La marque Cadillac court après sa queue depuis plusieurs années. Après avoir lancé une berline qui devait réinventer le genre en 2003 (CTS), on est arrivé avec un VUS pour le moins saugrenu en 2004 (SRX) puis une électrique à prolongateur d’autonomie (ELR) ou encore une sportive basée sur une Corvette (XLR). Vraiment, on ne savait plus où donner de la tête.
Il y a cependant un modèle, un seul, qui a traversé le temps et qui a conservé le cap malgré la tourmente : l’Escalade. Véritable icône de la marque américaine, l’Escalade s’est vendu à près de 40 000 exemplaires l’an dernier en Amérique du Nord, des chiffres spectaculaires pour un véhicule aussi cher et niché.
2021 est une année charnière pour le Cadillac Escalade. GM a voulu le faire évoluer afin, d’une part, qu’il se distancie de ses jumeaux plus prolétaires de chez GMC et Chevrolet mais aussi, d’autre part, pour parfaire son rôle de porte-étendard au sein de la marque. Et comme vous pourrez le voir dans cet essai complet, on n’y est pas allé avec le dos de la cuillère!
Tout le monde connaît le Cadillac Escalade. On l’associe tantôt à de riches rappeurs américains, tantôt à des hommes d’affaires prospères. Chose certaine, on l’associe également à la démesure à l’américaine, et ça se confirme avec le design.
Ce qui ressort d’abord, c’est la prestance. Celle-ci émane de l’Escalade en raison de sa taille, mais aussi grâce à certains éléments visuels forts. Je pense aux phares horizontaux accompagnés de clignotants verticaux, mais surtout à cette énorme grille de calandre. La rectitude de la portion latérale n’est brisée que par la ligne de fenestration recourbée, alors que les feux verticaux tout en hauteur embellissent l’arrière. On obtient au final un mélange entre le VUS XT6 et l’ancienne Cadillac CTS familiale de 2009. Pas mal!
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Pour la première fois dans l’Escalade, deux thèmes visuels sont proposés. Les plus classiques opteront pour l’apparence plus luxueuse de la version à l’essai, alors que les plus audacieux se tourneront vers les versions Sport (sans frais) qui éliminent le chrome pour le remplacer par des appliqués noirs. Même chose pour les roues – 22 pouces de série – qui varient selon le modèle et le niveau d’équipement.
Jusqu’ici, les changements ont été assez minimaux. C’est toutefois à l’intérieur que le passage à la nouvelle génération prend tout son sens.
À la poubelle l’intérieur classique et terne de la précédente génération, on arrive cette fois avec une technologie carrément inédite. D’abord, il y a cet écran OLED de 38 pouces – le plus grand à jamais avoir été monté à bord d’un véhicule – qui vole carrément la vedette avec sa qualité graphique époustouflante et son ergonomie frisant la perfection. Une intégration parfaite et des animations variées améliorent l’expérience à bord.
Des idées pigées un peu partout chez la concurrence et intégrées directement dans l’instrumentation de 14,2 pouces ajoutent au spectacle. Sous l’apparence assez classique du compte tour se cachent, en jouant avec les menus sur l’écran de 7,2 pouces de gauche, un système de vision nocturne, une carte de navigation et un système de caméra avec réalité augmentée, trois systèmes qui facilitent la conduite à leur manière et placés directement devant le conducteur. Génial.
Plus à droite se trouve l’écran d’infodivertissement de 16,8 pouces, facile à utiliser et qui contrôle un système audio optionnel de marque AKG, comprenant 36 haut-parleurs placés partout. Ceux-ci confèrent une expérience audio pure et immersive pour le plus grand bonheur des audiophiles. C’est tout simplement le système audio le plus performant qu’il m’ait été donné de tester.
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Un Escalade n’en serait pas un sans le souci de l’expérience offerte aux passagers. La version à l’essai était équipée de sièges capitaine à la seconde rangée, facilement repliables pour accéder à la troisième rangée. Cette dernière est maintenant nettement plus spacieuse, gracieuseté de la suspension arrière indépendante qui permet de rabaisser le plancher du véhicule. Même un adulte y trouvera un bon confort, ce qui confirme la pertinence d’un véhicule aussi gros.
