La Lexus IS est une berline sportive de luxe méconnue, une voiture qui n’obtient pas le succès qu’elle mérite, et ce, depuis son introduction en 2001. Je me souviens avoir rapidement succombé à l’époque à son style réussi, à son instrumentation du type chronographe et à sa boîte de vitesses manuelle exquise. Pour 2021, elle profite d’une légère refonte, rien de majeur, quelques retouches uniquement. J’ai eu la chance de mettre à l’essai la nouvelle Lexus IS 2021 sur quelques centaines de kilomètres.
La Lexus IS a la difficile tâche de rivaliser avec des modèles comme la BMW de Série 3, l’Audi A4 et la Mercedes-Benz de Classe C. Malgré le travail acharné des ingénieurs et des passionnés de Lexus, la voiture n’a toujours pas tout le dynamisme en conduite de ces trois ténors, et, surtout, le prestige de son logo n’égale toujours pas celui des allemandes. Dans ce segment, c’est souvent un critère très important pour les acheteurs. Qu’à cela ne tienne, la Lexus IS propose aussi des arguments intéressants : son principal, une fiabilité remarquable et une expérience de possession rarement négative.
Dans sa troisième génération depuis 2016, l’IS profite donc d’un peu de nouveau cette année. D’abord, la voiture est élargie, sa posture est plus basse et plus large, un changement qui, non seulement affecte le design, mais permet surtout d’accommoder l’ajout de jantes de 19 pouces dans les choix, notamment des roues BBS noires conçues précisément pour l’IS.
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L’arrière profite également de quelques modifications ; une nouvelle bande lumineuse joint les feux et lui confère une distinction supérieure, l’effet est très réussi. L’avant se distingue toujours par son immense grille en forme de sablier, les phares à DEL sont maintenant un peu plus minces. Par contre, le toit ouvrant, qui semble dater des années 80, m’a un peu déçu ; il est tout petit par comparaison avec les panneaux vitrés qu’on retrouve maintenant du côté de la concurrence.
L’un des points forts de la Lexus IS 2021, c’est la qualité de sa finition et le souci du détail. Rien à signaler de ce côté, c’est du solide. Toutefois, la présentation ne fait pas très technologique, rien de comparable avec Mercedes-Benz et sa nouvelle interface MBUX. C’est surtout dans l’habitacle que le retard de cette génération est le plus apparent, surtout avec une panoplie de commandes classiques alors que la tendance est à l’extrême sobriété. L’instrumentation est très sommaire, un seul cercle qui regroupe un peu tout, comme dans le cas d’une voiture de course. Ce n’est pas très haut de gamme, mais ça demeure fonctionnel, et j’ai apprécié les changements de couleur selon le mode de conduite et la révolution moteur.
À l’arrière, les passagers profitent de sièges tout aussi confortables qu’à l’avant. Le dégagement à la tête sera un peu juste si vous êtes de grande taille, c’est surtout l’espace pour les jambes qui est plus réduit, un reproche que les ingénieurs n’ont pas réussi à éliminer avec cette refonte.
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La voiture profite du nouveau système d’infodivertissement Lexus Enform qui comprend un nouvel écran tactile. Enfin, Lexus semble avoir compris que c’est ce que les gens recherchent. Encore plus intéressant, il est pour la première fois compatible avec Apple CarPlay, Android Auto et, même, Amazon Alexa, un autre combat que le constructeur semble avoir abandonné. Ce que j’apprécie également de la Lexus IS, c’est son excellente chaîne audio Mark Levinson ambiophonique à 17 haut-parleurs livrable en option ; elle fait partie de mes préférées dans l’industrie, et votre musique préférée devient soudainement très différente à écouter.
Le pavé tactile est toujours présent pour ceux qui s’y intéressent ; il a été relocalisé derrière le sélecteur de vitesses alors que le sélecteur de mode de conduite prend sa place au bout de l’accoudoir.
