous verrez toutes les qualités dynamiques qui ont fait la réputation de Mini. Il prend les virages avec aplomb et sans broncher le moindrement. Très stable, il nous emporte avec des élans d’enthousiasme dont peu de produits dans le segment sont capables. Franchement une belle expérience de conduite, mais uniquement quand il daigne fonctionner normalement.
Est-ce que Mini m’exaspère? Totalement. Je ne comprends pas qu’une entreprise sous le joug de BMW ne parvienne pas à assembler des produits avec un minimum de fiabilité. Je ne comprends tout simplement pas. Si, mais seulement si le Countryman pouvait faire preuve de fiabilité, ce serait un véhicule enviable et amusant à posséder. Par contre, passer la moitié de son temps chez le concessionnaire n’est pas ce que je qualifie de très enlevant comme expérience.
Je veux terminer cette analyse sur une note optimiste puisque BMW a annoncé que le Countryman JCW aurait droit à une nouvelle mécanique à partir de 2020 : le quatre-cylindres de 2,0 litres du X2 M35i avec une puissance de 306 chevaux. Espérons que le nouveau moteur règlera quelques problèmes de fiabilité et surtout qu’il rendra la conduite plus sportive.