KINGSTON (Ontario) - En 2019, il s’est vendu pas moins de 65 000 Toyota RAV4 à l’échelle du Canada. C’est énorme. D’ailleurs, il est sans contredit le VUS compact le plus vendu au pays. À quoi pouvons-nous attribuer ce succès ? Sa réputation de fiabilité intouchable, sa bonne valeur de revente, son excellent rapport qualité-prix ainsi que la grande variété de déclinaisons qu’offre la génération actuelle.
Toyota aurait donc pu se contenter des 11 variantes qu’offre le RAV4 pour lui permettre de conserver sa domination sur la concurrence ; cependant, en proposant le RAV4 Prime 2021 ou si vous préférez, le mâle alpha des VUS compacts, le constructeur cherche carrément à aplatir cette concurrence. L’équipe de RPM a été invitée à Kingston, en Ontario, pour le mettre à l’essai en primeur canadienne.
Comme c’est le cas pour la Toyota Prius, la déclinaison Prime du RAV4 reçoit la mécanique hybride rechargeable du modèle; une première pour ce véhicule depuis son apparition sur nos routes en 1996. Le RAV4 Prime est également le troisième VUS compact hybride rechargeable offert sur notre marché après le Mitsubishi Outlander PHEV et le Ford Escape PHEV.
Se situant au sommet de la gamme, le Prime, à un prix de base de 44 990 $ (avant les frais de transport et de préparation), est de loin le modèle le plus équipé. Deux déclinaisons sont offertes, soit les variétés SE et XSE (à l’essai).
Dans sa mouture XSE, on a affaire à un RAV4 qui plafonne à 51 590 $ et qui compte toutes les options et les accessoires proposés au catalogue : choix de couleurs à deux tons, jantes de 19 pouces chromées, démarreur à distance, hayon assisté, habitacle légèrement relevé de surpiqûres rouges et abonnement d’un an à l’application Remote Connect qui permet de contrôler une foule de fonctionnalités à distance, de trouver des bornes de recharge ou, encore, de mettre en marche la climatisation.
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En termes d’esthétique, rien ne distingue nécessairement le Prime des autres modèles de la gamme si ce n’est quelques effets de sol, des bandes lumineuses verticales à DEL et l’écusson « Plug-in Hybrid » apposé sur ses ailes avant.
En raison de son autonomie électrique et de son prix, le Prime est admissible aux deux rabais applicables pour les véhicules électriques, ce qui représente une réduction de 13 000 $ sur la facture finale.
C’est au volant qu’on constate que ce RAV4 n’est pas comme les autres. D’emblée, l’instrumentation est calquée sur celle du RAV4 hybride, mais le Prime ajoute un second compteur d’autonomie électrique. Deux nouvelles fonctionnalités s’ajoutent à la console centrale, soit les modes Auto EV/HV et Charge Hold, qui permettent d’alterner automatiquement entre les deux motorisations afin de maximiser l’autonomie totale ou de retenir l’électricité restante afin de l’utiliser à un autre moment.
L’habitacle du RAV4 Prime est sans aucun doute le plus relevé de toutes les déclinaisons qui l’ont précédé. On y remarque une qualité de finition hors pair avec des matériaux riches et des sièges confortables. C’est tellement huppé qu’on a l’impression d’être à bord d’un véhicule de la marque Lexus.
De base, le RAV4 est spacieux, confortable et bourré de compartiments de rangement ingénieux. Son système multimédia est complexe au point qu’il est facile de s’y perdre. L’interface en soi demeure également vieillotte. Au moins, il intègre des touches physiques, ce qui facilite son utilisation. Ce système est également équipé des plus récentes technologies en matière de connectivité.
L’espace de chargement du Prime a été légèrement amputé par sa mécanique hybride. De série, un RAV4 propose jusqu’à 1 976 litres d’espace une fois le dossier des sièges abaissé, ce qui fait de lui un VUS moins logeable qu’un Honda CR-V (2 146 litres) et que le prochain Nissan Rogue (2 098 litres). En version Prime, cet espace de chargement tombe à 1 790 litres.
C’est surtout sous le capot que le Prime nous a le plus impressionnés. Non seulement ce VUS hybride rechargeable peut rouler jusqu’à 68 kilomètres sur le mode tout électrique, mais il développe également une puissance de 302 chevaux. Cela fait de lui le VUS le plus rapide de sa catégorie mais aussi le véhicule le plus performant chez Toyota après la GR Supra avec un sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 6 secondes seulement, on n’a plus les RAV4 qu’on avait !
Pour en arriver là, le RAV4 Prime est d’abord mû par un moteur thermique à 4 cylindres de 2,5 litres. On lui a ensuite ajouté un moteur électrique de 134 kilowatts (180 chevaux) à l’avant et un de 40 kilowatts (54 chevaux) à l’arrière, ce qui permet au Prime de profiter du rouage intégral de série, ce qui constitue un avantage comparativement au Ford Escape PHEV qui n’est offert qu’avec les roues motrices avant.