L’excellente qualité de finition et la richesse des matériaux est également à souligner, tout comme l’abandon du levier de vitesse à la colonne!
Même si l’apparence et l’équipement de l’Escalade ont fait un bond de géant, il en va autrement pour l’aspect mécanique. On a conservé le même V8 6,2 litres de 420 chevaux et 460 livres-pieds de couple, qu’on continue de jumeler avec la boîte automatique à dix rapports. Le rouage 4x4 (et non intégral) est proposé de série, ayant un mode automatique et une gamme basse pour les gros travaux. Un moteur 6-en-ligne diesel Duramax de 3,0 litres est également offert pour la première fois dans un Escalade. Il s’agit d’une option sans frais.
Pour le reste, enfin l’Escalade entre dans le 21e siècle et propose une suspension indépendante à l’arrière plutôt qu’un pont rigide, ce qui devrait améliorer le comportement routier. Dans le véhicule d’essai, on y retrouvait une suspension pneumatique optionnelle, dont la hauteur peut varier en fonction de la vitesse du véhicule ou des obstacles à franchir.
L’Escalade est également le second véhicule à intégrer la technologie de conduite autonome sur autoroute Super Cruise, qu’on avait d’abord vu sur la Cadillac CT6 il y a quelques années. Malheureusement, l’exemplaire testé n’en était pas équipé.
Alors que l’habitacle est presque révolutionnaire, l’expérience derrière le volant pourrait plutôt être qualifié d’évolutive. Malgré son âge et l’impression de déjà-vu qu’il dégage, le V8 6,2 litres demeure pertinent avec sa puissance et son couple carrément inépuisables, d’autant plus que la transmission automatique à dix rapports se charge de le maintenir dans la meilleure plage de régime moteur. Celle-ci se charge d’enfiler les rapports avec douceur, quoiqu’elle soit restée insensible à deux de nos demandes d’accélération. Un problème de programmation, ici?
La nouvelle suspension indépendante fait un travail merveilleux pour maintenir la stabilité du véhicule. Il est moins dansant qu’auparavant et la suspension pneumatique absorbe sans broncher les aspérités de la route. On a donc affaire à un véhicule plus à l’aise sur la route, quoique l’agilité ne soit pas son point fort en raison de sa taille. Quelques secousses et sautillement occasionnels provenant de la configuration à châssis à échelle demeurent, toutefois. Comme quoi il y a des limites à ce qu’on peut faire avec un châssis de camion. Bon point pour la direction assez rapide et précise, qui contribue à la facilité de conduire.
Il faut souligner que tous ces perfectionnements sont responsables de l’amélioration du confort à bord du véhicule. La suspension plus compétente jumelée à l’espace supplémentaire et à l’insonorisation poussée rend vraiment hommage aux origines de Cadillac. On a affaire à un véhicule doux, silencieux et souple, ce qui correspond parfaitement à l’expression « gros char américain » dont Cadillac essaie de se débarrasser depuis longtemps.
Chose certaine, le Cadillac Escalade 2021 en met plein la vue et plein les oreilles! Il conserve ce qui a fait son succès, comme son apparence ostentatoire et son espace généreux tout en peaufinant ce qui méritait de l’être, comme l’habitacle, la troisième rangée de sièges et le comportement routier. On le sent plus mature et plus abouti que ses comparses chez GMC et Chevrolet, ce qui cadre par ailleurs avec le prix assez élevé de 124 298 $ du véhicule d’essai.
J’ai cependant une déception : le V8 6,2 litres est un bon moteur, c’est vrai, mais le porte-étendard d’une marque de luxe mériterait une mécanique plus poussée que ce qu’on retrouve sous le capot d’un vulgaire Chevrolet Silverado. Pourquoi pas un V6 biturbo? Ou encore mieux, une mécanique hybride ou hybride enfichable? Une version électrique s’en vient, semble-t-il, mais pour le moment, je reste sur ma faim à ce sujet.
De plus, nous avons eu quelques pépins électroniques au cours de l’essai, ce qui confirme qu’il vaut mieux attendre au moins un an avant de l’acheter. Avec une telle machine, la prudence est de mise.