Sans surprise, la crise de la COVID-19 aura eu un impact majeur sur les constructeurs automobiles. L’arrêt soudain des lancements de nouveaux modèles, l’annulation et le report de plusieurs grands salons et la suspension temporaire des usines d’assemblage forcent les grandes marques automobiles à remettre en question leur positionnement dans le secteur industriel, sans oublier le nombre flagrant de mises à pied qui en découlent.
Nissan, malgré un arrêt presque entier de son secteur manufacturier, continue d’innover en s’adaptant aux nouvelles réalités d’isolement. RPM a été invité à une table ronde virtuelle en compagnie de quelques employés de chez Nissan Canada, ainsi que de Bob Flotkoetter, directeur de la planification et de la recherche technologique au Nissan Technical Center North America (NTCNA), afin d’en apprendre davantage sur les opérations d’ingénierie en temps de crise.
Flotkoetter ne nie pas que les défis auxquels nous faisons face ont un impact direct sur le développement des nouveaux produits de la marque. Il affirme cependant maîtriser la situation, et que les projets avancent au rythme habituel, même si 80 % du personnel travaille actuellement depuis la maison.
« Pour le moment, aucun de nos développements de véhicule n’est retardé. Il est toutefois encore trop tôt pour mesurer les effets à long terme de la situation », nous a mentionné Flotkoetter en entrevue via Zoom.
Situé à Farmington Hills au Michigan, le NTCNA est le noyau central du développement de la majorité des véhicules Nissan et Infiniti commercialisés en Amérique du Nord. C’est là que la conception, la mise au point et les essais d’ingénierie se déroulent, partant de simples projets conceptuels jusqu’à des véhicules prêts à être intégrés sur le marché.
- À LIRE AUSSI : C’est officiel, la Nissan Versa fait un retour pour 2020
- À LIRE AUSSI : La COVID-19 a un impact sur l’industrie automobile
Mais comment fait-on pour développer une voiture depuis la maison?
Flotkoetter admet que son équipe doit faire preuve d’imagination en cette période difficile. Par exemple, les véhicules de test, aussi connus dans l’industrie comme « mules », sont apportés à la maison. Les tests routiers poursuivent leurs cours, et des conférences virtuelles permettent un partage de données entre collègues.
Idem pour le développement de composantes technologiques comme les systèmes multimédias, ordinateurs et systèmes électriques des véhicules. Les concepteurs apportent les composantes à la maison afin de continuer le perfectionnement de celles-ci. Lorsqu’interrogé au sujet du besoin de retourner au centre afin de s’approvisionner en pièces, Flotkoetter a répondu que le NTCNA applique de strictes procédures d’accès qu’à un nombre très restreint d’employés.
C’est la même histoire pour les essais dynamométriques et d’émissions des GES. Étant incapables d’effectuer ces tests depuis leur domicile, un nombre très limité d’ingénieurs se déplacent vers le centre, tout en respectant la consigne de proximité de deux mètres.
Le directeur a toutefois avoué que le contexte actuel engendre des défis impossibles à détourner. Par exemple, lors du développement des systèmes d’aide à la conduite semi-autonome, les concepteurs et ingénieurs n’ont pas pris en considération les rues désertes et l’absence quasi complète d’une congestion routière, les empêchant ainsi de reproduire des situations réelles.
Flotkoetter nous a également confié que la priorité de son organisation à l’heure actuelle est l’approvisionnement de la part des fournisseurs de pièces. Pour l’heure, le centre n’éprouve toujours pas de manques de ressources.
Il faut avouer que bien que la situation soit complexe pour tous les constructeurs automobiles, elle l’est particulièrement pour Nissan qui accuse un retard technologique considérable face à sa concurrence. La plupart des véhicules de sa gamme sont désuets et doivent être entièrement repensés s’ils désirent demeurer pertinents aux yeux des consommateurs.
Bien que le constructeur ait confirmé l’arrivée de nouvelles moutures du Pathfinder, du Frontier, du Rogue, de la 370Z et de l’Armada – sans oublier de nouvelles architectures électriques - la crise de la COVID-19 obstrue toute intention de faire évoluer l’entreprise.
Rappelons-le, depuis le début de l’année, les ventes de Nissan ont chuté de près de 36 %. Quant à sa division de luxe Infiniti, on parle d’une baisse de près de 50 %. De plus, l’entreprise vient d’exiger de ses prêteurs une somme de 500 milliards de yens (6,5 milliards de dollars) afin de poursuivre le développement de nouveaux produits.
POURRAIT VOUS INTÉRESSER
VIDÉO : Au volant de la Nissan Sentra 2020