Volvo a dévoilé l’EX90 en novembre 2022. Il y a déjà un certain temps qu’on l’attend. On espérait l’avoir pour l’année modèle 2024, mais non, c’est un 2025. Comme il s’agit d’un modèle de la série 90, l’EX ne fait pas que diversifier la gamme, il est le nouveau porte-étendard de la marque, c’est lui qui montre la route à suivre pour les prochaines années.
Fait particulier, le temps de gestation de l’EX90 a été si long que son petit frère, l’EX30, aura été le pionnier de ce renouveau stylistique et de l’électrification en le devançant de quelques semaines. Comme on le dit si bien, Volvo n’a pas le luxe de se tromper avec ce modèle. C’est lui qui prend le relais du XC90 en matière de luxe et de technologie et qui trône au sommet de la gamme avec un prix de base frôlant les 115 000 $. La question est de savoir s’il est prêt à prendre cette pression.
Design inspiré
La nouvelle et évolutive orientation stylistique de Volvo a émergé avec le concept Recharge en 2021. On le remarque tout particulièrement avec la configuration de la bande qui soutient la partie avant et les blocs optiques. Comme c’est le cas des EX40 et EC40, il n’y a pas de grille de calandre. Les phares font un spectacle. Les projecteurs de jour sont constitués de blocs de DEL qui s’ouvrent pour libérer les phares le soir venu. C’est impressionnant! C’est aussi très complexe et ça ajoute aux risques de bris.
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Le capot retient une configuration presque à plat qui donne un ton sérieux à la silhouette. Comme il n’y a pas d’artifices aux panneaux latéraux, les jantes de 20 à 22 pouces sont mises en valeur. Volvo insiste sur le fait que certaines d’entre elles améliorent de l’aérodynamisme. Pour ce qui est de l’arrière, les traits sont très « Range Roveresques », particulièrement la partie inférieure courbée. Comme il s’agit d’une marque qui protège son héritage, on conserve une section éclairante verticale intégrée à même la lunette.
Au Canada, on trouve 2 versions : Plus (113 538 $) et Ultra (119 738 $). Outre la taille des jantes, il n’y a pas de distinctions esthétiques. Volvo joue de conservatisme. Il est beau, mais, si l’on considère sa position dans la gamme, j’aimerais plus d’audace.
Un spa scandinave
À mon avis, Volvo s’est inspirée des spas scandinaves pour concevoir l’habitacle de l’EX90. L’ambiance à bord est très relaxante. Il ne manque qu’une bruine d’eau parfumée à l’eucalyptus pour y croire. L’accès à bord à l’avant est facile en raison des dimensions des portières et des généreux dégagements. La visibilité ne fait pas défaut, le pavillon de toit libère une grande fenestration sous tous les angles. Il n’y a que vers l’arrière que la visibilité peut être compromise par 4 ou 5 appuie-têtes. Pour les manœuvres de recul, l’EX90 profite de caméras qui permettent une vision à 360 degrés. La distorsion des images demande toutefois une bonne période d’adaptation pour l’œil.
Volvo sait faire des sièges, et, dans la version Ultra, on rend hommage à cette réputation. Dans l’Ultra, ils sont chauffants et massants, on peut cintrer le dossier, mais ils ne sont pas climatisés! Ce n’est même pas offert en option, allez y comprendre quelque chose! Les assises sont confortables, et l’expérience est optimisée par les réglages. Les sièges sont recouverts d’un lainage gris de grande qualité ou de cuir synthétique Nordica partiellement constitué d’huile de pin et offert en 3 couleurs. Il faut souligner la qualité des matériaux utilisés à bord de même que la finition.
Écrans et Google
En plus d’un affichage tête haute de 13,2 pouces, l’instrumentation se manifeste par l’entremise d’un écran de 9 pouces sur la colonne de direction. On y trouve 3 différents tableaux : épuré, assistance à la conduite ou la carte. C’est simple et convivial. Le système multimédia passe par un moniteur de 14,5 pouces. Volvo fait appel à Google pour la gestion de plusieurs interfaces, et ça fonctionne bien.
Comme c’est épuré en termes de commandes, Volvo copie Tesla pour ce qui est de la gestion du réglage du volant et des rétroviseurs. On doit aller « gosser » dans le système multimédia puis utiliser les commandes au volant pour que le tout se mette en action. C’est contre-intuitif et ça demande trop de manipulations pour être efficace. Heureusement, on peut mémoriser le tout pour les différents chauffeurs programmés.
Classe économique
L’EX90 est plus de 8 centimètres plus long que le XC90. Je m’attendais à des places arrière invitantes de la même manière que les sièges avant. Ma déception est grande. La banquette n’évolue pas vraiment par rapport au XC90. L’assise est sur glissières pour optimiser les dégagements, et le dossier s’incline. La 2e rangée peut être constituée de deux fauteuils (600 $) ou d’une banquette divisée 40/20/40 dont le confort est limité. L’accès à la 3e rangée est difficile avec un passage en V très limité pour les pieds, la sortie se veut encore plus difficile. C’est l’inconfort total! Considérant la taille de l’EX90 et sa conception sur une plateforme électrique, je ne comprends pas comment l’habitacle peut être aussi exigu à l’arrière.
