Avez-vous eu la chance de rouler dans une Buick avant les années 1990? Je me souviens très bien de la Buick Electra SW 1984 de mon grand-père avec ses très faux panneaux de bois. C’était merveilleux, il y avait des boutons numériques partout, l’intérieur était tapissé d’un doux velours brun et nous étions bercés par le son du V8 de 307 pouces cubes. Du haut de mes 4-5 ans, c’était ça le luxe à l’américaine. Trente-deux années plus tard, je me retrouve au volant d’un Envision, un VUS sans personnalité, sans V8 et surtout sans panneaux de bois!
Signe que les temps changent, à la fin de 2020 il n’y aura plus que des VUS dans la gamme Buick. L’évolution des mœurs automobiles pousse tout le monde vers les VUS, de sorte qu’on se retrouve aujourd’hui avec des produits comme le Envision, un véhicule qui me fait regretter la glorieuse époque des grandes berlines aux trois boucliers.
Le Buick Envision s’inscrit dans une catégorie où la concurrence est pour le moins féroce, avec des Européennes telles que les Audi Q5, BMW X3 et Mercedes-Benz GLC, toutes avec une personnalité forte et distinctive. Puis-je en dire autant de ce Buick ? Vraiment pas. Il y a bien quelques éléments de design intéressants comme le pli sur l’aile qui remonte des blocs optiques ou encore le crochet sous les feux, mais pour le reste, on peut difficilement faire plus anonyme. C’est peut-être une bonne chose pour certains, mais la majorité des acheteurs du segment recherchent un véhicule plus singulier. Mon véhicule d’essai version Premium venait avec de superbes jantes de 19 pouces qui demandent un supplément de près de 2 700 $. Chez Porsche, on pourrait s’y attendre, mais considérant que c’est un Buick je trouve que le montant est exagéré.
Même si le Envision ne partage rien avec les glorieuses Buick d’antan, GM essaie de maintenir un certain lien avec le passé comme en témoigne la présence des « ports holes » sur le capot. Contrairement à la tradition, on obtient 3 fausses ouvertures alors que l’on a un 4 cylindres. Buick triche! La calandre en chute d’eau a aussi cédé sa place au profit de celle que l’on voyait sur les Opel européennes.
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Si l’extérieur joue de sobriété, je ne peux pas en dire autant de la présentation intérieure. Buick fait un effort sincère pour se démarquer. J’aime vraiment le design avec la nacelle d’instrumentation de taille compacte, l’intégration de l’écran de navigation de même que l’horloge analogique. Une applique massive s’étend devant le passager, qui peut être très réussie selon les matériaux utilisés. Dans mon véhicule par contre, il s’agissait sans contredit de plastique d’une teinte bleutée qui ne ressemble à rien et qui franchement donne une impression bas de gamme. Comble de malheur, on en retrouve aussi à la console centrale et dans les portières. Il y a bien quelques touches de cuirette ici et là, mais pas suffisamment pour donner un effet de luxe comparable à la concurrence.
La position de conduite est plutôt étrange et nous donne l’impression d’être assis sur le tableau de bord tant il est bas devant nous. La visibilité est cependant excellente une fois passées les quelques minutes nécessaires pour l’apprivoiser. À cela, ajoutons un affichage tête-haute avec un design graphique des années 1980. Le look est vieillot, mais nous permet de garder les yeux sur la route. Toutes les commandes sont facilement atteignables. Par contre, celles de la température et des sièges chauffants/climatisés sont tactiles. Il faut appuyer plusieurs fois pour obtenir un résultat. Un peu agaçant.
