Récemment, j’écrivais un texte d’actualité sur l’entreprise ONE. Cette entreprise émergente du Michigan venait de parcourir plus de 1 200 kilomètres, en hiver, au volant d’une Tesla Model S équipée d’une toute nouvelle batterie à très longue portée. Quelques jours avant, mon collègue, Luc-Olivier, couvrait le dévoilement du concept Mercedes-Benz Vision EQXX qui promet une autonomie allant jusqu’à 1 000 kilomètres.
Tout cela m’a fait réfléchir. Si, en très peu de temps, l’autonomie des véhicules électriques a évolué à ce point, à quoi pouvons-nous nous attendre au cours des cinq, dix et, même, vingt prochaines années ? Est-il possible d’évoquer un monde où l’on pourra parcourir la distance entre Montréal et Toronto aller-retour au volant d’un véhicule électrique sans devoir faire une recharge en chemin ? Cette réalité pourrait arriver beaucoup plus rapidement qu’on pense.
Quand l’électrique rendra le thermique désuet
L’évolution de la voiture électrique me rappelle celle du téléphone cellulaire. Au début, les cellulaires étaient gros, lourds, compliqués et pas très abordables. Leur batterie ne durait pas très longtemps, les forfaits étaient peu nombreux, et la réception était loin d’être parfaite.
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Ç’aura pris du temps – presque 20 ans d’ailleurs – pour que le téléphone cellulaire passe du statut de commodité pour les riches à un objet utilisé par tous. Au fil du temps, les téléphones cellulaires sont devenus plus compacts, plus performants et plus abordables. Les infrastructures se sont améliorées, et plusieurs entreprises se sont mises à les produire, permettant ainsi de réduire les coûts de production. Le téléphone cellulaire est devenu tellement convivial et accessible qu’il a, après plusieurs années d’évolution, presque entièrement remplacé le téléphone filaire.
Il se passera exactement la même chose avec la voiture électrique.
Les mêmes gérants d’estrade
Quand j’écoute les commentaires désobligeants sur les véhicules électriques, je ne peux faire autrement que de les comparer aux commentaires sur les téléphones cellulaires durant les années 1980 et 1990.
On peut facilement remplacer les « ça donne le cancer », « c’est cher », et « il n’y en a pas partout » par des « l’hiver tu perds trop d’autonomie », « il n’y a pas suffisamment de bornes » et, mon préféré, « si ma batterie tombe à plat sur la route, je ne peux pas aller chercher de l’électricité à la station-service du coin dans mon jerrican. »
Mais ce que ces gérants d’estrade ne semblent pas réaliser, c’est qu’un jour, l’auto électrique sera tellement puissante, tellement efficace et tellement accessible, qu’on regardera l’auto mue par un moteur thermique de la même manière qu’on regarde aujourd’hui le téléphone filaire.
Imaginez un monde où, au moment de débrancher votre véhicule, l’ordinateur de bord affiche une autonomie de 5 000 kilomètres. Imaginez maintenant que vous pouvez partir de Montréal et vous rendre à Vancouver sans devoir vous arrêter pour effectuer une recharge. Mieux que ça : imaginez un véhicule qu’on ne branche qu’une seule fois dans le mois à la maison et qui nous permet d’aller où bon nous semble – remorquer, charger, performer – sans devoir dépendre des bornes de recharge publiques ?
C’est vers là qu’on s’en va.
Batterie à très grand capacité contre recharge rapide
Cette vision du futur apporte un autre argument important à la discussion : qu’en est-il des bornes de recharge publiques qui ne font que se multiplier partout dans le monde ? Deviendront-elles inutiles à l’avenir ?
On comprend que, dans l’immédiat et durant les quelques années à venir, la borne de recharge publique sert de commodité pour les usagers de véhicules électriques qui doivent parcourir de longues distances. Elles ont aussi la tâche d’assurer la tranquillité d’esprit. On se sent plus en confiance quand on sait qu’il y a des bornes de recharge en chemin.
Les bornes évoluent toutefois à un rythme éclair. En très peu de temps, nous sommes passés de bornes capables d’envoyer seulement 50 kilowatts de puissance jusqu’à des bornes rapides capables de déployer jusqu’à 350 kilowatts.
Or, bien que le concept d’une batterie à très grande capacité soit alléchant, leur développement pourrait être freiné par l’arrivée de bornes de recharges très performantes et de véhicules compatibles. Celles-ci nous éviteraient de devoir équiper les véhicules de batteries plus capables qu’ils n’en ont réellement besoin, et ainsi permettre de mieux exploiter les ressources nécessaires à leur fabrication.
Si un véhicule électrique dont la capacité de la batterie est de 64 kilowattheures, qui octroie une autonomie d’environ 400 kilomètres, peut être ravitaillé en moins de 10 minutes, aurons-nous besoin d’augmenter l’autonomie des batteries à l’avenir ?
Les réponses à ces questions n’arriveront que le jour qu’une des deux technologies aura fait un bond considérable en matière d’évolution. Chose certaine, tout comme l’époque où on nous chargeait à la minute pour l’utilisation du téléphone cellulaire, l’époque des courtes autonomies et des bornes qui nécessitent des heures à recharger un véhicule électrique n’est que de passage dans nos vies.
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