Jadis, le Ranger était un véhicule populaire avec une efficace stratégie commerciale. Le nom Ranger est un des plus forts chez Ford. Mais malgré la « nouveauté » du modèle, il peine à s’imposer. Quand on part à la chasse, ça se peut qu’on perde sa place.
« Le tout nouveau Ford Ranger ». Je me rappelle parfaitement les propos de l’équipe de relations publiques de Ford lors du dévoilement nord-américain du Ranger au Salon de l’auto de Détroit en 2018 : « Il est tout nouveau ». (Imaginez ici mon regard dubitatif).
Comme si je ne savais pas qu’il date de 2012 sur les marchés internationaux et qu’il est identique au 2016 avec son léger rafraîchissement. C’est extraordinaire de voir comment des équipes de commercialisation peuvent essayer de nous passer des « petites vites ».
Peu importe la stratégie de Ford quant au Ranger, reste qu’il est de retour parmi nous. Oui, j’aurais aimé une nouvelle génération ou, à tout le moins, un modèle nord-américain, mais ce n’est pas le cas. On a le vieux stock. Avec le « nouveau » Ranger arrive un choix de deux longueurs de plateau (5 ou 6 pieds) et de deux cabines : CrewCab (allongée) ou SuperCrew (quatre portes).
Ma version Lariat n’est livrable qu’avec la caisse courte et les quatre portières. Même s’il n’est plus une petite jeunesse, je dois admettre que le coup de crayon initial vieillit assez bien. J’aime le look aventurier du Ranger avec sa grille de calandre contrastante ainsi que ses arches et roues grises anthracite. Je donne une bonne note à la qualité de fabrication et de peinture de mon modèle. D’ailleurs, pour obtenir la belle couleur Saber Orange de mon véhicule, il faut inclure le groupe 501A qui intègre presque toutes les options et accessoires livrables. De plus, j’avais l’ensemble FX4 à 1 400 $ qui favorise les activités hors route avec ses généreuses plaques de protection à l’avant, à l’arrière et sous le camion.
Rarement voit-on une cabine excitante dans le monde des camionnettes compactes. Le Ranger s’inscrit dans cette morne tendance malgré sa « nouveauté ». On reconnaît amplement le design d’ancienne génération des produits Ford. Il n’en demeure pas moins qu’une ergonomie intéressante est maintenue.
Sans surprise, on retrouve la même instrumentation en trois sections que Ford utilise depuis près d’une décennie. Il s’agit d’une présentation somme toute très efficace. Les différents menus sont multipliés pour qu’on y découvre une collection d’informations. Tout se trouve au bout du pouce. Dans la partie supérieure, j’aime bien l’imposante applique peinte en gris avec le nom RANGER embossé. Ça fait très « camion »; un clin d’œil intéressant. Avec ma couleur Sabre, j’ai eu droit à quelques agréments, dont le régulateur de vitesse adaptatif, le système ambiophonique B&O par Bang & Olufsen, de même que la navigation. Depuis ses améliorations, j’apprécie la présentation, l’ergonomie et la facilité d’utilisation du programme multimédia MyFord Touch. La reconnaissance vocale SYNC ne me comprend toujours pas quand je lui parle, mais j’ai fait mon deuil il y a des années…
L’accès à l’avant se fait sans aucun problème. Une fois en position, on jouit d’une posture haute avec une excellente visibilité. Il est tout aussi facile de prendre place à l’arrière. Par contre, même s’il s’agit de la version à quatre portes, les dégagements sont plutôt limités. À ce chapitre, on se situe dans la moyenne inférieure du segment. Un Chevrolet Colorado est plus spacieux, tout comme le Jeep Gladiator et le Honda Ridgeline.
Ford n’offre qu’une seule motorisation au Ranger. Personnellement, je trouve que c’est décevant considérant toutes les possibilités que Ford possède dans ses entrepôts. On se retrouve d’emblée avec le quatre-cylindres de 2,3 litres EcoBoost, déjà bien connu. Avec ses 270 chevaux et son couple généreux de 310 lb-pi, il livre la marchandise. De plus, son mariage avec la boîte automatique à dix rapports permet des changements généralement souples. Ford a bien calibré cette transmission qui favorise toujours la plus faible consommation de carburant. Pour cette raison, elle se cherche à l’occasion, mais rien de réellement irritant.
Mais avec sa configuration, ce type de véhicule reste particulièrement gourmand à la pompe. À ce chapitre, et ce malgré l’injection directe, j’ai obtenu une moyenne de 11,3 litres/100 km durant mon essai. Et sans charge! Avec du poids dans la benne – jusqu’à 708 kg –, ça monterait en flèche. Même chose si vous tractez 3 402 kg (7 500 livres) avec l’ensemble remorquage (600 $).
Sur ces aspects, Ford se place d’ailleurs en enviable position face à la majorité de la compétition. Le constructeur sait faire des camionnettes et le Ranger ne fait pas exception. On obtient plusieurs caractéristiques supplémentaires avec le groupe FX4, dont des amortisseurs pour le hors-route, un différentiel arrière électroniquement verrouillable , de même que le Terrain Management System avec son rouage à gammes basses et hautes, et le Trail Control, un régulateur de vitesse hors route. Notez que le rapport de pont de style ouvert est à 3,73.
Conduire une camionnette sans chargement est rarement une expérience enlevante. On vise la fonction et c’est bien comme ça. La direction ne communique pas beaucoup, mais se montre légèrement plus précise et dynamique que chez bien des concurrents. On reconnaît l’ADN de Ford en la manipulant.
Pour les suspensions, avec l’option FX4, on doit faire certaines concessions sur la route. Elles tendent à sautiller un peu et ne donnent pas une grande stabilité en virage. Les mouvements de caisse sont bien sentis. Par contre, avec du poids dans la benne ou en remorquage, elles deviennent plus civilisées.
Ayant accès à une carrière de minerai en Estrie, je me suis permis d’aller faire quelques tests hors route. C’est précisément dans ces conditions que le Ranger se transforme en véritable jouet. Comme c’est presque toujours le cas, ce qui nous déçoit sur le pavé nous séduit dans la boue. La souplesse relative des amortisseurs absorbe bien ce qui passe sous les essieux. Le rouage se montre aussi efficace même s’il est assez simpliste dans sa conception. Sans l’ombre d’un doute, le Ranger vient avec de réelles capacités lorsqu’il est question de s’amuser hors des sentiers battus.
Le Ranger est parti trop longtemps pour reprendre sa place, du moins sous sa configuration actuelle. Ford aurait dû offrir un véhicule plus moderne où les signes du temps seraient moins évidents. Je suis critique à son endroit, car mes attentes n’ont pas été atteintes considérant qu’il est « tout nouveau ». Le constructeur a eu amplement l’occasion de le perfectionner avec les années, mais ne l’a de toute évidence pas fait.
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Pour le moment, le Ranger vient avec une fiabilité nettement sous la moyenne du segment. Ça n’augure rien de rassurant pour l’avenir. Dernier point : il n’est pas donné à l’achat! Toutefois, vu qu’il ne connaît pas le succès escompté, il est possible d’obtenir de bonnes réductions sur les modèles 2019 restant en concessions. Personnellement, même avec des rabais alléchants, j’irais voir ailleurs.
Chez RPM, nous sommes fiers de vous livrer des opinions 100 % indépendantes. Pour avoir d’autres points de vue sur le Ford Ranger Lariat 2019, vous pouvez consulter les essais suivants :
Ford Ranger 2019 – Le retour du « petit » pickup
Ford Ranger FX4 2019 – L’art de patienter