Dans le cadre du Consumer Electronics Show (CES) que nous avons malheureusement dû couvrir à distance en raison de la pandémie, RPM s’est entretenue avec les gens de VinFast afin d’en apprendre davantage sur sa stratégie de commercialisation canadienne.
Le sujet qui nous a le plus interpellés a été celui de son modèle d’affaires proposant des batteries en location. Est-ce une stratégie viable ? S’agira-t-il d’une nouvelle manière de vendre et d’acheter un véhicule électrique ? Voici quelques explications.
Si VinFast réussit à commercialiser ses véhicules au moment prévu, c'est-à-dire d’ici l’automne, elle pourrait bel est bien devenir le premier constructeur d’automobiles à proposer un modèle d’affaires du genre sur notre marché.
Plus de pouvoir d’achat au consommateur
Le fait de pouvoir offrir aux consommateurs l’option d’acheter un véhicule sans batterie, puis de lui permettre d’en louer une en vertu d’un abonnement séparé, permet au constructeur de dissocier les coûts de production de la batterie de ceux du véhicule.
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De cette manière, le constructeur a plus de latitude pour entrer sur le marché avec une échelle de prix plus agressive que celle de la concurrence. Mais la question se pose : les véhicules électriques de VinFast seront-ils réellement moins chers que les autres ?
Hans Ulsrud, directeur des Ventes pour VinFast au Canada, n’a pas voulu se prononcer sur les prix qu’afficheront les véhicules, mais il nous assure que les consommateurs n’auront jamais vu des véhicules électriques à un prix aussi bas dans leur segment respectif.
« Vous n’avez pas idée à quel point les coûts de développement et de production des batteries sont élevés pour un constructeur d’automobiles. En séparant les batteries des véhicules, nous (VinFast) serons en mesure de proposer des prix clairement plus bas que ceux de nos principaux concurrents », a-t-il expliqué durant notre entretien.
Mais cette stratégie ne serait-elle pas une manière déguisée pour un constructeur d’enregistrer plus de profits ? Après tout, même si le prix du véhicule est plus bas, le consommateur doit tout de même payer son abonnement à son fournisseur de batteries.
Toujours une batterie fraîche
M. Ulsrud nous a expliqué que non, au contraire, le fait de séparer le prix de l’auto de celui de la batterie permet aussi d’ajuster leur prix séparément au fil du temps. Il avance que VinFast fournira à la fois ses propres batteries, mais aussi celles de fournisseurs tiers, ce qui lui permettra ainsi d’offrir des mensualités plus alléchantes. En outre, moins les batteries coûteront cher à produire, plus les coûts des abonnements pourront être modifiés en conséquence.
« Le prix des batteries volera de ses propres ailes, au lieu d’être intégré aux coûts de production globaux du véhicule », a dit Hans Ulsrud.
Il a ensuite réitéré le fait que le consommateur demeure le seul vrai gagnant dans ce genre de modèle d’affaires. Par exemple, VinFast offre le remplacement de la batterie si elle démontre une dégradation de plus de 70 %. Étant donné que le client paie un abonnement mensuel au constructeur, ce dernier est dans l’obligation d’offrir un service, c'est-à-dire de fournir une batterie en bon état et de la même capacité, ou mieux, si c’est le cas.
À l’avenir, VinFast aimerait diversifier ses fournisseurs afin d’offrir aux consommateurs un plus vaste choix dans la capacité et la qualité des batteries. Elle explique que ses véhicules seront conçus pour recevoir des capacités de tous genres, leur permettant ainsi d’évoluer dans le temps. Une nouvelle giga-usine de batteries, prévue aux États-Unis en 2024, permettra au constructeur – selon ses dires – de réduire ses coûts de production au minimum.
Comme un téléphone cellulaire
Il se peut fort bien que le modèle d’affaires de VinFast soit un précurseur du marché des véhicules électriques de demain. Si l’on observe la situation actuelle, on constate que certains propriétaires changent de modèle simplement parce qu’ils veulent plus d’autonomie. Les batteries évoluent rapidement. Fusionner au véhicule une batterie qui deviendra rapidement désuète n’a aucun sens.
Nous observons d’ailleurs de plus en plus de propriétaires de Nissan LEAF qui font affaire avec un spécialiste tiers pour remplacer leur batterie par un modèle plus performant.
VinFast explique que son modèle d’affaires fonctionnera au même titre que celui des télécommunications avec les téléphones cellulaires. Le consommateur achète d’abord son appareil – dans ce cas-ci une voiture – et s’abonne ensuite à un forfait de batterie. Comme le forfait d’un téléphone cellulaire, la batterie agit à titre de service.
Le constructeur offre ensuite la possibilité de tout regrouper en une seule mensualité, avec la solution d’apporter des modifications à son abonnement en cours de route. De cette manière, le consommateur n’a pas à subir les conséquences d’une batterie désuète, et peut, en théorie, conserver son véhicule plus longtemps.
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