S’il y a bien un domaine où des clarifications doivent être apportées en ce qui a trait à la différence entre les véhicules à essence et les véhicules électriques, c’est lorsqu’il est question de l’hiver.
Commençons par expliquer pourquoi les véhicules électriques et à essence sont moins efficaces en hiver.
D’où vient la perte d’autonomie hivernale?
D’entrée de jeu, il est important de savoir que les véhicules sont généralement conçus pour fonctionner de manière optimale à une température avoisinant 15 à 20 degrés Celsius. C’est ainsi que des températures de -30 ou -40 degrés Celsius représentent une certaine forme d’agression pour ces véhicules, que ceux-ci soient électriques ou à essence. D’ailleurs, on pourrait en dire de même des humains!
Autonomie électrique en hiver
Une autonomie officielle de 200 ou 400 kilomètres signifie que ce véhicule électrique aura une autonomie moyenne de 200 ou 400 kilomètres. Ainsi, si vous pouvez parcourir jusqu’à 40 % plus de kilomètres dans les meilleures conditions en été, vous pouvez vous attendre à perdre jusqu’à 40 % voire 50 % d’autonomie en hiver.
Cela dit, l’hiver, ce n’est pas toujours -30 ou -40 degrés Celsius. Il peut très bien faire -8 degrés ou même 5 degrés. Ça arrive parfois dans la même journée C’est ainsi qu’avec le temps vous découvrirez que votre voiture électrique peut perdre de 10 % à 40 % d’autonomie en conditions hivernales, dépendant de votre conduite, de votre utilisation du chauffage de la voiture… et des conditions routières.
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Du côté d’un véhicule à essence, on ne pense pas en termes d’autonomie, mais plutôt en termes de consommation. D’après l’EPA, une baisse de température de 24 °C à 7 °C peut accroître la consommation de carburant pour les déplacements en ville de 12 à 28 %.1Et plus il fait froid, plus cette consommation augmente. C’est ainsi qu’un véhicule à essence dont la cote de consommation officielle (selon Ressources naturelles Canada ou l’EPA) est de 8 L/100 km verra sa consommation augmenter jusqu’à 12 L/100 km dans les pires conditions hivernales. Autrement dit, sa consommation augmentera jusqu’à 50 %... dépendant là aussi de votre conduite et des conditions routières.
J’ai d’ailleurs fait le test avec des livreurs d’une chaîne de restaurants dont les véhicules de livraison à essence voyaient leur consommation augmenter jusqu’à 10,5 L/100 km alors que la cote de consommation officielle de leurs véhicules tournait autour de 7,2 L/100 km, ce qui représentait une augmentation de 46 %.
Autrement dit, les véhicules à essence, tout comme les véhicules électriques voient leur consommation d’énergie augmenter et donc leur autonomie diminuer de manière importante en hiver.
Il y a plusieurs raisons à cela.
Plus de friction : Certaines pièces mobiles des véhicules à essence ainsi que des véhicules électriques souffrent d’une augmentation de la friction due au froid. Le moteur à combustion interne et la transmission de la voiture à essence y sont particulièrement vulnérables. Il faut d’ailleurs faire attention au démarrage d’un véhicule à essence par temps très froid, car les exemples de moteur et de transmission qui ont subi des bris à cause de la friction hivernale abondent. Il m’est d’ailleurs personnellement déjà arrivé de voir le moteur de ma voiture à essence saisir lors d’un petit matin de janvier… ce qui m’avait coûté une petite fortune en réparation.
Du côté de la friction au sein du moteur électrique, ce n’est pas vraiment un enjeu, celui-ci étant peu affecté par le froid grâce à sa simplicité et le très faible nombre de pièces mécaniques. En effet, un moteur électrique peut compter jusqu’à 10 fois moins de pièces mécaniques qu’un moteur à essence. Quant au système de transfert d’énergie vers les roues des véhicules électriques, celui-ci étant beaucoup plus simple que dans un véhicule à essence (il n’y a pas de transmission à proprement parler), les risques de bris sont à peu quasi inexistants.
