Vous est-il déjà arrivé de déguster un bon chateaubriand en vous disant : « Crime qu’il est bon mon steak » ?
En effet, le domaine culinaire compte d’innombrables termes pour décrire ce qui est essentiellement le même repas apprêté différemment. C’est un peu comme le Toyota Venza 2021, un véhicule conçu à partir d’ingrédients de base bien connus, mais qui affiche une allure complètement différente.
Le Toyota Venza - ou comme Toyota préfère l’appeler : la Toyota Venza - fait son grand retour après une pause de quatre ans sur notre marché. En effet, le constructeur a stoppé la vente de ce modèle au États-Unis en 2016 et l’a retiré du marché canadien un an plus tard.
Cependant, étant donné la popularité grandissante des VUS intermédiaires à deux rangées de sièges comme le Ford Edge, le Nissan Murano et, plus récemment, les Chevrolet Blazer, Honda Passport et Volkswagen Atlas Cross Sport, Toyota cherche, elle aussi, à combler un vide. La Venza revient donc se faufiler entre le RAV4 et le Highlander au sein de la gamme Toyota.
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Reposant essentiellement sur la même plateforme qu’un RAV4, cette nouvelle Venza affiche donc un empattement et une largeur totale identiques, mais elle est moins haute et un peu plus longue que son petit frère.
Trois modèles sont au menu, soit les variantes LE (38 480 $), XLE (44 490 $) et Limited (47 690 $), notre modèle d’essai.
Bien qu’elle utilise essentiellement les mêmes composants techniques qu’un RAV4, la Venza présente un habitacle unique et distingué, incorporant de belles nouveautés, mais aussi quelques irritants.
D’emblée, on y retrouve un degré de confort assez remarquable et un excellent dégagement pour les jambes et la tête. La qualité de la finition est à la hauteur des récents produits Toyota, et il est même possible d’équiper votre Venza d’agencements de couleurs et de textures à la fois riches et attrayants. Le design de la planche de bord est moderne et au goût du jour.
Sachez toutefois que la position de conduite est étrangement surélevée, chose qui pourrait être désagréable pour les grandes personnes.
L’autre irritant, ce sont les commandes entièrement tactiles qui ne sont aucunement agréables à utiliser. C’est surtout la commande numérique à glissoire du volume de la chaîne audio qui choque davantage, car elle est fâcheusement inefficace. Toyota ne semble pas avoir appris des erreurs de Honda ou de Cadillac !
C’est le même son de cloche pour le système multimédia, d’une complexité horrible. Il incorpore néanmoins quelques options intéressantes comme la possibilité d’afficher trois données à la fois, mais on doit franchir plusieurs couches avant d’arriver à certaines commandes, ce qui en fait un système plus distrayant qu’efficace.
La Venza incorpore un toit panoramique composé d’un verre électrochrome. Toyota nomme ce toit Star Gaze. En appuyant sur un bouton, on peut changer l’opacité du verre. C’est plutôt cool comme fonctionnalité. Hélas, ce toit ne s’ouvre pas. En fait, la Venza n’offre aucune option de toit ouvrant.
Et en ce qui a trait à l’espace de chargement, le coffre de la Venza peut accueillir jusqu’à 1 560 litres une fois le dossier des sièges repliés au plancher. Il est donc moins polyvalent qu’un Blazer (1 818 litres), un Murano (1 897 litres) ou, encore, un Edge (2 078 litres). D’ailleurs, cette nouvelle Venza est moins logeable que son prédécesseur (1 985 litres). Pas fort.
Ah, et j’oubliais presque le remorquage : c’est carrément impossible !
Toyota Canada ne recommande tout simplement pas de tracter avec une Venza. L’explication proviendrait du fait qu’elle n’est pas équipée du même refroidisseur de boîte de vitesses qu’un RAV4 hybride. Rappelons que certains concurrents de la Venza peuvent remorquer jusqu’à 2 267 kilos.
