Les journalistes de RPM se prononcent quant à leur vision de ce qu’est maintenant Tesla en tant qu’entreprise.
Pierre Michaud
À mon avis, on peut oublier le mot « start-up » pour Tesla. Avec un demi-million de ventes en 2020, trois giga-usines en construction, une capitalisation monstre et, surtout, un produit en constante progression vraiment très en avance sur la concurrence. La réalité ? Tesla est vraiment en train de changer le monde avec ses voitures électriques.
Tout cela sans parler de son réseau de bornes de recharge partout dans le monde, extraordinairement efficace. Jadis regardée de haut par une industrie de l’automobile méprisante envers l’électrification des transports, Tesla est maintenant le modèle à suivre… ou à copier.
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D’ailleurs, les chiffres de ventes ne mentent pas en 2020. Il s’agit d’une année atypique où seule Tesla a connu une augmentation fulgurante de ses ventes. Le reste de l’industrie fait face à une baisse moyenne de 20 %. Sans l’ombre d’un doute, il s’agit d’une véritable catastrophe en cette période où l’industrie a cruellement besoin de capitaux pour financer son retard technologique et logistique face à ce redoutable concurrent.
Mais, il y a un hic dans tout cela. Tesla devra démocratiser son produit et, surtout, développer une relation d’affaires avec l’énorme marché de l’entretien après garantie. Ce braquage systémique n’augure rien de bon à long terme pour Tesla et retarde le marché gigantesque de l’entretien automobile qui doit s’adapter à cette nouvelle réalité qu’est l’électrification. Comme quoi, le passage de l’adolescence au monde adulte n’est jamais facile.
Luc-Oliver Chamberland
Au moment d’écrire ces lignes, l’action de Tesla (TSLA) se négociait à 811 $. La capitalisation de l’entreprise était évaluée à plus de 768 milliards de dollars américains. Exactement au même moment, celle de Volkswagen AG était évaluée à 94 milliards de dollars américains. En 2020, Tesla a produit un peu plus de 509 000 véhicules (499 550 livrés), Volkswagen a construit plus de 10 millions de véhicules de PLUS que Tesla. En 2020, Tesla a rejoint le groupe extrêmement sélect du S&P 500. Pour être dans ce club, on doit être l’une des 500 entreprises les plus évaluées aux États-Unis. De plus, simple statistique personnelle pour l’actionnaire principal de Tesla, Elon Musk, au 7 janvier 2020, il est devenu l’homme le plus riche du monde. Sa fortune est maintenant évaluée à près de 190 milliards de dollars américains. Il passe ainsi devant les Jeff Bezos et Bill Gates de ce monde.
À la lumière de cette orgie de chiffres, est-ce que Tesla est toujours une « start-up » ? La production n’est certainement pas la plus importante, mais considérant la jeunesse du constructeur, elle est assez élevée et est appelée à croître très rapidement. Au cours des prochains jours, la production à l’usine de Shanghai sera ouverte. En 2021, ce sera au tour des installations européennes à Berlin d’ouvrir. En 2022, on revient aux États-Unis avec l’usine d’Austin au Texas, principalement pour le Cybertruck. Donc, non, Tesla est tout sauf une start-up chancelante aux finances fragiles.
Samuel Lessard
Non, Tesla n’est plus une start-up. En fait, pour ceux et celles qui avaient encore des doutes, le bilan de l’année 2020 vient d’enterrer le vocable « start-up » pour de bon. En effet, avec environ 500 000 véhicules produits en 2020, malgré la pandémie, on est loin de l’entreprise émergente.
On s’approche même de grands constructeurs de luxe établis depuis longtemps dans divers marchés et qui ne sont plus considérés comme des start-ups par personne. C’est notamment le cas de Jaguar Land Rover qui a vendu environ 560 000 véhicules en 2019. Comme la production de Tesla ne fera que monter dans les prochaines années, ce n’est qu’une question de temps avant que le constructeur californien ne prenne les devants.
L’endroit où Tesla fait encore piètre figure, c’est en matière de qualité d’assemblage. Des panneaux mal ajustés, des garnitures qui se décrochent, des vis manquantes dans les fausses ailes ; bref, ce n’est pas parce que le constructeur n’est plus une entreprise émergente en matière de vente que ses produits n’évoquent pas un fabricant débutant. Même si nous sommes prêts à pardonner certains accrocs considérant le jeune âge de la compagnie et la performance de la technologie électrique, le constructeur doit aligner ses flutes dans les prochaines années pour améliorer la qualité de ses produits.
Sylvain Raymond
On est loin de l’époque où Tesla commercialisait le Roadster, un coupé sport électrique dont la production était pratiquement artisanale. C’est véritablement en 2010 que l’entreprise a pris son envol avec l’arrivée de la Tesla Model S, sans aucun doute le véhicule le plus intéressant jamais produit par le constructeur. Il faut avouer qu’en 10 ans, Tesla a réussi tout un exploit en s’imposant parmi les grands et, surtout, en ne misant que sur des véhicules électriques.
Avec un nombre de modèles grandissant et une production qui atteint le niveau des grands constructeurs, on peut définitivement affirmer que Tesla quitte le statut de start-up. C’est d’ailleurs ce niveau de maturité qui est en partie responsable des problèmes des plus récents modèles de la marque. Une pression énorme pour sortir rapidement les nouveautés, des objectifs de production ambitieux, des investisseurs qu’il faut contenter, une profitabilité à atteindre, voilà le lot des impératifs avec lesquels les grands constructeurs doivent composer et qui semblent échapper à Tesla. Si les amateurs de marque sont prêts à pardonner plusieurs choses aux produits, ce n’est pas le cas quand on vend à Monsieur Tout-le-monde. Voilà le défi de Tesla.
William Clavey
Considérant le fait que la Tesla Model 3 est actuellement la voiture électrique la plus vendue à l’échelle mondiale, et que le constructeur a vendu pas loin de 500 000 véhicules en 2020, je suis prêt à dire que Tesla est désormais un grand constructeur d’automobiles. Ajoutez à cela pas moins de quatre usines du type « Giga » situées au Nevada, dans l’État de New York, en Chine et en Allemagne, sans compter une cinquième qui est actuellement en construction au Texas pour l’éventuelle production du Cybertruck — dont les carnets de commandes sont déjà bien remplis — et il est clair que Tesla n’est plus qu’une simple entreprise émergente californienne.
À titre de référence, il s’est vendu un peu plus de 165 000 Tesla Model 3 sur le territoire nord-américain en 2020 (Canada et États-Unis), contrairement à 16 000 Chevrolet Bolt EV et 7 800 Nissan LEAF. Il va de soi que Tesla joue désormais dans la cour des grands et qu’elle se positionne maintenant parmi les constructeurs les plus importants de l’industrie de l’automobile moderne.
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