Fraîchement débarqué l’an passé, le Lincoln Corsair s’est donné la mission de faire mieux que l’ancien MKC chez les VUS compacts de luxe. Ce dernier n’a jamais réellement réussi à s’imposer et a tiré sa révérence en 2019. Est-ce que le Lincoln Corsair a ce qu’il faut pour se battre dans un segment bien établi et face à des modèles comme le BMX X3, l’Audi Q5 ou le Mercedes-Benz GLC ?
Lincoln tente depuis des années de rafraîchir son image, et ce n’est pas chose facile. L’important dans une telle opération ce sont les produits, et les plus récents véhicules de la marque de luxe de Ford se sont révélés beaucoup plus aptes à remplir cette difficile mission, notamment dans le cas de l’Aviator. Le Lincoln Corsair 2021 s’inscrit dans cette nouvelle direction et propose une offre intéressante du côté des VUS compacts de luxe.
Si vous vous intéressez au Lincoln Corsair, les choix sont assez simples. Il est vendu à un prix de base similaire à celui de ses principaux concurrents, soit 45 200 $, une légère hausse par rapport l’an dernier. Il n’est proposé qu’en deux versions, De Série et Ultra (nommée Reserve en anglais). Même si j’ai mis à l’essai la plus cossue des deux, le modèle de base demeure intéressant avec son équipement assez complet et une motorisation appropriée. Contrairement aux véhicules allemands, tous les équipements intéressants ne sont pas offerts en option, c’est souvent ce qui repousse les acheteurs du trio germanique.
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Son style est réussi. Sans être très audacieux, il se démarque suffisamment du lot. On perçoit rapidement ses gènes familiaux, on dirait un mini-Aviator. Mon véhicule d’essai, de couleur blanc Pristine, disposait des jantes de 20 pouces noires offertes en option et d’un immense toit panoramique, également noir ; le contraste avec la carrosserie lui conférait une très belle touche de sportivité et de dynamisme. C’est ce que les acheteurs recherchent, Cadillac l’a constaté avec ses versions Sport.
L’habitacle est aussi fortement inspiré de l’Aviator, c’est chic et de bon goût. L’effet de luxe est immédiatement perceptible, c’est ce à quoi l’on s’attend d’un VUS du genre. L’instrumentation entièrement numérique se personnalise en fonction du mode de conduite sélectionné. J’ai trouvé l’affichage trop simpliste avec les modes réguliers et un seul indicateur de vitesse qui ne présente aucun chiffre sauf votre vitesse au bout de l’aiguille. Je préférais de loin la présence de l’indicateur de vitesse et du compte-tours plus classique que me procurait le mode Sport, baptisé « Exalter » par Lincoln.
Si vous voulez vous amuser, demandez à un ami de prendre place à bord et de mettre le véhicule en marche arrière. Il lui faudra certainement plusieurs minutes de recherche. La raison est simple, les commandes d’embrayage du type piano sont placées à un endroit assez inusité, sous les buses de ventilation, juste au-dessus du bloc de commande du climatiseur et du système d’infodivertissement.
L’écran tactile est très compact, 8 pouces seulement. C’est loin de la tendance des immenses écrans qu’on retrouve dans bien des véhicules de luxe. Il est placé à plat au centre de la console principale ; ce n’est pas l’intégration la mieux réussie, mais, au moins, le système SYNC 3 demeure très fonctionnel et simple à apprivoiser surtout quand vous utilisez CarPlay ou Android Auto.
En termes de dimensions, le Corsair est plus compact que l’Acura RDX et plusieurs de ses principaux concurrents, surtout en longueur. On est donc un peu plus à l’étroit à l’arrière, mais il est possible de glisser la banquette arrière ce qui permet de récupérer un peu plus d’espace pour les jambes en cas de besoin.
De série, les deux versions du Lincoln Corsair sont équipées d’un moteur 4 cylindres de 2,0 litres turbocompressé développant une puissance de 250 chevaux et produisant un couple de 280 livres-pieds. La version la plus cossue peut recevoir, en option, une mécanique un peu plus puissante, un autre 4-cylindres turbocompressé mais, cette fois, de 2,3 litres. Sa puissance se chiffre à 295 chevaux, et son couple, de 310 livres-pieds.
Peu importe le moteur, le Corsair reçoit une boîte de vitesses automatique à 8 rapports ; l’autre bonne nouvelle, c’est que le rouage intégral est de série.
Une fois au volant, la visibilité est assez bonne tout autour, un peu moins vers l’arrière, notamment en raison d’une ceinture de caisse qui remonte. Il faut se rabattre sur la caméra de recul en manœuvre de stationnement. J’ai rapidement pu régler le volant pour être à l’aise ; il offre aussi une bonne prise en main, ce qui rehausse la sensation de contrôle.
Les sièges procurent un bon confort, mais ils manquent de maintien latéral. Avec mon petit gabarit, je glissais de gauche à droite plutôt que de rester bien ancré. Qui plus est, l’appuie-tête est aussi très avancé, ce qui est agaçant. En bout ligne, je n’avais pas l’impression de faire corps avec le véhicule comme c’est le cas avec beaucoup de ses concurrents.
Ce que le Corsair n’offre pas en dynamisme, il le reprend en confort et en silence de roulement. Les bruits extérieurs sont très bien filtrés, et la suspension adaptative, offerte en option, s’occupe d’amortir efficacement les bosses. Malgré tout, j’ai préféré utiliser le mode Excite tout au long de mon essai afin d’avoir un degré de conduite plus engageant.
Le moteur de 2,0 litres procure un bon niveau de performance, son couple arrive rapidement et sans délai. Sa sonorité est très mesurée, même dans le mode le plus dynamique. Ne cherchez pas une sonorité à la Mustang. La boîte de vitesses est aussi efficace, elle exploite bien la puissance du moteur sans être hésitante. Le système d’arrêt-démarrage automatique fait aussi du bon travail, il est totalement transparent. Rares sont ces systèmes qui ne m’énervent pas après quelques arrêts.
J’ai bouclé mon essai hivernal avec une consommation moyenne de 10,6 litres/100 kilomètres ; c’est dans les chiffres annoncés, mais ce n’est pas un exemple de frugalité.
Mon modèle d’essai avec tous ses équipements se détaillait à plus de 66 000 $, c’est beaucoup d’argent pour ce véhicule, mais ce n’est pas nécessaire d’en arriver là. La version de base demeure très intéressante et propose un prix plus concurrentiel.
Dans les faits, le Lincoln Corsair 2021 fait bien, mais il ne révolutionne rien. Sa concurrence se situe beaucoup plus du côté de l’Acura RDX, du Cadillac XT4 et du Lexus NX. Une version hybride rechargeable, qui utilise la technologie du Ford Escape PHEV, se pointera au cours de l’été, elle pourrait bien apporter un argument choc pour le Corsair.
À sa deuxième année de commercialisation, le Lincoln Corsair ne s’est pas révélé problématique ; nous pouvons donc vous le recommander, mais attention de ne pas succomber aux options.