C’est la dernière, BMW l’a confirmé. Après la CS, la génération G38 sera la dernière M5 mue par une motorisation strictement thermique. Ce n’est pas un mal en soi, mais c’est certainement la fin d’une épopée qui remonte à 1984. Toutes les M5 et M5 Competition sont des berlines qui ont le diable au corps, mais je peux vous confirmer que cette CS 2022 est tout simplement divine.
Je dois admettre que je trouve la génération G30 de la Série 5 plutôt sage en matière de design. On est loin de la flamboyance, et cette critique s’applique même aux M5 et M5 Compétition qui, pourtant, devraient être sensationnelles, c’est la retenue qui prévaut. Considérant les performances, je trouve l’approche d’Audi plus à la hauteur grâce à ses lignes agressives et plus dynamiques. C’était ma réflexion jusqu’à ce que je voie la BMW M5 CS 2022. Il n’en faut pas toujours beaucoup pour transformer une voiture, et c’est ce qui s’est passé avec la CS. Il faut savoir qu’elle n’est disponible qu’en deux couleurs au fini mat de la série de personnalisation « Individual » : le gris « Frozen Brands Hatch » et le vert « Frozen Deep » comme mon véhicule d’essai.
-
À LIRE AUSSI : BMW M4 Competition 2021 : un habitacle épatant
-
À LIRE AUSSI : BMW M3 2021 : précision inégalée
Quels sont les éléments qui distinguent la CS des autres M5 ? En premier lieu, la voiture est allégée de quelque 70 kilos en utilisant la fibre de carbone en abondance : outre le toit, comme sur les autres M5, le capot, les boîtiers de rétroviseurs, le becquet, l’aileron et le diffuseur en sont tous fabriqués. BMW fait un clin d’œil à la course automobile, plus particulièrement les compétitions d’endurance, avec l’éclairage des phares de jour en jaune. Le clou du spectacle demeure l’intégration d’appliques « or bronze » à la calandre, aux ouïes et aux jantes. Ces dernières, de 20 pouces, figurent parmi les plus belles roues actuellement sur le marché. On complète la tournée extérieure avec quatre embouts d’échappement en acier inoxydable. La CS n’est pas aussi baveuse qu’une RS7 en matière de style, mais sous cette forme, elle attire certainement les regards.
Si, à l’extérieur, vous aviez toujours un doute qu’il s’agisse d’une berline sport, au moment de prendre place à bord, vous comprendrez. Ce sont des baquets moulés en fibre de carbone extrêmement cintrés avec un maintien central pour les cuisses. On fusionne littéralement avec le siège, presque sous vide ! Loin de moi l’idée d’être méchant, mais si vous portez des pantalons 36 ou plus, vos fesses n’entreront pas dans le siège. Ce point n’est pas exclusif au pilote, il s’applique à tous les occupants, car ce sont aussi des baquets à l’arrière, il n’y a plus de banquette. Clairement, BMW veut que tout le monde soit bien ancré à son siège !
On reconnaît l’esprit très sportif dans l’habitacle. Tout est noir en alcantara et en cuir, avec des surpiqûres rouges, et, bien sûr, on se noie dans la fibre de carbone. L’ambiance nous fait comprendre qu’on n’est pas dans une voiture ordinaire. On trouve sa posture de conduite rapidement, avec une excellente vue très bien dégagée sous tous les angles. L’équipement reste généreux notamment avec l’écran multimédia de 12,3 pouces qui demeure convivial. Ce sont toutefois les détails qui rendent l’expérience encore plus spéciale. Il suffit de regarder le style du marquage de position central sur le volant, le circuit du Nürburgring sur les appuie-têtes, les leviers de sélection derrière le volant aussi en fibre de carbone et, même, la suppression du rangement dans la console centrale pour saisir sa singularité. Malgré ces quelques concessions pratico-pratiques, elle demeure une vraie berline « familiale » avec un volume de coffre de 530 litres.
Je dois commencer cette section par une affirmation forte : il s’agit de la BMW de route la plus puissante à ce jour. Ça veut tout dire quant aux prétentions du constructeur face à cette berline. Comment y arrive-t-on ? La base est assez solide ; il s’agit de l’un des meilleurs V8 de tous les temps, le 4,4-litres biturbo qui développe initialement 600 chevaux dans la M5, puis 617 dans la Competition pour culminer à 627 dans la CS. Dans tous les cas, le couple demeure le même à 553 livres-pieds. Pour jouer avec cette cavalerie, les ingénieurs de M proposent une boîte de vitesses automatique à 8 rapports et un rouage intégral. Évidemment, la propulsion est toujours favorisée. En fonction de la programmation de conduite choisie, le transfert de puissance à l’arrière sera plus ou moins important. Les modes de conduite sont nombreux, mais aucun n’est réellement tranquille. Plus on débride cette M5 plus elle se montre sauvage. D’ailleurs, à l’activation du mode M1 ou M2 (le summum) sur le volant, la voiture valide pour être certaine que ce n’est pas une erreur de notre part. Il faut être prêt et vigilant car, à partir de ce moment, le diable lui prend les cylindres et veut tout arracher.
Inévitablement, mon rythme cardiaque s’est emballé à chacun des démarrages. Toujours excitant et toujours récompensé, c’est un diable avec lequel on prend un plaisir fou à danser. Évidemment, le moteur foudroie avec son accélération de 0 à 100 kilomètres/heure en 3 secondes. On se fait encastrer dans le dossier, alors que le passage des rapports se fait à la vitesse de l’éclair et au régime idéal. Ces sièges ultra-moulés au confort relatif prennent tout leur sens en virage. On est ancré à la CS qui demeure imperturbable dans les courbes. On peut pousser, pousser et pousser encore, elle ne se laisse pas déstabiliser. Aussi bien être incrusté dans son siège ! M revisite les suspensions pour qu’elles soient plus en contrôle de l’assiette et du roulis causé en conduite dynamique/agressive. Là encore, aucune prise en défaut possible, la calibration ne peut pas mieux s’adapter.
La M5 CS est le pinacle de la puissance et de la sportivité des berlines BMW ; sa direction se devait d’être parfaite. Elle l’est. J’ai presque eu l’impression qu’elle lisait dans mes pensées, qu’elle anticipait tous les virages tant son exactitude m’a ébloui. Avec une telle orgie de performance et de précision, BMW saisit la nécessité d’un système de freinage tout aussi mordant. Pas de déception. La CS vient de série avec des disques en composite céramique carbone de 15,75 pouces à l’avant et 15,6 pouces à l’arrière. Le passage à cette technologie permet une réduction de la masse de 25 kilos. Quand on appuie sur le pédalier de frein, la réaction ne se fait pas attendre.
Au cours de ma carrière, j’ai conduit des dizaines de berlines sport. Aucune n’a flirté avec le degré de perfectionnement que j’ai ressenti avec la CS, aucune. BMW a confirmé que la prochaine génération de M5 sera partiellement électrifiée. On peut donc dire que la CS marque la fin d’une longue et glorieuse époque en matière de moteur thermique. Cette voiture est tout simplement divine, mais attention. Une tentation démoniaque s’empare de nous chaque fois qu’on se retrouve derrière son volant. On recommande cette M5 CS non seulement pour son caractère exclusif et ses performances, mais aussi car il s’agit d’une pièce d’histoire de BMW et qu’elle prendra indéniablement de la valeur.