Le Canada est un marché spécial pour Mercedes-Benz, qui a tergiversé avec l’offre de familiales compactes de luxe au cours des deux dernières décennies. La familiale de Classe C est d’abord débarquée en 2003, puis retirée rapidement dès 2005, plusieurs années avant que Mercedes-Benz annonce son retour en 2016, en version diesel, au Salon de l’auto de Montréal.
Contrôle des émissions polluantes oblige, cette C300d a été mise au rancart avant même d’arriver sur le marché. Déçus ont été les passionnés – moi y compris – qui n’avait d’yeux que pour ce format et cette motorisation, mais ils ont pu se consoler avec la familiale C300 à essence qui s’est finalement immiscé sur le marché en 2017, en exclusivité nord-américaine.
Mais coup de théâtre pour 2019 : la Mercedes-AMG C43 familiale – avec son puissant V6 – allait trouver son chemin jusqu’au Canada, étant du même coup la première familiale compacte de performance à débarquer chez nous. De grands souliers à chausser, n'est-ce pas? Voyons-voir si elle les porte bien!
Le style familial, on aime ou on n’aime pas. Et à voir la distribution rarissime des familiales, c’est à croire que la majorité des gens n’aiment pas réellement ça…
Mais qu’à cela ne tienne, la Mercedes-Benz C43 est – à mon sens – absolument réussie sur toute la ligne. En fait, elle corrige les éléments stylistiques que j’estime moins bien exécutés sur la berline, en l’occurrence la partie arrière. Celle-ci, à l’image de toutes les Mercedes-Benz familiales depuis belle lurette, arbore une ceinture de fenestration qui descend légèrement vers l’arrière, donnant du tonus à cette excroissance qui lui vaut le titre de familiale. Ce toit long, bordé de part et d’autre par des longerons satinés, se conjugue d’ailleurs bien avec le long capot, une caractéristique typique de la Classe C.
Que dire en plus de ces roues optionnelles de 19 pouces comprises dans l’ensemble Conducteur AMG dont la simplicité du style n’a d’égal que la sportivité qu’elles dégagent. La suspension abaissée de la version AMG en comparaison avec la C300 ne fait que les mettre en valeur, pour un coup de cœur assuré.
Tout ça m’amène à penser que la Classe C, dans sa forme actuelle, a été dévoilée pour la première fois en 2014. Malgré que cinq printemps soient passés depuis ce temps, la C n’a pas pris une seule ride. Voilà un des effets secondaires du classique design allemand.
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De prime abord, la configuration du tableau de bord exerce son charme avec sa console coulante partant des bouches de ventilation et s’étirant jusqu’à l’accoudoir. Le corps se réjouis de ces sièges de performance qui offrent un support convenable pour le dos, quoique les renflements latéraux ne se gênent pas pour complexifier l’accès à bord. Leur confort est cependant très bien adapté à toute circonstance, que la conduite soit détendue ou sportive.
C’est toutefois après avoir conduit les plus récents modèles de la marque qu’on se rend compte que l’aspect numérique de la Classe C mériterait un peu d’attention. D’abord, l’instrumentation mi-analogique, mi-numérique fait pâle figure à côté de celle d’une simple Classe A 2019, même si elle demeure efficace. Une instrumentation entièrement numérique est disponible, mais il faut débourser 1 900 $ pour en bénéficier.
Même son de cloche avec l’écran multimédia dont le système d’exploitation n’est plus à la page quand on le compare avec le fameux – et désormais réputé – système MBUX. Au prix demandé pour la voiture, on continue de l’espérer.
Je serais néanmoins mal venu de pester contre l’espace pour les passagers arrière ou les bagages. À ce chapitre, la Classe C familiale fait honneur à sa configuration, rendant même jaloux certains prétendus VUS qui ne peuvent se targuer d’offrir autant d’espace. Les passagers arrière sont gâtés, de surcroit, par cet imposant toit ouvrant qui leur offre une vue splendide et une lumière bienvenue.
Toutefois, un irritant demeure. Comme pratiquement toutes les Mercedes-Benz, la Classe C familiale est aux prises avec des craquements de provenances variées – tableau de bord, toit ouvrant, portières –, une situation invraisemblable pour une voiture de ce prix, de cette réputation et de cette origine.
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Le 4-cylindres 2,0 litres de la C300 laisse ici toute la place au V6 de 3,0 litres à double turbocompresseur qui produit la charmante somme de (tenez-vous bien) 385 chevaux et 384 lb-pi de couple. Il a été retravaillé en 2019 pour offrir plus de puissance et un couple identique, disponible à un régime moteur un peu plus élevé.
Cette écurie est jumelée à une transmission automatique à neuf rapports et au rouage intégral 4MATIC, dont 61 % de la puissance est acheminée à l’arrière pour maximiser la tenue de route.
La suspension est à bras multiples aux quatre roues, munie d’amortisseurs à fermeté réglable en fonction des modes de conduite. Les freins de la C43 sont également plus grands que ceux de la C300, histoire de contenir ce surplus de puissance.
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Et c’est là que la Mercedes-AMG C43 familiale brille de tous ses feux. Oui, bien sûr, le somptueux V6 doublement turbocompressé ne s’essouffle jamais, livrant sa cavalerie d’une manière linéaire jusqu’à la zone rouge. Il est d’ailleurs bien appuyé par la très compétente et douce transmission automatique à neuf rapports, qui use pratiquement de télépathie tellement elle est collée à ce qu’on espère d’elle. On ne s’attend pas à moins d’une mécanique allemande d’une telle qualité – et d’un tel prix – et le constructeur l’a bien compris.
Mais ce qui m’a surtout impressionné, ce sont les différentes personnalités qu’elle peut adopter en fonction des modes de conduite. Par exemple, la sélection du mode Sport+ rend la mécanique carrément brutale, raffermissant du même coup la suspension et la direction. À l’opposé, le mode confort adoucit tous les paramètres, transformant la C en bête de longue route, donnant le meilleur de deux mondes qui sont typiquement difficiles à marier.
La rapidité et la précision de la direction devrait être citées en exemple, ce qui n’est malheureusement pas le cas de l’assistance à la direction, qui est trop grande. Même chose pour la pédale de freinage qui surprend initialement par sa mollesse, à laquelle on finit par s’habituer avec le temps. Autrement, la puissance de freinage est remarquable.
Une dernière déception: le chant un peu quétaine qui émane des pots d’échappement. On n’est malheureusement pas près du son d’une BMW ou d’une Jaguar.
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Malgré quelques petits aspects décevants, cette Classe C gagne des points puisqu’elle est pratique, ce qui ne sacrifie pas sa performance. Un genre de véhicule multifonction malheureusement trop rare, mais qui fait plus de sens que n’importe quel VUS aux prétentions sportives.
Si jamais vous avez en tête un BMW X3 M40i, un Mercedes-AMG GLC 43 ou un Audi SQ5 et que la capacité de remorquage n’est pas une de vos priorités, allez faire l’essai de cette C43. Presque tous les avantages d’un VUS avec tous les avantages d’une voiture conventionnelle : quoi demander de plus?
Une seule chose : un prix plus bas…!