Du côté du coffre, l’espace semble décent d’autant plus qu’on obtient un plancher plat avec un seuil assez bas. Cependant, en comparaison avec son principal concurrent, le Rivian R1S, les volumes déçoivent. Pour l’EX90, en fonction de la position des dossiers des deux rangées de sièges arrière, on parle de 324, de 1 029 et de 2 107 litres de capacité de chargement. Pour le Rivian, on avance plutôt 481, 1 303 et 2 492 litres. Dans le coffre avant, le Volvo est limité à 49 litres alors que le R1S en propose 311.
Made in USA et grosse batterie
Comme il est fabriqué à Charleston, en Caroline du Sud, il évite la surtaxe de 100 % à laquelle certains Volvo assemblés en Chine seront soumis. L’EX90 partage sa toute nouvelle plateforme avec le Polestar 3. En son sein, cette fondation est équipée d’une batterie lithium-ion de 111 kilowattheures dont 107 sont utilisables. La batterie à haute tension (400 volts) est en mesure d’accepter une bonne puissance de recharge rapide qui va jusqu’à 250 kilowatts, ce qui permet techniquement une recharge de 10 à 80 % en 30 minutes.
Tous les chiffres ne sont pas encore connus, mais pour une version Plus sur jantes de 20 pouces, l’autonomie annoncée est de 495 kilomètres. Au cours de mon essai, j’ai observé une consommation d’énergie : aux environs des 22 kilowattheures/100 kilomètres. Cela donne une autonomie théorique près de 490 kilomètres avec la version Ultra à jantes de 22 pouces. Le modèle à l’essai était de préproduction, ce chiffre devra être réévalué.
Plus de 500 chevaux
L’EX90 n’est livrable au Canada qu’avec un rouage intégral grâce à 2 moteurs électriques de conception Volvo, un sur chaque train. À l’avant, la puissance est de 180 kilowatts, alors que, à l’arrière, on obtient 200 kilowatts pour un total combiné de 380 kilowatts, soit l’équivalent de 510 chevaux et un couple de 617 livres-pieds. Sur le papier, on se dit que c’est puissant, mais dans la réalité, on ressent peu la vélocité de la mécanique. À ce sujet, Volvo annonce un temps de 4,9 secondes pour accélérer de 0 à 100 kilomètres/heure. Rien de très excitant, à mon avis, d’autant plus que les suspensions arrière s’affaissent en accélération vive. Autre déception, sa capacité de remorquage : le Volvo EX90 peut tracter 2 200 kilos (4 850 livres), alors que le Rivian R1S peut aller à 3 500 kilos (7 700 livres).
La déception
J’ai déjà possédé deux vieilles Volvo et j’ai toujours aimé la conduite des suédoises. Même les VUS électriques XC40 et C40 avaient préservé ce petit quelque chose qui définit la marque. Mes attentes n’ont pas été comblées. La direction est précise, mais n’a pas ce « je ne sais quoi » typique. Comme elle est très assistée, on ne ressent plus ou très peu cette connexion avec la route.
Les suspensions, même si elles sont adaptatives, demeurent axées vers le confort. Dans les courbes, les suspensions absorbent les imperfections de la route, mais peinent à contenir fermement les mouvements de caisse en virage. Même si l’on opte pour le mode Performance, qui raffermit plusieurs composants, le dynamisme reste en retrait.
Comme les autres VUS électriques de Volvo, l’EX90 jouit de la conduite à une pédale dont la capacité d’immobiliser le véhicule en modulant la pression sur l’accélérateur demeure. On obtient 3 niveaux de calibration : inactif, automatique (s’adapte en fonction du type de route et de conduite) et actif. La calibration du mode actif devrait être plus dynamique ; à quelques occasions, j’ai dû freiner mécaniquement alors qu’un système régénératif d’une puissance normale aurait fait un arrêt complet.
Le LiDAR est là, mais pas encore
Volvo se commet toujours en matière de sécurité, c’est sa marque de commerce. Avec l’EX90, le constructeur intégrera la technologie LiDAR (Light Detection and Ranging) qui permettra au véhicule de numériser son environnement. Cette innovation permettra de soutenir différentes aides à la conduite. D’ailleurs, ce composant se trouve sous la bosse au-dessus du pare-brise. Cette technologie se trouve dans le véhicule, mais elle n’est toujours pas fonctionnelle, elle doit continuer de « s’entrainer ». Volvo fera éventuellement une mise à jour qui l’activera pour les systèmes.
Conclusion
Le Volvo EX90 2025 est un produit qui manque de maturité à bien des égards. Si je considère son temps de gestation, je m’attendais à mieux. Sa vocation familiale sera correcte dans la mesure où les enfants ne sont pas trop grands pour avoir assez d’espace à l’arrière. La technologie de la motorisation est à point, mais comme dans les autres Volvo électriques, elle est très énergivore. On compense par une forte capacité de recharge, mais j’aimerais des moteurs plus efficaces.
Il y a aussi toute la question de la fiabilité. Volvo n’active pas encore le système Lidar à bord, il y a une raison. On a beau dire que l’on complète les tests, le véhicule arrive sur le marché et n’est pas prêt. Historiquement, les véhicules électriques de Volvo ont démontré une bonne fiabilité technique, mais si l’on considère le haut niveau de technologie à bord, nous vous recommandons fermement d’attendre avant de vous procurer ce véhicule.