Évidemment, l’augmentation de la friction due au froid des pièces de suspension ou de direction affecte les véhicules à essence aussi bien que les véhicules électriques.
De mauvaises conditions routières : Une autre raison de la perte d’efficacité des véhicules à essence ou électriques est le manque de friction des roues dues aux mauvaises conditions routières. Donc plus vous patinez, plus vous gaspillez d’énergie. Or, les roues qui patinent sont monnaie courante en hiver entre autres à cause de la neige, de la glace, des nids-de-poule… et des enlisements. Selon l’EPA, de mauvaises conditions routières peuvent augmenter la consommation de carburant de 7 à 35 %.
Essence : une densité énergétique moins élevée en hiver
Selon Ressources naturelles Canada « la composition de l’essence est ajustée selon la saison et la région en fonction de données antérieures sur les températures. Un litre d’essence renferme habituellement de 1,5 à 3 % moins d’énergie en hiver qu’en été ».
Plus de résistance électrique en hiver
Plus il fait froid, plus les accessoires électriques seront sollicités : essuie-glaces, lave-glace, chauffage, lumières intérieures, sièges chauffants, volant chauffant, etc., ce qui affectera là encore la consommation d’énergie d’un véhicule à essence ou électrique.
La densité de l’air augmente avec le froid : Le saviez-vous? De +30 degrés à -30 degrés Celsius, la densité de l’air augmente d’environ 25 %. Concrètement, cela signifie qu’un véhicule a besoin de plus d’énergie pour « fendre l’air ». Et moins un véhicule est aérodynamique, plus sa consommation sera affectée par la densité de l’air par temps froid. Ce seul facteur peut contribuer à faire augmenter la consommation d’un véhicule de 1 à 3 %.
Les pneus d’hiver augmentent la consommation : Il est bien connu que les pneus d’hiver augmentent la consommation d’un véhicule. Avez-vous déjà fait un test de consommation avant et après avoir posé vos pneus d’hiver? Celle-ci peut être affectée de 5 à 10 %. Qui plus est, la pression des pneus diminuant avec le froid, votre consommation sera affectée à la hausse. Vous devez donc vérifier leur pression au moins une fois par mois en hiver.
Le chauffage
Lorsqu’il est question de chauffage de l’habitacle, les véhicules à essence ont un avantage sur les véhicules électriques grâce… à leur inefficacité énergétique. En effet, une grande partie de l’énergie des véhicules à essence étant généralement gaspillée sous forme de chaleur, les constructeurs ont eu la bonne idée de récupérer une partie de celle-ci pour réchauffer l’habitacle. Les véhicules électriques dégageant beaucoup moins de chaleur, un système de chauffage distinct est donc nécessaire, ce qui utilise une partie de l’énergie de la batterie.
D’où l’intérêt de préchauffer la voiture électrique avant de prendre la route. En démarrant le chauffage alors que la voiture est branchée à la borne, vous utiliserez l’électricité de la maison plutôt que celle de la batterie, ce qui fera en sorte que vous garderez plus d’énergie pour la route.
Cela fera aussi en sorte de réchauffer l’habitacle et de dégivrer la voiture sans polluer, contrairement aux démarreurs à distance des véhicules à essence qui contribuent à augmenter significativement la pollution atmosphérique et les GES d’un véhicule à essence. Selon Ressources naturelles Canada, « laisser tourner le moteur au ralenti pendant plus de 30 secondes ne présente aucun avantage pour le véhicule. Dix minutes de marche au ralenti consomment entre 0,25 et 0,50 litre de carburant et produisent de 600 à 1 200 grammes de CO2 selon le type de véhicule et les conditions ».
Autrement dit, que l’on soit en véhicule électrique ou à essence, l’hiver n’est pas toujours facile.
1 : https://www.rncan.gc.ca/energie/efficacite/efficacite-energetique-pour-les-transports-et-carburants-de-remplacement/choisir-le-bon-vehicule/conseils-pour-lachat-dun-vehicule-ecoenergetique/facteurs-ayant-des-repercussions-9
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