Pour ce qui est de la mécanique, c’est une seule recette bien connue pour l’ensemble de la gamme : une motorisation composée d’un 4-cylindres de 2,5 litres et de 3 moteurs électriques, dont la puissance combinée se chiffre à 219 chevaux. Il est jumelé à la même transmission à variation continue (CVT) que le RAV4.
La Venza hérite aussi du même système de transmission intégrale que son confrère. Il intègre donc un petit moteur électrique sur le train arrière, permettant d’y acheminer jusqu’à 80 % de la puissance disponible. Mais contrairement au RAV4 hybride qui est alimenté par une batterie du type nickel-métal (NiMH), la Venza utilise une batterie au lithium-ion de 0,9 kilowattheure.
Rappelons qu’on a affaire à une mécanique hybride autonome, donc nul besoin de la brancher. À l’instar des autres modèles hybrides de Toyota, la Venza peut rouler sur le mode électrique pendant de très courtes périodes seulement et jusqu’à une vitesse d’environ 50 kilomètres/heure. Le système électrique sert plutôt d’assistance au moteur thermique afin de réduire sa consommation de carburant.
Toyota Canada promet donc une consommation moyenne combinée de 6 litres/100 kilomètres, un chiffre que nous n’avons eu aucune difficulté à atteindre lors de notre essai.
La Venza se conduit comme un RAV4, mais propose une suspension un peu plus souple. C'est-à-dire qu’il est hyper silencieux, raffiné et bien ancré au sol grâce à la plateforme conçue par Toyota qui offre un centre de gravité très bas.
Notre parcours a été agréable, car il nous a permis de rouler dans la magnifique région de Calabogie, en banlieue d’Ottawa, où de belles routes sinueuses entourées d’une riche nature d’automne nous a laissé la chance de pousser la Venza au-delà des limites de ses capacités routières.
Les changements d’élévations et les courbes prononcées de cette région nous ont révélé un VUS étonnamment agile dans les virages, hyper solide et dont la qualité est franchement supérieure à ses rivaux. À certains moments, on avait presque l’impression de conduire un produit Lexus tellement la Venza est douce et silencieuse. Fait intéressant : au Japon, la Venza se vend sous le nom Toyota Harrier, laquelle a déjà servi de base pour le Lexus RX !
La Venza se démarque donc de ses concurrents par son raffinement et son luxe, sans oublier la frugalité impressionnante de sa mécanique hybride. Même en conduite très sportive, l’ordinateur de bord n’a jamais dépassé les 9 litres/100 kilomètres. Impressionnant.
Pour ce qui est des accélérations, elles sont franches, mais sans plus. La Venza n’est aucunement un véhicule conçu pour les adeptes de performances. Un Chevrolet Blazer RS ou, encore, un Honda Passport, équipés d’un moteur V6, procurent des accélérations nettement plus enivrantes.
Alors, que pensons-nous réellement de la Toyota Venza 2021 ? C’est un VUS intermédiaire qui n’est ni très performant, ni vraiment polyvalent et qui ne peut rien remorquer. Ses seules grandes qualités sont son degré de raffinement digne de mention et la fiabilité reconnue de sa mécanique hybride, ce que n’offre aucun modèle concurrent. À ce compte, pourquoi ne pas carrément opter pour une Camry hybride ?
La Venza est donc un véhicule qui me laisse perplexe. Il me rend même nostalgique de son prédécesseur, celui qui, du moins à mon avis, était beaucoup plus intéressant en raison de son design distingué et de sa mission réellement utilitaire.
Or, si vous magasinez réellement un VUS intermédiaire à deux rangées de sièges, sachez qu’il existe des concurrents offrant plus d’espace de chargement, plus de performance ainsi qu’une réelle capacité de remorquage, et ce, à prix égal. Nous recommandons donc l’achat d’un Venza seulement si le remorquage n’est pas votre priorité. Voyez-le comme une variante un peu plus sympathique d’un RAV4 hybride, un véhicule peu énergivore, fiable et très bien assemblé.