Ayant la responsabilité de supporter d’autres véhicules chez BMW, comme la nouvelle Série 3 et la Z4, sans oublier une dénommée Toyota Supra, cette nouvelle architecture « CLAR » a permis d’augmenter la qualité de roulement et la dynamique de conduite des récentes BMW.
J’ai moi-même récemment pris le volant de ces trois modèles (Série 3, Z4 et Supra) et je vous confirme qu’avec cette nouvelle architecture, BMW effectue un pas de géant en matière de précision et de rigidité structurelle.
Pendant ce temps, notre chère M4, presque inchangée depuis l’année modèle 2014, devra patienter une autre année avant de passer au prochain chapitre. En attendant sa refonte, que peut-on dire du bolide actuel? Est-il rendu trop vieux et obsolète? Pour en avoir le cœur net, nous avons mis la vieillissante M4 à l’essai dans sa déclinaison la plus étincelante : la décapotable.
Le prix d’entrée pour la version cabriolet de la BMW M4 2020 est de 89 000 $, près de 10 000 $ de plus qu’un coupé. Comme si ce n’était pas assez, notre modèle d’essai était équipé du prestigieux Groupe ultime, d’une valeur de 26 000 $!
Ce groupe d’options implique une pléthore d’ajouts mécaniques et esthétiques, comme une suspension adaptative M, des jantes de 20 pouces, une finition d’habitacle incluant de la fibre de carbone, un diffuseur arrière – également en fibre de carbone –, une grille et des écussons noircis et surtout, un système d’échappement en titane performance M, avec bouts en carbone. La sonorité de la voiture est absolument monstrueuse.
Somme toute, notre belle Béhème peinte en Bleu San Marino et équipée d’une boîte automatique à double embrayage à sept rapports – d’une valeur de 3 900 $ – s’élevait à 118 900 $. Ouf.
Une fois à bord, il est clair que la M4 vient d’une tout autre époque. Sa planche de bord est dépourvue des nouvelles interfaces tactiles des récents produits du constructeur. C’est le design classique BMW qu’on connaît bien, avec ses cadrans analogiques et son allure simpliste. Fonctionnelle et bien assemblée.
BMW a tout de même tenté de le remanier en y ajoutant un attrayant agencement de couleurs et de textures. La M4 hérite des sièges de la M5, incorporant des foulards d’air chaud dans la version cabriolet. Le constructeur en a également profité pour apporter quelques révisions au chapitre de l’instrumentation. En outre, la M4 dispose, comme sa grande sœur, de deux boutons « M » servant à enregistrer nos réglages de conduite favoris.
La BMW M4 demeure un coupé confortable et relativement spacieux, même pour les occupants arrière. Le système multimédia iDrive, quant à lui, demeure facile à opérer, tant par sa molette centrale que via l’écran tactile. Élégante et claire, c’est une interface somme toute conviviale, si ce n’est des multiples fonctionnalités parfois inutiles et redondantes. Hélas, ce système n’est toujours pas compatible avec la connectivité Android Auto. Il peut toutefois être jumelé à Apple CarPlay.
Au chapitre de la motorisation, les choses ne changent pas. La M4 a toujours recours à un six-cylindres biturbo de 3,0 litres d’une puissance de 425 chevaux et 406 lb-pi de couple.
Le rouage à propulsion demeure fidèle au poste, tout comme la boîte manuelle à six rapports qui est toujours de série. Le toit rigide mécanique, qui s’escamote en l’espace de quelques secondes, ajoute un imposant 217 kg (480 livres) au bolide. Néanmoins, BMW promet une accélération 0-100 km/h en seulement 4,3 secondes – à peine 0,3 seconde derrière le coupé à boîte automatique.
À titre comparatif, la berline M340i xDrive 2019 qui crache 380 chevaux et un couple de 369 lb-pi avec un moteur de 3,0-litres turbo effectue, elle aussi, le 0 à 100 km/h en 4,3 secondes.
La M4 permet qu’on la règle à notre guise, lui confiant un bon degré de flexibilité quant à son caractère explosif. Tout peut être ajusté sur trois niveaux, que ce soit le moteur, la boîte de vitesses, la direction et, dans le cas de notre modèle d’essai, la suspension. Même les tuyaux d’échappement changent de mélodie selon le mode choisi.
Les divers réglages qu’offre la M4 sont amusants, certes, mais aussi très distrayants. Parfois même mélangeants. Par exemple, il est possible de confectionner un réglage M sur mesure et de l’enregistrer sous les boutons M1 et M2 situés sur le volant. Jusque là, ça va. Les choses se complexifient lorsqu’on décide de changer, par exemple, les réglages de la suspension. Un tel geste annule votre mode M favori. C’est fâchant! Bref, nous étions constamment en quête du mode de conduite parfait.
Il va de soi que la BMW M4 2020 demeure une sportive de haut calibre. Même si ses performances se font talonner par la nouvelle BMW Série 3, la M4 cabriolet est une bête visiblement plus viscérale.
Son moteur demeure sa plus belle qualité; d’une douceur remarquable, adorant révolutionner, tout en produisant une plage de couple violente située très bas dans les régimes moteurs. Une fois en mode Sport+, celui-ci chante une mélodie aigüe et musclée, une symphonie quadruple amplifiée par le délinquant système d’échappement M.
Dès le premier tour de roue, on ressent le poids imposant de la voiture, surtout sur le train arrière où repose tout le mécanisme du toit rétractable. Heureusement, les énormes pneus d’une largeur de 285 mm permettent à la M4 de mordre la chaussée et d’attaquer les virages en toute confiance. Elle dévore littéralement la route, encourageant son pilote à la pousser davantage.
Sa structure demeure solide, mais sans son toit, il est évident qu’elle perd en rigidité structurelle. Il faut dire que l’essai s’est déroulé directement après celui de la BMW Z4 2020. Il était immédiatement apparent que la nouvelle structure CLAR est plus rigide et mise au point. À ses côtés, la M4 paraît vieille et molasse au chapitre du comportement routier.
La boîte automatique quant à elle ne semble s’éveiller qu’en conduite engagée. Lorsque laissée en mode D, elle est, par défaut, lente à réagir, se permettant même de ne pas rétrograder du tout. Elle n’opère bien que lorsqu’on augmente ses temps de réaction, modulables via un bouton situé sur le levier de vitesses.
Sans surprise, ce levier est pourvu du même degré de complexité que les modes de conduite. Rares sont les voitures automatiques qui requièrent qu’on actionne le D pour l’immobiliser…
À près de 100 000 $, le cabriolet BMW M4 2020 est un bolide de luxe difficile à recommander. Elle vieillit, ce qui fait en sorte que des voitures plus modernes et performantes s’offrent à prix semblables, ou même moindres. Nous pensons, entre autres, au cabriolet Mercedes-Benz C63 S. Même qu’à 118 000 $, notre modèle d’essai n’était pas loin d’une Porsche 911 convertible.
De plus, bien qu’il s’agisse d’un biplace, la BMW Z4 M40i 2020, avec son prix de départ de 76 100 $ et ses performances presque identiques, vient soudainement voler la vedette à cette M4.
À moins que votre rêve soit de rouler en « M » les cheveux dans le vent, nous ne trouvons pas que cette déclinaison en vaille le prix. Du moins, pas avant l’arrivée de la prochaine génération. Il est grand temps que le modèle évolue.