Les sœurs Dodge Charger et Challenger Hellcat n’ont plus besoin d’introduction. Depuis leur arrivée sur le marché en 2015, elles ont charmé les amateurs de performance et de sensations fortes à maintes reprises. Dégustons ces monstres comme ils se doit avant qu’ils ne soient remplacés par des véhicules électriques.
Bien que la Charger soit relativement inchangée pour l’année modèle 2021, Dodge lui intègre néanmoins la déclinaison Redeye qui fut originalement introduite sur la Challenger en 2019. Il s’agit carrément de la Charger la plus puissante de l’histoire, et toutes les Charger Hellcat commercialisées au Canada sont désormais des Redeye.
Idem pour l’ensemble Widebody, qui élargit les ailes aux quatre roues. Il s’offre maintenant de série sur la Redeye, qu’on reconnait par l’énorme prise d’air installée sur son capot. Celle-ci est légèrement différente de celle d’une Hellcat ordinaire par sa configuration. Seul le subtil œil rouge sur l’écusson Hellcat permet d’identifier qu’il s’agit vraiment d’une Redeye.
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Mon modèle d’essai était peint en une jolie couleur Nuage de fumée, une espèce de gris mat couleur acier qui permettait à ma Charger d’avoir fière allure. Cette couleur contrastait bien avec l’habitacle en cuir rouge et les jantes de 20 pouces noircies. Certes, la Charger n’est plus jeune, mais elle demeure une belle berline. Déclinée ainsi, sa présence routière est difficile à ignorer.
Le prix de base pour une Dodge Charger Hellcat Redeye Widebody est de 109 410 $ incluant les frais de transport et de préparation. L’exemplaire à l’essai était équipé de quelques accessoires, comme un ensemble navigation à 795 $ et une chaîne audio Harman/Kardon à 1 500 $, pour un prix final de 111 705 $. C’est cher payé pour une Charger, et attendez-vous à payer une taxe sur la cylindrée lors de l’immatriculation.
L’habitacle de la Charger n’a pas réellement changé en presque une décennie. La qualité d’assemblage et de finition est ordinaire et la présentation générale s’avère grossière et peu raffinée. On note cependant sur la déclinaison Redeye des matériaux spongieux sur la planche de bord, un volant recouvert d’alcantara, et des intérieurs de portière en cuir.
Bien que largement dépassé sur le plan de la sophistication, cet habitacle demeure hautement efficace, tant d’un point de vue ergonomique que de confort. Les énormes sièges en cuir sport offrent un support lombaire et latéral remarquable et l’assise est excellente. La visibilité est également superbe, et l’interface multimédia UConnect 4 demeure facile à saisir à comprendre. Mention spéciale aux Pages de performance qui nous permettent d’entièrement personnaliser les réglages de la bête à notre guise, ajuster la fermeté de sa suspension et même de réduire sa puissance pour une conduite plus décontractée.
La Charger s’avère également très spacieuse, tant à l’avant qu’à l’arrière, où le dégagement pour la tête et les jambes et sans reproche. Son coffre est également énorme, lui permettant d’avaler jusqu’à 453 litres de marchandise, ce qui est identique à ce qu’offre une Toyota Avalon, et même supérieur qu’une Nissan Maxima (396 litres).
La mécanique Hellcat est bien connue dans l’univers de l’automobile, et rien n’a vraiment changé en six ans. Il s’agit d’un V8 suralimenté de 6,2 litres jumelé à une boîte de vitesses automatique à huit rapports.
Plusieurs améliorations ont toutefois été apportées à ce moteur pour en arriver à une version Redeye qui ne déploie pas moins de 797 chevaux et 707 livres-pieds de couple (au lieu de 707 chevaux et 650 livres-pieds dans un Hellcat ordinaire).
Par exemple, le compresseur est plus puissant, produisant une suralimentation de 14,5 psi au lieu de 11,6. Le moteur peut également révolutionner plus haut dans les régimes, passant de 6 200 à 6 500 tours/min. Afin que ce géant soit mieux alimenté en carburant, il est équipé de deux pompes à essence au lieu d’une seule. Le moteur reçoit ensuite des pistons et des bielles renforcés, et un système de lubrification plus performant.
Enfin, pour résister à la surdose de puissance, l’arbre de transmission est 15 % plus robuste, selon Dodge. Les essieux furent également renforcés pour qu’ils soient 20 % plus costaud.
Sans aucune surprise, ce sont les accélérations ahurissantes que déballe cette berline qui font d’elle un incontournable en matière de performance. Activez le mode Track, et le V8 débloque ses 797 chevaux, la suspension se raffermit, la boîte de vitesse rétrograde de quelques rapports, le volant s’alourdit et les énormes tuyaux d’échappement deviennent soudainement plus bruyants.
Si la chaussée le permet - c'est-à-dire qu’elle est chaude et sèche - la Charger Hellcat Redeye s’agrippera à la chaussée grâce à ses gigantesques pneus Pirelli P Zero de 305 millimètres de large et bouclera le sprint 0-100 km/h en un peu plus de 3,5 secondes, lui permettant de se mesurer à des bolides beaucoup plus coûteux.
Et quelle sonorité ! Depuis l’habitacle, c’est surtout le son strident et aigu du compresseur qui inonde nos oreilles, comme si l’auto venait de passer un séjour aux enfers. Baissez votre fenêtre, et vous entendrez le colosse moteur V8 faire rebondir ses plus beaux décibels contre les murets de béton. Il s’agit certes d’une technique très rudimentaire de produire de la performance, mais ô combien efficace.
Dès que vous aurez terminé de consommer de l’essence tel un navire de cargaison, il sera possible de régler la Charger Hellcat Redeye à son mode le plus docile. Réglée ainsi, elle ne produit que 500 chevaux, sa boîte de vitesse devient beaucoup plus douce et sa suspension – à ma grande surprise – devient souple et facile à endurer au quotidien.
C’est d’ailleurs à ce chapitre que la Charger Redeye m’a le plus impressionné, dans sa capacité d’être une berline confortable et agréable à conduire durant les situations de tous les jours. Fait intéressant : j’ai parcouru de Magog au circuit de Mosport, en banlieue de Toronto au volant de cette Charger. Sa moyenne de consommation sur l’autoroute était de 10 L/100 kilomètres. Pas si mal considérant ce qui se cache sous son capot !
Rapide, bruyante et indocile, la Dodge Charger Hellcat Redeye est un type de véhicule qui est en voie de disparition. Dodge a annoncé qu’en 2024, elle introduirait le tout premier « muscle car » électrique, et qu’elle commencerait tranquillement à retirer ses gros moteurs V8 de sa gamme.
Il ne nous reste donc que quelques années pour déguster ses bêtes. Profitons-en, d’autant plus que nous recommandons la Dodge Charger Hellcat Redeye Widebody en raison de son excellent dossier de fiabilité.
Gardez toutefois en tête qu’il s’agit d’une indécence d’un point de vue de la pollution. Avec une moyenne d’émissions de CO2 de 368 grammes/kilomètre, il existe des choix nettement plus sensés sur le plan environnemental, que nous vous invitons à prioriser.