La Challenger a peut-être conservé sa silhouette classique, mais depuis le début de l’année, celle-ci s’est élargie de quelques pouces… dans certains cas, du moins! Baptisé Widebody, cet ensemble – le nom est assez clair – ajoute 3,5 pouces en largeur et des contours d’ailes par-dessus les jantes de 20 pouces baptisées Devil. Je dois l’admettre : même si ce plastique ajouté donne au muscle car un look encore plus ravageur, cet élément visuel fait en sorte que les jantes ont l’air plus petites qu’elles ne le sont en réalité.
L’ensemble qui alourdit la facture de 10 650 $ est également offert avec des pneumatiques plus larges, ainsi qu’une suspension ajustée en conséquence. Les voies élargies donnent donc à cette SRT Hellcat une allure plus méchante que jamais – surtout avec cette couleur Gris Destroyer. Cette nouvelle prestance risque aussi d’améliorer la tenue de route.
Face aux deux rivales de la catégorie que sont la Ford Mustang et la Chevrolet Camaro, la Challenger a toujours été considérée comme la suite présidentielle… en matière de volume intérieur, bien entendu! La Challenger est une grosse voiture américaine qui peut accueillir sans problème quatre adultes. Vous essaierez le même exercice avec les deux autres; ce n’est pas aussi évident!
De plus, la sellerie du coupé Dodge est très accueillante, même derrière où il est possible de rester assis pendant des heures. À l’avant, les gros baquets enveloppants en cuir Nappa et suède Alcantara sont également très moelleux pour les longs parcours. Remarquez, c’est une bonne chose, car avec la fermeté de la suspension dans son mode le plus ferme, la Challenger est « tape-cul ».
Le constructeur a également amélioré la qualité de sa planche de bord, il y a quelques années déjà. Le système de divertissement UConnect est très facile à utiliser, même si, pour ajuster le comportement du véhicule, je préfère un bouton séparé à une série de menus qui nécessitent de quitter les yeux de la route. Le volant a pour sa part rétréci par rapport à la première Challenger de 2008. C’'est déjà une nette amélioration, mais je persiste à croire que les concepteurs de Dodge peuvent faire mieux. Il existe des volants nettement plus agréables à tenir en main au sein de l’industrie. Quant à la position du levier de vitesses, celle-ci est tout simplement parfaite!
Dodge a annoncé, lors du dévoilement de la nouvelle SRT Hellcat Redeye, que la version « régulière » Hellcat gagnerait 10 chevaux en 2019 pour un total de 717. Par contre, en 2018, ce chiffre demeure à 707 chevaux-vapeur extirpés de ce V8 suralimenté de 6,2-litres. Le couple, quant à lui, demeure aussi à 650 lb-pi, ce qui est amplement suffisant pour se briser le cou lorsqu’on appuie trop fort sur la pédale de droite… j’exagère à peine!
La boîte manuelle à six rapports est une unité issue du catalogue de Tremec. Même s’il faut débourser 1000 $ additionnels, ce supplément en vaut vraiment la peine!
Du reste, la Challenger SRT Hellcat demeure fidèle au modèle lancé en 2015. Il s’agit d’un monstre de puissance qui fait uniquement confiance aux roues arrière motrices pour avancer.
Ce retour derrière le volant d’une Challenger SRT Hellcat ne s’est certainement pas déroulé dans les meilleures conditions possible. Lorsqu’on m’a confié le bolide, il pleuvait à boire debout et le bitume refroidi par la pluie n’annonçait rien de bon pour la suite des choses.
Heureusement, grâce aux ajustements électroniques du bouton SRT via l’écran tactile, il est possible de diminuer les capacités de la voiture et de laisser le système antipatinage faire son travail. Malheureusement, celui-ci est assez intrusif et rend le patinage des roues arrière désagréables à cause de tous ces « à-coups ». Même si c’est potentiellement plus dangereux, je préfère désactiver celui-ci pour mieux contrôler ce qui se passe derrière.
Comme c’est de mise à bord du muscle car le plus explosif du marché, l’embrayage est lourd et la boîte de vitesses requiert un bon avant-bras. C’est la même histoire pour la direction qui nous rappelle la largeur des pneumatiques lorsqu’on roule à vitesse réduite.
Il est vrai que cet élargissement donne à la Challenger plus de prestance. La tenue de route est encore plus rassurante que par le passé – je la sens plus stable –, mais malgré cette nouvelle empreinte, la Challenger SRT Hellcat a tout de même montré une certaine explosivité. En d’autres termes, disons seulement que l’essieu arrière a voulu passer devant à quelques reprises à cause de la chaussée refroidie de l’automne.
La Dodge Challenger SRT Hellcat est toute une machine de guerre qui laisse entendre la musicalité de son V8 suralimenté chaque fois que le pied droit enfonce la pédale de droite. Chaque passage de rapport est merveilleux, la voiture montrant toute sa force à mesure qu’on grimpe en vitesse. D’ailleurs, ai-je besoin de vous dire que le 0-100 km/h ne prend que quelques secondes?
J’ai aussi redécouvert à quel point le V8 de 6,2-litres était bruyant à vitesse d’autoroute. À ce compte, je préfère le V8 atmosphérique de 6,4-litres disponible dans les livrées moins chères.
Au sein du trio musclé de Détroit, la Dodge Challenger est la plus archaïque avec sa plateforme issue des années 90, son embonpoint marqué et sa bestialité incontestable. La consommation de carburant est démesurée, la puissance du modèle Hellcat est difficile à cerner pour un conducteur inexpérimenté, tandis que les voies élargies compliquent quelque peu les manœuvres de stationnement.
Sauf qu’une Challenger SRT Hellcat, c’est justement ça : un muscle car surpuissant qui s’adresse à un groupe très restreint de mordus incontestés de produits Mopar. C’est aussi un futur modèle de collection issu d’une époque qui autorise encore des pleins d’essence à 100 $. Toutefois, pour les adeptes de ce type de monstre, il n’y aucune autre option disponible sur le marché.
Je l’avoue, la Dodge Challenger est l’un de mes péchés mignons, et pourtant, je n’ai pas vécu à la belle époque. Au risque de me répéter, je recommanderais un modèle inférieur avec le V8 à aspiration normale, moins bruyant sur l’autoroute, mais tout aussi amusant lorsque le conducteur veut rigoler un peu. Sinon, le « chat de l’enfer » constitue une arme de prédilection pour semer la terreur dans votre quartier.