Une batterie de 18,1 kilowattheures est logée sous le plancher pour une optimisation de l’espace de l’habitacle, tandis qu’un système de refroidissement a été placé sous la banquette arrière du véhicule. Cette motorisation complexe envoie sa puissance aux roues par l’entremise d’une boîte automatique à variation continue (CVT).
Toyota garantit la batterie du RAV4 Prime pendant 10 ans ou jusqu’à 240 000 kilomètres. La recharge s’effectue en environ 12 heures dans une prise standard à 120 volts et en 2,5 heures dans une borne de niveau 2 (à 240 volts). Le RAV4 Prime peut remorquer jusqu’à 1 133 kilos.
Toyota nous avait préparé un parcours qui nous a d’abord permis de mettre à l’essai l’autonomie électrique du véhicule, pour ensuite le conduire sur le mode hybride.
Je n’ai eu aucune difficulté à obtenir les chiffres que promet Toyota. À mon départ, l’ordinateur de bord affichait une autonomie de 66 kilomètres. J’ai pu rouler 72 kilomètres sans consommer une goutte d’essence, et ce, en me permettant même d’enfoncer l’accélérateur de temps à autre. En outre, le système de récupération d’énergie du Prime, qui se module par l’entremise des leviers de sélection au volant, fonctionne efficacement et permet de tirer le plein potentiel de l’autonomie.
Je dois toutefois prendre le temps de souligner que mon essai s’est déroulé en été avec le climatiseur éteint. Attendez-vous à des chiffres considérablement plus bas en hiver.
Là où le RAV4 m’a vraiment impressionné, c’est lorsqu’il a commencé à consommer de l’essence. L’activation du moteur thermique accompagné des deux moteurs électriques lui confère des accélérations époustouflantes.
D’ailleurs, je n’en revenais pas à quel point il était facile d’accélérer à des vitesses d’autoroute à bord de ce VUS. Le RAV4 Prime est rapide, certes, mais toujours doux. On ressent seulement quelque peu l’activation du moteur à 4 cylindres, et l’harmonie entre les deux mécaniques est quasi parfaite; de loin l’une des meilleures calibrations hybrides que j’ai eu la chance d’expérimenter dans ma carrière.
Cela dit, ne vous attendez pas à des performances de voiture sport. Le RAV4 Prime est rapide, certes, mais jamais excitant à conduire. Et bien que son centre de gravité demeure bas – qualité clé d’un véhicule électrique – le RAV4 Prime n’est pas des plus agiles dans les courbes. Son poids élevé et ses pneus à faible résistance mènent rapidement au sous-virage. Néanmoins, pour la clientèle cible – dans ce cas-ci, des familles de la classe moyenne – la tenue de route est plus qu’acceptable.
Malgré ma conduite somme toute nerveuse, mon modèle d’essai a enregistré une consommation moyenne épatante de 6 litres/100 kilomètres. D’ailleurs, ce chiffre n’a jamais bougé tout au long de mon parcours. Même après avoir effectué quelques fortes manœuvres d’accélération, je me suis même demandé si l’indicateur de bord n’était pas défectueux.
Toyota a-t-il conçu le VUS compact parfait avec le RAV4 Prime 2021 ? Sur le papier, il a en effet tout pour plaire. La formule du RAV4 était déjà gagnante et, outre une légère diminution de l’espace de chargement, on se retrouve avec le VUS hybride rechargeable qui offre l’autonomie électrique la plus élevée sur le marché, mais aussi avec le VUS compact le plus rapide de l’industrie. Pouvons-nous demander mieux ?
À ce stade-ci de l’essai, nous vous dirions que oui, nous recommandons l’achat d’un Toyota RAV4 Prime 2021. Nous vous dirions carrément d’en acheter un les yeux fermés. Mais il y a un léger problème : sa disponibilité.
Au moment d’écrire ces lignes, il fallait attendre au moins un an avant d’en obtenir un. Ce problème est attribuable à, oui, la forte demande pour le modèle, mais aussi à un assemblage limité chez Toyota. La bonne nouvelle pour nous, c’est que le Québec est priorisé en raison de nos subventions. Pour vous donner une idée de la vitesse à laquelle il se vend, près de 400 exemplaires roulent déjà au pays, et ce, à peine quelques semaines après sa mise en marché.
Or, si ce véhicule vous intéresse, nous vous suggérons de prendre un numéro tout de suite et d’être patient. Même avec un délai de livraison si important, le Toyota RAV4 Prime demeure une valeur sûre, car il tombe facilement sous la barre des 35 000 $ après les rabais. À ce prix, il n’existe actuellement aucun autre VUS hybride rechargeable proposant autant d’autonomie et de performance.