Mazda ne fait jamais les choses comme les autres. Par exemple, pour favoriser l’économie de carburant, la majorité des constructeurs mettent sur le marché un petit moteur quatre cylindres turbocompressé. De son côté, pour atteindre le même résultat, Mazda ajoute la désactivation des cylindres sur son quatre-cylindres 2,5 litres atmosphérique déjà bien connu.
Cette même théorie de la différence a dicté le développement du Mazda CX-9 de seconde génération, arrivé sur le marché en 2016. Le VUS a même pavé la voie pour certains concurrents qui ont adopté une approche mécanique similaire avec le temps, nommément le Ford Explorer et le Subaru Ascent.
Il est maintenant temps de voir comment le CX-9 se comporte trois ans après son lancement. Au terme de cet essai hivernal, j’ai constaté qu’il dispose d’excellentes qualités. Je parie cependant qu’elles ne sont pas celles auxquelles vous vous attendiez.
Aucun autre VUS dans cette catégorie ne ressemble au Mazda CX-9. Son approche stylistique vise à le positionner comme un véhicule luxueux plutôt que baroudeur.
Remarquez d’abord la gigantesque calandre à l’avant, qui ne peut démentir le lien avec les autres véhicules de la marque. Cette calandre est accentuée par le très long museau, une caractéristique qui, semble-t-il, augmente la perception de noblesse. Sur le capot prend racine la ligne de carrosserie qui se propage au profil. Elle termine sa course dans les feux arrière relativement petits, qui prennent place sur une partie arrière tronquée. Les superbes jantes de 20 pouces enjolivent le tout, tout comme l’absence de longerons de toit en équipement de série.
Tous ces éléments donnent un résultat final fort joli. Il ne manque que la superbe couleur Rouge Cristal Métallisé pour compléter l’ensemble; malheureusement, elle n’est pas disponible sur la version Signature à l’essai.
L’impression de luxe se poursuit à l’intérieur avec ce tableau de bord très bas qui mélange les matériaux avec brio. C’est particulièrement le cas avec cette version Signature, notamment en raison de ses sièges garnis de cuir Nappa brun-roux et de son tableau de bord orné de boiseries véritables.
Une fois remis de nos émotions, on se rend toutefois compte que certains compromis ont été faits au nom du style. Prenons par exemple la console centrale qui, malgré qu’elle soit de toute beauté, a le désavantage de ne proposer que peu d’espaces de rangement. Même impression de restriction pour la visibilité, amputée en raison de la forme de la surface vitrée sur les côtés et vers l’arrière. Notons aussi l’absence de toit ouvrant panoramique, une caractéristique plutôt rare pour un véhicule de ce prix.
Heureusement que le confort est excellent, en partie grâce aux sièges, mais également grâce à l’insonorisation de l’habitacle qui fait belle figure parmi les concurrents. L’ergonomie générale demande une certaine période d’adaptation, notamment avec cette molette servant au système d’info-divertissement. Les commandes de climatisation sont positionnées assez bas dans la console, ce qui complexifie leur manipulation. Au moins, l’instrumentation à moitié numérique est fonctionnelle, tout comme les commandes au volant et l’affichage tête haute.
Même si le long capot donne un look appréciable, il faut tout de même admettre que ça a un impact négatif sur l’espace intérieur. L’effet n’est pas trop marqué à la seconde rangée, qui propose un bon confort et un bon espace, mais on ne peut en dire autant de la banquette de troisième rangée. Premièrement, s’y rendre demande un certain temps puisqu’il faut d’abord élucider la façon de replier la seconde rangée. Une fois cette étape effectuée, des compétences de contorsionniste sont nécessaires pour atteindre la dernière rangée et s’asseoir, sur l’assise basse et exigüe. Ce n’est pas optimal, vous en conviendrez.
Alors que presque toute la concurrence proposait uniquement un moteur V6, Mazda a cru bon de mettre sous le capot du CX-9, dès 2016, un tout nouveau moteur quatre cylindres turbocompressé de 2,5 litres. Celui-ci offre 227 chevaux à 5 000 tr/min avec essence à indice d’octane 87 – 250 ch avec essence 93 –, et 310 lb-pi de couple à seulement 2 000 tr/min. Le chiffre de puissance peut décevoir à première vue, mais théoriquement, le couple élevé devrait aider à mouvoir ce pachyderme.
Cet engin est jumelé à une boîte bien connue chez Mazda depuis longtemps. Il s’agit d’une automatique conventionnelle à (seulement) six rapports. Même si la majorité de sa concurrence est rendue ailleurs, Mazda persiste.
Deux rouages sont proposés : d’entrée de jeu, la version de base GS dispose de la traction, alors que les versions GS-L, GT et Signature sont équipées d’office de la traction intégrale. La suspension avant est à jambe de force MacPherson alors que la suspension arrière est à multibras, une configuration assez classique dans le segment.
C’est là que le Mazda CX-9 prend tout son sens.
Même si le petit moteur est bruyant à froid, il sait se faire pardonner par son comportement en conduite quotidienne. En effet, son couple élevé à bas régime permet d’offrir d’excellentes performances pour la circulation urbaine et la conduite sur autoroute, étant toujours disponible pour accélérer. Compte tenu du fait qu’il n’aime pas les hauts régimes, la boîte automatique à six rapports avec laquelle il est jumelé se charge de le garder dans la meilleure plage. Même si elle est rapide et douce, il serait temps que Mazda arrive en ville avec une transmission automatique avec un minimum de huit rapports.
Ce n’est toutefois pas au chapitre de la mécanique que le CX-9 brille le plus. Comme Mazda ne fait jamais rien comme les autres, elle a équipé ce VUS d’une suspension relativement ferme qui contrôle bien les oscillations de la caisse. Une direction précise à l’assistance bien dosée l’accompagne, une qualité assez rare dans ce segment.
Le dynamisme procuré par tous ces éléments combinés n’a pas d’égal dans la catégorie. Même si le poids et la dimension du CX-9 se font sentir, il n’en demeure pas moins que l’agrément de conduite peut être au rendez-vous. La consommation moyenne enregistrée a de quoi impressionner aussi avec 11 litres/100 km en conduite hivernale. Pas mal!
Parlant de conduite hivernale, je me dois de rapporter un bémol sur la réactivité de la traction intégrale i-Activ. Même si elle fait le travail, on sent clairement un léger délai d’action. Dommage.
En somme, comment peut-on qualifier le Mazda CX-9? La meilleure façon de le formuler est qu’il s’agit d’un VUS à sept places, axé sur le luxe, pour ceux qui n’ont pas besoin de sept places et qui ne veulent pas se ruiner tant à l’achat que pour l’entretien de leur bagnole.
Le CX-9 demande certains compromis qui le distinguent et qui réitèrent certainement sa pertinence dans cette catégorie, où chacun veut sa part du gâteau. Pas le plus logeable, pas le plus pratique, mais clairement un des plus agréables!