« Je prévois changer mon Ford F-150 2017 d’ici deux ans. Comme plusieurs, je m’intéresse aux camionnettes électriques car elles répondent à mes besoins. Je me questionne toutefois sur la viabilité et, même, la concrétisation de ces produits. De semaine en semaine, elles sont toujours retardées. Est-ce que je vis dans un monde de farfadets ou puis-je espérer qu’elles arrivent un jour ? »
Bonjour. Les défis pour toutes les entreprises qui se lanceront dans le monde des camionnettes électriques sont énormes, il n’y a pas d’autres mots. On sait que, un jour ou l’autre, elles finiront par se pointer, mais quand précisément, personne n’est en mesure de le dire. D’ici deux ans, on l’espère, mais on se permet aussi d’en douter.
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Dans le contexte actuel, on peut dire que la COVID-19 a le dos large. Presque tous les constructeurs d’automobiles annoncent des reports de dévoilements et de fabrication. À ce compte, ce sont presque toutes les nouveautés qui sont atteintes, pas uniquement dans l’électrique.
Il y a cependant certains joueurs qui ont la capacité de se gérer seuls, comme Tesla avec le Cybertruck. C’est bien connu, Elon Musk n’est pas du genre à perdre son temps, même en période de pandémie. Nous l’avons vu dans sa décision de remettre en marche son usine en Californie alors même que la réglementation locale l’interdisait. Pour le Cybertruck, il a enfin choisi un emplacement pour la fabrication de la camionnette à Austin, au Texas. Et les travaux de construction iront vite, mais on doit encore savoir de quoi aura l’air le produit final. On sait que le Cybertruck n’aura pas exactement l’air du concept très angulaire que Tesla a dévoilé il y a quelques mois. Pour l’instant, il est toujours sur les rails pour respecter la projection d’un début d’assemblage quelque part en 2022.
Jetons un coup d’œil à l’autre vedette, le Rivian R1T. Avant l’arrivée de Ford dans l’équation, l’entreprise avait sensiblement la même approche que Tesla, celle de ne pas perdre de temps. L’apport de 500 millions et l’expertise de Ford aideront certainement Rivian à terme, mais, pour le moment, c’est plutôt le contraire. On sait de source sûre que la lourdeur administrative du géant américain est entrée par la grande porte chez Rivian. Le petit constructeur n’a donc plus les coudées franches pour accélérer les processus, on travaille maintenant à la vitesse Ford. Le R1T était prévu pour 2021, c’est toujours le cas, mais à la fin de 2021, si tout va bien, et si la COVID-19 ne vient pas compliquer les choses encore plus. Au final, le R1T n’arrivera pas chez nous avant les premiers mois de 2022.
Toujours dans une optique de partenariat, Nikola est sur le point de signer une entente avec GM. On en parle depuis plusieurs semaines, mais le contrat, qui devait se concrétiser le 30 septembre, ne porte toujours pas toutes les signatures administratives. Au moins l’intérêt y est. Pour ce qui est du Nikola Badger, il a certainement un bel avenir devant lui. Déjà l’entreprise affiche une certaine viabilité ; l’apport de GM, bien que la machine soit grosse, sera positif à terme tout comme le mariage Rivian/Ford. Il faut également souligner que, outre son Badger électrique alimentée par batterie, Nikola proposera également une camionnette électrique à pile à combustible à hydrogène. Le modèle devait être présenté en première mondiale ce mercredi, mais la réglementation en vigueur en Arizona quant à la taille des rassemblements ne permet pas la présentation initialement prévue par l’entreprise. On nous dit tout simplement que c’est repoussé à une date ultérieure, sans la préciser. Tout comme pour Tesla et Rivian, nous croyons en l’avenir de Nikola.
Les constructeurs américains mettent leur nez dans les affaires des entreprises émergentes, mais travaillent aussi de leur côté au lancement de camionnettes électriques dans leur propre gamme. C’est le cas de Ford avec son F-150 électrique et de GM avec le GMC Hummer EV. On ne connaît à peu près rien des deux véhicules, mais on sait qu’ils seront produits. À ce compte, Ford semble être légèrement en avance en raison du fait qu’elle proposera un produit à la configuration plus classique, ce qui risque de plaire davantage aux acheteurs traditionnels. Du côté de GM Canada, nous devrons attendre une année de plus que les Étatsuniens. Dans les meilleures projections, dans le contexte du moment, on peut espérer pour 2023. Chez Ford, l’année modèle 2022 demeure l’objectif.
Et puis, il y a toutes les autres entreprises émergentes comme Atlis, Neuron EV, Workhorse, Lordstown et Bollinger dont le doute subsiste en ce qui me concerne. On sait qu’elles travaillent toutes très fort, et qu’elles adoptent une approche plutôt orientée vers les travaux. En visant ce marché, elles s’adressent à un milieu très conservateur, largement dominé par les trois grands. Par simple esprit de diversité, j’espère ardemment qu’elles réussiront à percer, car certaines d’entre elles sont très innovantes. À moins d’une grosse commande ferme ou d’un important soutien financier tiers, je vois mal comment ces entreprises pourraient réussir à s’imposer face aux autres qui ont une énorme machine de commercialisation derrière elles.
Le mieux que je peux vous dire c’est d’attendre. Plusieurs de ces projets finiront par concrètement voir le jour, mais quand ? Nous avons aussi hâte que vous !
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