Pour ce qui est de la motorisation, c’est le statu quo ; et ce n’est pas facile de s’y retrouver, car Lexus a adopté, il y a quelque temps, des appellations qui ne reflètent plus du tout la cylindrée du véhicule. La plus abordable, c’est la Lexus IS 300 à propulsion (42 950 $) ; elle hérite sous le capot d’un moteur à 4 cylindres turbocompressé de 2,0 litres qui développe une puissance de 241 chevaux et produit un couple de 258 livres-pieds. La boîte de vitesses est une automatique à 8 rapports.
Pour profiter d’un rouage intégral, il faut opter pour l’IS 300 AWD (43 400 $) qui troque le 4-cylindres pour un V6 de 3,5 litres développant une puissance de 260 chevaux et produit un couple de 236 livres-pieds. On perd cependant la boîte de vitesses à 8 rapports au profit d’une automatique à 6 rapports, certainement l’élément le moins intéressant de l’IS, j’y reviendrai.
Au sommet de la gamme, la Lexus IS 350 F Sport (53 300 $) dispose du même moteur V6 de 3,5 litres, mais cette fois, il développe 311 chevaux et produit un couple de 280 livres-pieds. Le gain de puissance provient principalement de réglages différents et de la présence d’un échappement moins restrictif. Malheureusement, Lexus a abandonné l’IS F il y a quelques années, réservant le moteur V8 de 5,0 litres de 472 chevaux à la RC, l’IS mais en version coupé. Je m’interroge toujours sur le bien-fondé de cette décision, surtout que les dirigeants m’ont confirmé que la demande pour une berline F est toujours au rendez-vous.
Mon essai s’est passé au volant de la plus bestiale des IS, la 350 F Sport. Sur le mode Eco, la voiture surprend par son confort de roulement et le silence de son habitacle. Malgré son ADN de sportive, elle demeure civilisée ; ma balade de deux heures et demie n’a pas été punitive.
Malheureusement, il avait neigé lors de mon essai, et la portion de route sensée me permettre de découvrir l’agilité de l’IS était glacée et enneigée. J’ai plutôt exploité le mode Neige, et l’exercice m’aura permis de mettre à l’épreuve le rouage intégral. J’ai rapidement découvert que, pour maximiser les performances, il favorise les roues arrière en envoyant 70 % du couple en temps normal, et le partage 50/50 lorsque nécessaire. L’arrière de la voiture se dérobait donc assez rapidement, comportement typique d’une propulsion, tellement que j’ai remis en doute la version que je conduisais.
Heureusement, une portion de route plus sèche m’a permis de couper le volume de la radio et d’engager le mode Sport+ afin que le bolide s’anime un peu et, surtout, mette un peu de vie dans cet essai. Premier constat, la sonorité à haut régime du V6 est exquise, il hurle comme une Formule 1, un peu comme la LFA, le superbolide de Lexus, le faisait. Subterfuge, cela n’a rien à voir avec le moteur ou l’échappement, c’est plutôt un gadget électronique qui crée la sonorité à travers les haut-parleurs. On est décidément dans un monde artificiel.
La direction est très communicative avec, en prime, un volant sport qui permet une bonne prise en main, un peu comme c’est le cas chez BMW. Il permet de placer la voiture où l’on veut en entrée de virage, et la Lexus IS se conduit du bout des doigts. Son point faible demeure sa boîte de vitesses automatique à 6 rapports qui, même sur le mode manuel, demeure lente à réagir ; à plusieurs reprises, elle n’a pas voulu se plier à ma volonté. C’est sans aucun doute ce qui la pénalise en conduite plus dynamique et qui laisse la Lexus IS en retrait par rapport à ses rivales.
Très jolie, la Lexus IS 2021 a définitivement tout ce qu’il faut pour faire tourner les têtes et elle profite d’une fiabilité implacable. Son habitacle n’a malheureusement pas tout l’attrait et les technologies des dernières nouveautés du segment, mais elle demeure un choix que nous recommandons sans hésiter. Lexus devra toutefois prévoir une refonte plus importante d’ici peu sans quoi la IS pourrait bien ne plus être dans le coup.
Je vous recommande la version IS 300 AWD qui offre un bon équilibre pour le prix et dont la puissance rend un peu mieux justice au modèle par rapport à la version à moteur quatre cylindres.