Lancé en 2015 sous sa forme actuelle, le Tahoe n’a pas encore évolué sur le plan esthétique. Avec la version RST, je dois admettre que je m’attendais à quelque chose de plus spécial avec une présentation plus poussée, quelque chose de plus distinctif. Malheureusement, ce n’est pas le cas. En fait, le seul moyen de voir une différence avec les autres Tahoe, c’est au niveau des jantes de 22 pouces à deux tons. Elles sont magnifiques, mais ne lui donnent pas de personnalité propre. D’ailleurs, je me questionne sur la raison du retrait des lettres RST qui étaient présentes sur le véhicule lors de son lancement à New York.
Pareil pas pareil, le Tahoe demeure un camion avec de la gueule qui s’impose sur la route. Fait intéressant, le nouveau Chevrolet Silverado 2019 intègre une caractéristique du Tahoe avec la petite pointe qui s’insère dans les blocs optiques. Finalement, sur le RST, on fait abstraction complète de toute décoration extérieure chromée, on favorise le noir lustré.
Je dois l’admettre, j’ai toujours adoré l’intérieur du Tahoe. Il est massif, large, il empiète par contre sur l’espace pour les hanches et les jambes, mais demeure un exemple à suivre sur le plan esthétique. D’ailleurs, j’apprécie le fait qu’on différencie le tableau de bord du Tahoe versus le Silverado, un souci auquel Ford ne porte pas attention dans l’Expedition 2018. Petit irritant, l’assemblage mériterait d’être resserré considérant le prix demandé.
Dans cette version RST, on retrouve absolument tous les gadgets livrables dans la gamme du Tahoe. Navigation, recharge par induction, groupe électrique complet, caméra de recul, détection d’angle mort et le système 4G LTE qui offre Internet aux occupants. On obtient des assises, certes hautes, mais très agréables pour de longs trajets. Si les personnes à l’avant jouissent d’un confort princier, il en va autrement à l’arrière. Les baquets nous ramènent à la base. Les sièges sont fixes, peu modulables, très bas et surtout relativement inconfortables. De plus, les pauvres qui y prendront place n’auront que peu d’espace de rangement et devront tenir leur café, le porte-gobelet dans la portière est inutilisable.
Les choses prennent un tournant encore plus négatif dans le coffre. Le seuil est exagérément élevé. Une personne de petite taille peine à y mettre un simple sac. La configuration technique du châssis du Tahoe y joue pour beaucoup, mais là c’est carrément dysfonctionnel.
Bon, d’entrée de jeu, vous comprenez ma déception lorsque j’ai ouvert le capot. Je m’attendais à y voir un V8 L86 de 6,2 litres de 420 chevaux, mais non, le 5,3 litres du lancement… Mon excitation venait de tomber à plat. Mais je me rends à l’évidence, ce moteur demeure un exemple à suivre. La puissance des 355 ch. et le couple de 385 lb-pi se font constamment sentir, la vélocité est bonne même si c’est nettement moins que les 420 ch. du « VRAI » RST. À ce titre, obtenir le 6,2 litres vous en coutera 6 390 $ de plus que le prix de base de la version Premier.
Malheureusement, GM n’offre pas la boite automatique à 10 rapports avec le 5,3 litres, seul le 6,2 litres en bénéficie. On se contente de la vieille à 6 rapports. Elle fait bien le travail, mais un peu plus de modernité lui ferait le plus grand bien. J’ai complété mon périple avec une moyenne de 15 litres/100km. Quelques semaines auparavant, j’avais l’Escalade en essai avec son 6,2 litres et la boîte à10 rapports et j’ai culminé à 12,5 litres/100km. La différence est significative. Notez que le « VRAI » RST pourra obtenir en option des freins Brembo pour la modique somme de 4 130 $ et un système d’échappement Borla à double embout pour 1 620 $ supplémentaires.
Vous aimez la conduite d’une camionnette, vous serez aux anges. Le Tahoe adopte une approche authentique de l’utilitaire sport. Vous comprenez qu’ici on ne parle pas d’un multisegment, d’un « crossover » ou toute autre chose qui se prétend VUS, c’est un vrai de vrai avec un châssis en échelle. Évidemment, il y a des avantages et des inconvénients.
Du côté des points positifs, les capacités sont bien réelles notamment avec un différentiel arrière verrouillable et une possibilité de remorquage de 8 400 livres avec l’ensemble spécifique. Étant au sommet de la gamme, on bénéficie aussi des suspensions magnétiques qui lisent la route plusieurs centaines de fois par seconde. Le rendement est supérieur, mais on constate toujours une sensation rigide de leur part. En raison de sa configuration, un grand sentiment de solidité s’en dégage, et ce, même s’il y a certains craquements dans la cabine. De plus, étant un vrai camion, on obtient trois types de rouage : 2X4, automatique et 4X4 permanent. On peut donc adapter le véhicule en fonction de nos besoins et des conditions climatiques.
Du côté des éléments moins impressionnants, la direction pèche par un centre flou. Avec un centre de gravité très haut et un empattement assez court, le comportement sur la route me laisse sur mon appétit. La mécanique est capable, mais en virage, les mouvements de caisse demeurent importants. On doit être vigilant, car les lois de la physique se manifestent souvent au volant du Tahoe.
Le Tahoe domine actuellement son segment, ça, il n’y a aucun doute. Par contre, avec l’arrivée d’une nouvelle génération du Ford Expedition, les choses pourraient bien changer. Bien que je n’aie pas encore mis la main sur le Ford, d’un point de vue de configuration intérieure et d’aménagement, il a l’avantage. Reste à voir comment l’ensemble de l’œuvre se comportera, mais clairement, il jouit d’une approche plus moderne, moins camion. Le Tahoe est en milieu de vie, GM devra repenser plusieurs irritants, mais il demeure un véhicule très compétent.