Après les berlines, les coupés, les VUS et les fourgonnette, l’heure est maintenant venue pour Hyundai de s’immiscer dans une catégorie jusqu’à présent inexplorée en Amérique du Nord : les pocket rockets – ou si vous préférez, les « fusées de poche ».
Dans le but de préparer le terrain, quelques tentatives ont vu le jour au cours des dernières années, notamment la Veloster à moteur turbo et l’Elantra GT Sport. C’était un départ assez timide, mais comme on dit, il faut bien commencer quelque part.
L’année 2018 marque une deuxième phase pour les voitures compactes de performance avec le lancement de la gamme N. Lors du dévoilement, en voyant la liste des caractéristiques techniques, je me suis dit que Hyundai mettait enfin le paquet.
Rien ne vaut un essai routier en bonne et due forme pour voir si la théorie se concrétise. Est-ce que le traitement N fonctionne réellement? Compte rendu avec l’essai du premier modèle : la Veloster N!
Hyundai a ajouté plusieurs artifices sur la carrosserie pour montrer de quel bois cette sous-compacte se chauffe. Ça commence à l’avant, où la grille au dessin unique et les deux traits orangés sont juste assez dominants pour différencier la N des autres Veloster. Les superbes roues de 19 pouces jouent aussi un rôle important, mais c’est la partie arrière qui vole la vedette. Il y a d’abord cet aileron – presque caricatural – qui accroche l’œil et qui surplombe le bouclier arrière retravaillé. Celui-ci met bien en évidence deux pots d’échappement de grande dimension, pour un effet sportif maximal.
Même si je n’ai jamais été un fan du look écrasé de la Veloster, je dois néanmoins avouer être conquis par l’apparence de la N. Bien dosée et de bon goût. Je ne peux toutefois en dire autant de la couleur Bleu Performance du modèle à l’essai.
Si jamais vous voulez avoir des maux de tête, essayez de démêler la concurrence de la Veloster N. D’un côté, la Honda Civic Type R coûte plus chère et est plus grosse. De l’autre, la Volkswagen Golf GTI est offerte à un prix similaire, mais manque de puissance. La Golf R corrige, pour sa part, le déficit de puissance, mais demande un prix plus élevé et dispose d’un rouage intégral. Sans parler des Subaru WRX et WRX STI... Bref, aussi bien dire que cette version de la Veloster n’a pas de concurrente directe!
Seulement quelques éléments sont ajoutés pour distinguer l’habitacle de la N, qui autrement est identique à celui de ses sœurs moins extrêmes. On y retrouve donc une ergonomie sans reproche, une qualité de fabrication réellement adéquate, mais aussi un accès difficile à la banquette, de même qu’une visibilité atroce vers l’arrière.
Parmi les éléments améliorés, il y a les sièges avant. Les renforts plus généreux et mieux rembourrés offrent un support plus que bienvenu pour les jambes et le dos, maintenant le pilote en place lorsqu’il décide de « s’énerver ». De plus, le confort général n’est pas gêné par ces sièges baquets plus cintrés.
Quelques ajouts bleus pâles sur le tableau de bord ainsi que deux gros boutons situés sur le volant pour les modes de conduite marquent également le ton. Ils se marient (trop) bien avec l’intérieur de couleur noire, donnant un look pour le moins sobre et classique.
Mais est-ce que la sobriété et le classicisme sont des caractéristiques recherchées dans une voiture de performance? Je ne pense pas. C’est pourquoi je suis un peu déçu du manque de personnalité de l’intérieur. Si je le compare, par exemple, avec ce que fait Volkswagen dans l’habitacle de la Golf GTI et de la Golf R, ou encore avec les efforts que Honda a mis dans la Civic Type R, la Hyundai Veloster N fait pâle figure. Dommage.
