Imaginez le scénario, vous débarquez dans un autre pays, on vous remet les clés d’un véhicule neuf, parfois de très grande valeur, et hop, on vous demande de suivre l’itinéraire indiqué et de rapporter le véhicule en un seul morceau. Ça peut sembler une partie de plaisir, mais arriver en Angleterre, prendre les clés d’une Jaguar avec conduite à droite, circuler dans la voie de gauche et entrer à l’envers dans les carrefours giratoires, c’est une expérience drôlement troublante!
D’ailleurs, on me demande régulièrement comment se compare la conduite d’un véhicule dans les autres pays par rapport à celle au Québec et si c’est mieux ailleurs. Pas facile de répondre, chaque peuple possède sa « culture automobile », sa manière de conduire et bien entendu, ses travers et plaisirs. Durant ma carrière de journaliste automobile, j’ai eu la chance de côtoyer plusieurs cultures. À certains endroits c’est carrément la jungle, ailleurs, le respect est incomparable.
Le Japon, le paradis du respect
Ah le Japon! Quelle belle culture basée sur le respect de l’autre, et cette philosophie est bien visible sur la route. Les conducteurs sont toujours courtois, jamais on n’entend de klaxons et les cas de rage au volant doivent être aussi rares que l’élection d’un pape.
Je me souviens d’une fois, nous étions en direction du Salon de l’auto de Tokyo et nous nous sommes retrouvés dans une longue file d’attente de plusieurs kilomètres dans le but d’effectuer un virage à droite pour rejoindre l’édifice de l’exposition. Durant notre attente, aucun véhicule, mais bien aucun véhicule, n’est arrivé de la seconde voie afin de tenter de se faufiler, que ce soit à la dernière minute ou même à bonne distance du feu de circulation. Les conducteurs attendaient patiemment leur tour. Au Japon, couper une file pour gagner quelques minutes est impensable. Mon collègue et moi étions bouche bée, sachant très bien comment les choses se seraient déroulées ailleurs... Ce respect de l’autre apporte une conduite beaucoup moins frustrante et surtout, plus sécuritaire. Malgré la circulation dense – il y a 9,3 millions d’habitants dans la grande région de Tokyo - c’est un véritable plaisir que de conduire au Japon.
Extrait du code de la sécurité routière au Barehm
L’Italie, très proche du Québec
L’Italie m’a pratiquement fait sentir comme au Québec. Les conducteurs semblent avoir le sang aussi bouillant et les mêmes gènes que Gilles Villeneuve. À bord de leurs petites voitures - on voit beaucoup moins d’autos sport ou de voitures de luxe qu’ailleurs en Europe - ils aiment conduire vite, particulièrement sur les routes de campagne. Une législation très peu permissive tempère les ardeurs, mais il n’est pas rare de voir des dépassements malgré une ligne double pendant que l’autre conducteur sort le bras par la fenêtre en criant quelques bêtises. Conduire en Italie demeure une belle expérience, les Italiens sont des passionnés de la route et rares sont les occasions où je me suis retrouvé bouchonné derrière quelques lambins. Même les camions semblent rouler à l’essence Ferrari!
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L’Allemagne, les autobahns et un code de conduite bien compris
Assister à un lancement en Allemagne demeure un plaisir renouvelé chaque fois, ce sont mes expériences de conduite de prédilection. Les Allemands voient la conduite d’un véhicule comme une activité qui demande une discipline et une grande attention. C’est surtout le respect d’un code de conduite tacite qui tranche du Québec. Sur les autoroutes, les camions sont dans la voie d’extrême droite, laissant la voie du centre pour le flot de circulation principal. La voie de gauche? C’est uniquement pour dépasser. Dès que vous vous approchez plus rapidement, le conducteur qui vous précède se déplacera automatique dans la voie du centre afin de vous laisser le passage. On semble comprendre qu’un conducteur qui veut aller plus vite que nous n’est pas un fou du volant ou notre pire ennemi.
Il y a aussi les autobahns qui dans certaines portions sont exemptent de limites de vitesse. C’est assez dérangeant de circuler à plus de 200 km/h en toute légalité et de se dire qu’au Québec, on serait vu comme un grave criminel. D’ailleurs, les limites sont plus élevées et on a le sentiment qu’elles sont modulées en fonction de notre sécurité, et non pas pour remplir les coffres de l’État. À l’approche d’une courbe plus prononcée ou d’une zone plus dense, elles peuvent passer de 120 km/h à 80 km/h et on voit inévitablement les conducteurs freiner pour les respecter. L’Allemagne représente pour moi l’endroit le plus agréable à circuler, on y retrouve une passion pour la conduite automobile hors du commun.
Et au Québec?
Au Québec, le principal problème c’est notre difficulté à tenir compte des autres, que ce soit entre les conducteurs, camionneurs, piétons ou cyclistes. Pas étonnant que chaque débat sur le sujet s’enflamme. C’est comme si dans notre bulle, on devient inconscient de la réalité des autres. Toutefois, nous avons la réputation d’être des passionnés du volant, tant dans notre conduite que dans nos habitudes d’achat fortement inspirées de l’Europe.
La pire contrée?
Le pire endroit où j’ai conduit? La Tunisie. C’est une vraie jungle où règne l’instinct de survie. Les lignes doubles n’existent pas et je ne peux compter le nombre de fois où j’ai vu des conducteurs dépasser sur une petite route malgré l’arrivée d’un véhicule en sens inverse. C’était la cohue totale, mais je me suis adapté rapidement, oubliant subitement tout ce que j’avais appris dans mes cours de conduite afin d’embrasser la conduite locale. Imaginez le retour au Québec par la suite!
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