Si les ventes de berlines de luxe sont en chute libre depuis les dernières années à cause de l’engouement pour les VUS, imaginez la pression exercée sur les coupés à vocation sportive. Il faut être au sommet de son art pour susciter l’intérêt nécessaire à sa survie et dans ce créneau, bien faire ne suffit pas. Malgré leurs charmes, uniquement 460 unités de l’Infiniti Q60 ont trouvé preneur au Canada depuis le début de l’année; une baisse d’un peu plus de 44 % par rapport à l’an passé.
C’est en 2014 qu’Infiniti a revu la nomenclature de ses modèles et que le coupé G37 a été rebaptisé Q60. La génération actuelle est apparue en 2017 et malgré un produit assez intéressant dans l’ensemble, elle arrive difficilement à soutenir la comparaison avec les autres coupés de luxe. Dans ce segment de niche, les acheteurs sont des passionnés et ils accordent beaucoup d’importance au prestige, au niveau de performance et au style. C’est malheureusement ici que des véhicules tels le Lexus RC et l’Infiniti Q60 sont pris de court par rapport à ce que le trio germanique propose.
Malgré qu’ils soient beaucoup moins pratiques que les berlines, j’ai toujours affectionné les coupés sport puisqu’ils vous récompensent avec des lignes plus aguichantes et dynamiques. Se balader à bord d’une sportive à deux portes démontre votre affection pour l’automobile et lorsque les performances sont au rendez-vous, l’expérience est encore plus réussie.
J’ai eu la chance de renouer avec la Q60 dans sa version la plus féroce, la Q60 I-LINE RED SPORT, qui au premier regard a tout pour faire tourner les têtes avec sa posture basse et large, campée sur ses jantes noires de 20 pouces. Un échappement sport double et un petit aileron en fibre de carbone rehaussaient l’apparence de notre véhicule, tout comme ses étriers de frein peints en rouge. Plusieurs personnes rencontrées lors de l’essai sont tombées sous le charme de cette voiture assez méconnue, et avouons-le, c’est ce qu’on recherche avec un coupé sport, surtout en version survitaminée.
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À l’ouverture de la portière, les sièges blanc crème ont aussi fait leur effet, tout comme les garnitures en fibre optique argent, une exclusivité de la Q60S. L’effet de luxe était bien présent, notre modèle d’essai a peu à envier à la concurrence à ce chapitre.
On est ambivalents par rapport au système d’infodivertissement InTouch. Il est composé de deux écrans tactiles superposés; on aime bien pouvoir conserver les informations de navigation dans le haut et accéder à d’autres pages avec l’écran du bas. Toutefois, le système n’est pas au niveau technologique de ceux de la concurrence, surtout qu’il n’est pas compatible avec Apple CarPlay. On tire un peu de l’arrière côté gadget. Le système Bose à 13 haut-parleurs offre une bonne qualité sonore – mais dans le segment, la palme revient à la Lexus RC F et sa chaîne Mark Levinson.
L’angle d’ouverture des portes facilite l’accès aux sièges arrière, mais il faut carrément avancer les sièges avant au maximum. Et avec des occupants sur la banquette, ne pensez pas pouvoir les reculer assez pour être confortable; il faut partager le dégagement aux jambes et on comprend que la Q60 est loin d’être idéale pour la famille. D’ailleurs, lors de ma semaine d’essai, j’ai dû la laisser dans l’entrée à quelques reprises, et ce, même si nous n’étions que quatre. Sorties à l’aréna en famille et coupés sport font rarement bon ménage.
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Pour 2019, Infiniti a revu la nomenclature et a retiré du catalogue le moteur de base quatre cylindres de 2,0 litres. Les trois versions, Luxe, Sport et I-LINE RED SPORT, profitent du même moteur V6 de 3,0 litres biturbo à injection directe qui transmet sa puissance aux quatre roues par l’intermédiaire d’une transmission automatique à sept rapports. Dans le cas des deux premières versions, le moteur développe 300 chevaux et 295 lb-pi, quant à la RED SPORT, sa puissance passe à 400 chevaux pour 350 lb-pi de couple. C’est assez impressionnant, mais pas assez pour être dans le même panier que les autres bolides issus des divisions haute performance de la concurrence, notamment la BMW M4 (425 chevaux), la Audi RS 5 (444 chevaux), la Lexus RC F (467 chevaux) et la reine du segment, la Mercedes-AMG C 63 S Coupé avec ses 503 chevaux.
À l’instar de l’Audi S5, l’Infiniti Q60 I-LINE RED SPORT se situe à mi-chemin dans l’échelle de la performance et son prix de base d’un peu plus de 65 000 $ permet de bien mettre les choses en perspective. Il faut débourser plus de 80 000 $ pour les autres sportives qui sont sans rouage intégral, et c’est sans compter les nombreuses options qu’on se voit forcés de payer pour arriver au niveau de la Q60.
L’ensemble ProACTIVE qui équipait notre véhicule ajoute une direction adaptative modulable en même temps qu’on sélectionne les changements de personnalité de la voiture. La plus puissante des Q60 profite d’un mode supplémentaire, soit le Sport+.
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Bien campé dans le siège du conducteur, on trouve rapidement une bonne position de conduite et le volant sport tombe bien en mains. Les panneaux de porte latéraux sont assez bas, accordant une bonne visibilité tout autour. Certains coupés sport nous donnent l’impression d’étouffer, mais pas celui-là. On aime bien la sonorité du V6 au démarrage, pouvant être accentuée grâce aux modes Sport et Sport+. Devinez quel était notre réglage préféré? Sport+, car c’est à ce niveau que la voiture est la plus emballante. La suspension se raffermit, la direction devient un peu plus précise, et la transmission sort de sa sieste pour bien supporter nos envies.
Étonnement, le six-cylindres réagit promptement à nos demandes, sans véritables délais. On peut doser l’accélération du bout des orteils et la réaction est instantanée. Le moteur fait exactement ce qu’on attend de lui; il propulse le coupé avec autorité sans être court d’haleine, même à plus grande vitesse. C’est surtout lors des reprises que les six cylindres suralimentés sont avantagés par rapport aux plus petites cylindrées.
Malgré les efforts, la direction électrique n’est pas aussi communicative qu’on le souhaiterait, et ce, même en présence de la direction adaptative. Elle demeure un peu floue et demande de constants petits ajustements en conduite plus dynamique.
Rien à dire contre l’insonorisation à part qu’on perçoit très peu les bruits extérieurs à bord! Les ingénieurs ont bien soigné cet aspect.
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Bien équipée, relativement abordable, jolie et performante, l’Infiniti Q60 I-LINE RED SPORT dispose de plusieurs bons arguments par rapport à ses rivales, mais malheureusement pour elle, les acheteurs de coupés sport se contentent rarement d’une voiture qui fait juste « bien ». Elle demeure tout de même la plus intéressante des trois versions, même s’il faut débourser environ 10 000 $ de plus par rapport à la Q60 Sport pour l’obtenir.