275 chevaux à 6 000 tr/min. Oui, vous avez bien lu! Ils proviennent d’un moteur quatre cylindres turbocompressé de 2,0 litres, et sont accompagnés par 260 lb-pi de couple disponibles entre 1 450 et 4 700 tr/min.
À titre comparatif, la Volkswagen Golf GTI propose 228 chevaux, alors que sa grande sœur nommée Golf R en crache 288. Les Subaru WRX et WRX STI disposent respectivement de 268 et 310 chevaux, alors que la Honda Civic Type R s’approche du peloton de tête avec son moteur de 306 chevaux. Donc, la Veloster est au milieu de la mêlée.
Comme seule transmission, le constructeur propose – à mon grand bonheur – une boîte manuelle à six rapports à ratio court, avec synchronisation automatique du régime moteur en rétrogradation – activable ou non. Elle est accouplée à un différentiel avant à glissement limité. Celui-ci est secondé par une suspension de configuration tout à fait classique, avec jambe de force McPherson à l’avant et bras multiples à l’arrière. Calibrée pour la performance, elle est dotée d’amortisseurs à la fermeté réglable en fonction de cinq modes de conduite : Eco, Normal, Sport, N et N Custom.
Hyundai n’y est pas allé avec le dos de la cuillère non plus pour ralentir la Veloster N, avec des disques de 13,6 pouces à l’avant et des disques de 12,4 pouces à l’arrière. Un seul modèle de roues est disponible : 19 pouces, montées de pneus Pirelli P Zero de dimension 235/35R19.
Même s’il a fallu du temps à Hyundai pour se lancer dans cette catégorie, l’attente en valait la peine. Le quatre-cylindres est agréable à fouetter et donne une puissance tout à fait respectable pour une voiture si petite. Le couple à bas régime donne beaucoup de punch aux reprises et ne s’essouffle pas, même quand le compte-tours approche la zone rouge. Il est aussi possible de faire chanter la mécanique plus fort grâce à son système d’échappement actif qui laisse même entendre quelques pétarades quand le mode N est sélectionné. Tout simplement grisant!
Malgré ses bonne qualités, l’engin n’a toutefois pas la vivacité ni le raffinement général d’un moteur de Honda Civic Type R ou de Volkswagen Golf R. La marge est toutefois mince, plus qu’elle ne l’a jamais été d’ailleurs.
De son côté, le court levier de la boîte manuelle séduit instantanément, mais son léger manque de précision laisse un arrière-goût amer. Heureusement que la synchronisation automatique du régime moteur en rétrogradation fonctionne avec précision et rapidité. Bonne note également pour le différentiel à glissement limité, qui maximise l’adhérence du train avant tout en minimisant l’effet de couple dans la direction, presque absent à 100 % dans la Veloster N.
La petite bagnole s’accroche avec confiance au bitume, permettant ainsi d’enchaîner les virages avec empressement. J’ai été impressionné aussi par la suspension dont la calibration permet de maintenir la caisse très neutre dans les courbes, malgré qu’une pointe de sous-virage facilement contrôlable survienne à l’occasion. Le plaisir au volant est également assuré par la direction précise, directe, et l’assistance bien dosée; des caractéristiques plutôt rares chez les coréennes.
Il ne manque pas grand-chose à la Veloster N pour atteindre le niveau d’équilibre et de rendement global que ses concurrentes indirectes – allemandes ou japonaises – sont en mesure de proposer. Un moteur un peu plus vif, une boîte manuelle plus mécanique dans son fonctionnement et un côté pratique relevé seraient les bienvenus.
Ce sont toutefois des petits accrocs que je suis prêt à pardonner, considérant le prix de la voiture. À 34 995 $, ce n’est pas cher payé pour tout ce que l’on obtient avec la Veloster N.
Le bilan est donc passablement impressionnant pour une première tentative. J’aimerais toutefois que Hyundai importe chez nous la Hyundai i30 N, qui n'est ni plus ni moins qu’une Elantra GT version performance. Là, on serait solidement en business!