Dans l’automobile, il y a bien des exemples de disgrâces visuelles, mais ils sont de plus en plus rares. Après tout, les constructeurs font maintenant appel à des « Focus Groups » pour juger de l’esthétique du produit et s’il peut plaire. Dans le cas de la Honda Clarity 2018, j’ai la vague impression que cette étape a été oubliée ou les individus présents en avaient fumé du bon… C’est triste puisque la Clarity est certainement l’hybride enfichable la plus intéressante du marché actuellement. Personnellement, j’en veux presque à Honda d’avoir fait un véhicule si laid alors que l’on retrouve l’une des technologies les plus compétentes.
Pour abréger nos souffrances, je ne m’attarde pas à l’habituelle description des traits de la voiture. Je vous laisse la déplaisance de regarder la Clarity en images. (Ne vous inquiétez pas, j’ai pris une Gravol avant de faire mes photos !)
Si l’extérieur cause une forme de reflux gastrique, il en est tout autrement à bord. En ce qui me concerne, il s’agit de l’une des plus belles présentations offertes actuellement sur le marché. On retrouve une configuration simple, mais hautement stylisée avec un mélange de textures, dont la sellerie de cuir et les boiseries à pores ouverts. Dommage que ce ne soit pas la même équipe de designers pour l’extérieur et l’intérieur.
Fait très intéressant, car la comparaison est inévitable, la Clarity offre beaucoup plus de place que la Chevrolet Volt. On parle ici d’une véritable intermédiaire avec tous les dégagements nécessaires pour une vie de famille. Cela dit, Honda a fait des choix économiques, comme l’absence de sièges à commandes électriques dans la version Touring complètement équipée.
Étant au sommet de la gamme des berlines Honda, la Clarity obtient toutes les caractéristiques de sécurité, dont l’antilouvoiement, la correction de trajectoire et le régulateur de vitesse adaptatif. Comme pour tous les produits de la marque, ces programmes sont extrêmement intrusifs, notamment la détection d’objets avant. Le simple passage d’une mouche devant le véhicule peut entrainer un freinage intense sur l’autoroute. Sur cet aspect, Honda devra, une fois de plus, réviser les interventions de ses systèmes.
L’approche de Honda n’est pas unique, mais efficace. Contrairement aux précédentes hybrides de la marque (Accord Hybrid, Insight, CR-Z), cette fois ça fonctionne très bien. On intègre un quatre cylindres de 1,5 litre de 103 chevaux et 99 lb-pi de couple auquel on jumèle un moteur électrique de 181 chevaux et 232 lb-pi de couple. À cela s’ajoute une pile de 17 kWh qui permet une autonomie 100 % électrique annoncée à 76 kilomètres. Avec des températures qui frôlaient le zéro degré durant l’essai, on recule à 56 kilomètres, ce qui n’est pas vilain du tout. Fait particulier à la Clarity, dès le démarrage, même par temps froid, c’est le moteur électrique qui entre en fonction, pas besoin du moteur thermique pour réchauffer le véhicule.
Honda multiplie les applications quant à la gestion de l’énergie. De facto, au démarrage, la voiture se met en mode 100 % électrique. Si l’on désire aller en hybride et conserver son énergie pour, par exemple, rouler en ville, il faut l’activer manuellement par la pression du bouton HV. Dès lors, le mode thermique entre en fonction. Si votre chemin vous mène plus loin que l’autonomie électrique ne vous le permet, sachez que la Clarity consommera entre 3,5 et 6 litres aux 100 kilomètres. Sur un trajet en partance de Boucherville et qui m'a mené à Montréal, Sherbrooke, Thetford, Québec, Montréal, Sherbrooke puis enfin Boucherville, j’ai obtenu une moyenne de 4,4 litres/100km (incluant la conduite urbaine) pour un distance totale parcourue de 900 km. Considérant la température et le fait que la pile n’était pas toujours pleine, j’estime que c’est bon.
Pour plus de dynamisme, il est possible de mettre la Clarity en mode « Sport » qui offre le couple maximal du moteur électrique. Ce n’est pas une Porsche, mais on reste amplement surpris par la puissance de la mécanique. Évidemment, il me faudrait des pages pour résumer la gestion et l’interaction entre les moteurs électrique et thermique en fonction des situations. L’important : Honda minimise l’utilisation du quatre cylindres pour optimiser l’électrique.
Souvent, les voitures munies de piles offrent un comportement lourd et relativement sec sur la route. Dans le cas de la Clarity, on perçoit immédiatement qu’elle fut conçue dans l’optique d’être équipée d’une mécanique pesante. Il faut garder en tête que la Clarity est aussi disponible aux É.-U. avec une motorisation à l’hydrogène ou encore 100 % électrique. On ressent toute la solidité du châssis et le confort des suspensions. Sur la route, elle se veut imperturbable en maximisant le bien-être des occupants.
Pour le reste, on se retrouve en territoire propre à Honda. La direction communique peu, mais demeure précise. On ne déborde pas d’enthousiasme. Le freinage demande aussi une courte période d’adaptation. On sent le travail de la régénération cinétique. Pour illustrer la sensation, c’est comme si les ABS fonctionnaient constamment. Cela n’empêche pas une distance 100-0 km/h décente.
La Clarity est vendue avec deux irritants pour la conduite au quotidien. Premièrement, les projecteurs, même s’ils sont à DEL, sont peu puissants le soir. Deuxièmement, les essuie-glaces fonctionnent mal. Honda a eu la mauvaise idée d’intégrer les gicleurs à même les bras. Il est alors impossible d’envoyer le lave-glace dans la partie supérieure. On se retrouve donc avec une large bande toujours sale qui diminue la visibilité.
La réplique de Honda à la Chevrolet Volt est totalement réussie. On parvient à offrir une berline intermédiaire, et non pas compacte, avec beaucoup d’espace intérieur, une qualité de finition intéressante et surtout une autonomie 100 % électrique tout à fait pertinente. Toutes ces qualités viennent avec un prix : 45 670 $ auxquels on soustraira 8 000 $ (rabais offert par le gouvernement du Québec) une fois les taxes appliquées. Par comparaison, la Volt, qui a un équipement similaire, est à 45 640 $ (moins le rabais de 8 000 $). Le seul point avec lequel le propriétaire de la Clarity doit apprendre à vivre est incontestablement le style extérieur de la bagnole. Cependant, la bonne nouvelle est qu’une fois à l’intérieur, on ne le voit plus. Pour répondre à la question que plusieurs se posent : Clarity ou Volt ? Je vais immédiatement à la Clarity.