De manière générale, les dégagements sont très intéressants. Même si ce véhicule figure parmi les compacts, on en croirait autrement si ce n’était de l’étroitesse de la cabine. L’ajout du toit ouvrant panoramique (1 695 $) permet de jouir d’une belle luminosité à bord. Pour les passagers arrière, là aussi il fait bon vivre. La banquette divisée 60/40 est coulissante sur plusieurs pouces et permet d’incliner le dossier. Il y a peu de support de l’assise, mais on bénéficie d’un confort décent avec un équipement agréable comme les sièges chauffants, des commandes de climatisation et plusieurs ports pour connectivité. Le coffre du Envision est dans la moyenne supérieure de la catégorie avec un volume de base de 761 litres qui passe à 1 622 litres une fois le dossier rabattu.
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Buick propose deux choix de motorisations pour le Envision. Le premier est un quatre cylindres de 2,5 litres de 197 chevaux avec un couple de 192 lb-pi jumelé à une boîte automatique à 6 rapports. Considérant la vocation du véhicule, il ne s’agit pas de l’option que je recommande. Allez-y plutôt avec le quatre cylindres turbocompressé de 2,0 litres de 252 ch pour 295 lb-pi de couple. Celui-ci travaille particulièrement bien dans cette application d’autant plus que l’on obtient une boîte automatique à 9 rapports. Cette configuration moteur-transmission ne se prête pas aux reproches. Le turbo apporte un « punch » agréable alors que la transmission offre des changements de vitesse tout en souplesse et à peine perceptibles. Le 2.0T ne donne pas l’impression de faire de compromis. Durant l’essai, j’ai obtenu une consommation moyenne de 10,1 L/100 km. C’est un peu plus haut que la concurrence, mais pas de manière démesurée. De plus, tenez compte du fait que mon véhicule était chaussé de pneus d’hiver.
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Je dois l’admettre, une belle surprise derrière le volant du Envision. Rien en commun avec le comportement nautique de l’Electra de mon grand-père, et encore moins avec un Grand National, mais un juste milieu intéressant. La direction propose une certaine précision et même un bon degré de communication. Ça, je ne m’y attendais pas. Les suspensions ne s’ajustent pas de quelque manière que ce soit, mais le confort sur route est appréciable. Le véhicule tend un peu plus vers la souplesse que la fermeté, mais n’est pas mou pour autant. Il est possible de prendre une courbe avec entrain sans que sentir que le véhicule va verser. Même si le Envision a surpassé mes attentes, il n’atteint pas le degré de précision que procure un Acura RDX ou une Allemande. L’approche se fait de manière plus américaine. Considérant que c’est une Buick, c’est probablement une bonne chose.
J’ai toujours détesté les rouages intégraux dans les Chevrolet, que ce soit le Trax, l’Equinox ou le Traverse. Activer moi-même le rouage AWD lorsque les conditions se détériorent n’a pas de sens. J’appréhendais la même chose avec le Envision. Joie! Il est équipé d’un véritable système réactif qui s’active par lui-même. J’ai volontairement poussé le véhicule sur une surface mouillée et recouverte de gravier et je vous confirme qu’il a du mordant. Encore une fois, il n’a pas le même aplomb que la majorité de ses rivaux ni leur raffinement, mais pour une utilisation quotidienne, le travail s’exécute bien.
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Les temps changent et Buick suit la vague. À la lumière de mon essai du Envision, je suis plus que jamais tombé dans la nostalgie des décennies de gloire de la marque aux boucliers. Il y a peu de spécimens du Envision sur la route et je comprends pourquoi. Mon véhicule coûtait au bas mot plus de 52 000 $ avant les taxes. À ce prix, on empiète sur le territoire de produits autrement plus compétents à tous les points de vue, dont les exemples que j’ai mentionnés plus tôt. Pour en ajouter, contrairement à tous les VUS au monde, il n’a pas une bonne valeur de revente. À force de se dénaturer, on finit par perdre l’essence de ce que l’on est et c’est exactement ce qui est arrivé à Buick. Pour l’ensemble de ses raisons, on vous recommande fortement de laisser passer l’Envision et d’aller vous chercher un produit mieux établi ayant de meilleures compétences et une meilleure valeur.