De toute évidence, Acura ne voit pas l’urgence de renouveler complètement sa berline d’entrée de gamme, l’ILX. Pour une deuxième fois, le constructeur lui donne un nouveau style tout en maintenant sa mécanique, la même qu’en 2013.
Après des années, sinon des décennies, de quête infructueuse d’un design propre à lui, Acura s’est enfin trouvé une voie. Tout a changé depuis l’introduction du concept Precision au Salon de l’auto de Détroit en janvier 2016. J’insiste sur la date puisqu’elle est réellement importante dans l’évolution de la marque de prestige de Honda. La fameuse grille de calandre en pointe-de-diamant s’est répandue comme une traînée de poudre au sein de la gamme. Comme Honda refuse de revoir complètement l’ILX, elle se devait de se mettre à la page, avec les autres Acura. C’est exactement ce qui a été fait en 2019 pour cette berline compacte, qui passe en mode Precision.
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Acura ne lésine pas sur les moyens pour lui donner une personnalité. Les fameux phares Jewel Eye arrivent à l’avant de l’ILX avec leur puissant éclairage. Un détail aussi que j’ai particulièrement aimé : des appliques imitant le cuivre ou le bronze, je ne sais pas trop, mais l’effet est réussi. On en retrouve à la ceinture de calandre et en pointe pour l’accompagnement des antibrouillards, mais j’aurais aimé qu’elles se prolongent avec le cadre de fenestration qui lui, demeure en chrome ordinaire.
Même si la devanture de l’ILX n’est qu’un rafraîchissement, je considère que c’est une réussite esthétique. Au profil, ça se calme pas mal. En fait, on voit bien le petit écusson « A-Spec » sur l’aile avant et les jantes de 18 pouces peintes en noir, mais l’action s’arrête là. Ah oui, il y a aussi une jupe latérale plus ou moins bien intégrée au bas de caisse…
À l’arrière, le dogme Precision est un peu moins précis. Les feux adoptent une nouvelle configuration plus invitante avec une légère pointe, mais rien de très dynamique. Petite déception : malgré son tempérament sportif, l’ILX n’a qu’un seul pot d’échappement.
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À l’intérieur, l’émerveillement est plus difficile. La présentation date et dès l’ouverture de la portière, on a l’impression de reculer dans le temps. Le tableau de bord adopte des airs de soucoupe volante avec sa forme en V évasée. En 2013, je n’aimais pas l’enchâssement des deux écrans; je ne l’aime pas plus six ans plus tard. Leurs contrôles sont mal intégrés et on se demande constamment dans quel moniteur retrouver telle ou telle information. De plus, on compte une quantité excessive de boutons tous plus petits les uns que les autres. D’un point de vue ergonomique, on repassera. Avec la version Tech, toutes les commodités sont bien présentes comme les aides et assistances à la conduite. Il ne manque rien.
Je donne une bonne note au confort des sièges avant. La position de conduite s’apparente à celle accordée par une berline sportive, tout en offrant une très bonne visibilité sous tous les angles.
À l’arrière, les choses se corsent une fois de plus. Les dégagements sont limités et il est presque impossible d’y installer trois personnes. De manière générale, l’intérieur de l’ILX devrait être revu avec les plus récentes technologies implantées ailleurs dans la gamme Acura, ou même chez Honda dans des véhicules moins onéreux. Le coffre propose un volume équivalent à celui de l’Audi A3, mais passablement inférieur à celui de la berline Mercedes-Benz de Classe A.
S’il y a une chose que j’aime dans l’ILX, c’est bien son moteur. Je suis d’accord avec vous, ce n’est pas un exemple de modernisme, mais il fait toujours très bien le travail. Honda est une entreprise rationnelle d’ingénieurs qui s’est forgée une enviable réputation, notamment en course automobile, et on le sent bien avec ce quatre-cylindres de 2,4 litres. Ses 201 chevaux et son couple de 180 lb-pi sont bien présents. Comme toujours, il aime – et moi aussi – les montées en régime. Sa sonorité pourrait être plus agréable, mais elle nous laisse croire que le moteur s’amuse autant que le conducteur.
Acura choisit une transmission à double embrayage comportant huit rapports. Techniquement, le travail se fait. Deux palettes derrière le volant permettent de les changer manuellement. Plus personne – à l’exception de mon collaborateur Samuel – n’achète de boîte manuelle. Mais dans le cas de l’ILX, je pense que l’expérience serait nettement plus invitante si nous avions le plein contrôle de la transmission avec un levier lié aux rapports.
Il faut comprendre que le choix technologique d’Acura cherche davantage à favoriser l’économie de carburant et la douceur que le plaisir de conduire. Toutefois, en matière de consommation, Acura accuse un retard face à ses deux principales concurrentes allemandes; l’ILX m’a offert une moyenne de 8,2 litres/100 km, soit près d’un litre de plus aux 100 km que les deux autres.
Sur un plan plus idéologique, je m’explique mal pourquoi Honda ne propose pas une mécanique plus véloce dans l’ILX. On jase là : Honda a un 2,0-litres exceptionnel dans la Civic Type R. Pourquoi ne pas redonner des lettres de noblesse à Acura avec une version de performance? Malheureusement, j’ai bien peur que cette idée n’aboutisse jamais. En fait, je suis certain à 100 %!
Conduire une Acura est toujours une expérience intéressante. Toute la calibration de la voiture est calculée au millimètre près. Je le répète, Honda/Acura est une compagnie d’ingénieurs et ces ingénieurs ont la notion de dynamisme au bout des doigts. De plus, dans le cas de l’ILX, ils ont eu amplement le temps de la peaufiner considérant son âge! On reconnaît l’ADN de la Civic Si d’ancienne génération, dans la direction et la conduite en général. Même si le comportement date d’une autre époque, cela ne signifie en rien qu’on a perdu le plaisir derrière le volant, bien au contraire. Il faut toutefois souligner qu’on ne retrouve pas la même précision que du côté des allemandes de la même catégorie; leur modernité est palpable.
Comme je le disais, l’expérience serait plus agréable avec une boîte manuelle, mais Acura maîtrise assez bien la technologie à double embrayage. Les suspensions suivent cette approche orientée vers l’agrément, elles plantent bien l’ILX sur la route. Leur fermeté n’altère pas le confort général.
Personnellement, je pense qu’en fonction de la vocation de cette berline, elle gagnerait en personnalité si elle offrait des modes de conduite plus significatifs. Le mélange de toutes les composantes m’a donné la sensation d’être dans une voiture plus imposante qu’elle ne l’est en réalité. Cette critique peut être prise positivement ou négativement, c’est selon. Je préfère me sentir plus connecté à la voiture, surtout dans ce segment.
L’ILX se frotte aux voitures allemandes et cela comporte un risque. Les Allemands ont une approche qui, de manière générale, détermine les standards de la catégorie. L’ILX possède une certaine histoire, du moins plus longue que celle des A3 et Classe A, mais les constructeurs germaniques ont une touche unique. L’âge de l’ILX fait qu’elle prend du retard face à ces dernières. C’est bien dommage, car on sait de quoi Acura est capable lorsqu’il se donne la peine de mettre les efforts aux bons endroits – là, on n’y est plus. S’il ne veut plus être un figurant dans la catégorie, il devra faire des efforts réels, pas juste en maquillant la carrosserie.