Suzuki a quitté le Canada le 31 décembre 2013, un an avant la date initialement annoncée. À mon grand dam, il y a donc presque 10 ans que ce petit constructeur nous a délaissés. Cette nouvelle était d’une grande tristesse, car Suzuki a toujours eu une approche unique en matière d’automobile. Sa disparition du parc nord-américain était, à mon avis, comme la perte d’une biodiversité rare. Voilà donc, je suis en vacances à Cuba et j’ai l’occasion de mettre la main sur l’un de ces fruits défendus, le Suzuki Jimny.
Fidèle à ses origines
Le Suzuki Jimny est un petit véhicule utilitaire sport qui existe depuis 1970. Nous l’avons brièvement connu sous l’appellation Samurai SJ410 au milieu des années 1980. D’ailleurs, déjà à cette époque, bon nombre d’amateurs vénéraient ce petit VUS d’une simplicité déconcertante, mais qui montrait de très grandes capacités hors route. Presque 40 ans plus tard, la recette est toujours bonne. La génération actuelle est arrivée sur le marché international en 2019 et pousse l’audace de faire une série de liens historiques en matière de design avec ses prédécesseurs.
Tout petit, le Jimny affiche une longueur de 3 645 millimètres, une largeur de 1 645 millimètres et une hauteur de 1 720 millimètres. Pour le situer, le Hyundai Venue est plus long de presque 100 millimètres. En matière de design, derrière ses airs de micro Mercedes-Benz Classe G, il présente une suite de références au passé comme la forme de la grille de calandre, les blocs optiques ronds avec les clignotants déportés vers l’extérieur de même que le nombre d’ouvertures dans la calandre.
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De profil, une seule inspiration : une boîte. Tout est en angle et ne favorise certainement pas l’aérodynamisme. À la fenêtre de la portière, comme sur le Ford F-150, il y a une marche qui permet d’améliorer la visibilité par les rétroviseurs. Fait cocasse et maintenant inhabituel pour nous, les roues en aluminium n’ont que 15 pouces. À l’arrière, comme c’était le cas du bon vieux Samurai, les feux sont intégrés à même les extrémités du pare-chocs. Pour compléter le look aventurier, une roue de secours est déposée sur la portière à ouverture latérale du hayon. En termes de finition, on peut dire qu’il y a de bons espaces entre les panneaux de carrosserie.
Pas de fioritures
Dès qu’on ouvre la portière, on réalise vite qu’elle n’est pas particulièrement épaisse! Toutefois, ce n’est pas pire que sur le Jeep Wrangler. La position de conduite est carrément exemplaire : elle est légèrement surélevée et, surtout, offre une très bonne visibilité. On ne peut pas dire que Suzuki a cherché à réinventer quoi que ce soit sur la planche de bord. Tout est angulaire et d’une simplicité déconcertante. Le design de l’instrumentation est tiré directement des années 1980, et j’adore ça! Au centre, les angles s’invitent de plus belle. Au sommet, on découvre la radio avec un lecteur de CD! Je ne m’y attendais pas, quoiqu’un lecteur de cassettes aurait presque été de mise.
Les autres commandes comme celle de la climatisation sont sur une molette et faciles à utiliser. Il en est de même pour les interrupteurs qui gèrent les glaces latérales, le système d’antipatinage et l’aide en descente. On retrouve plusieurs petits espaces de rangement un peu partout, ce qui contribue à rendre l’aventure plus agréable. Il y a une nouvelle version à 4 portières qui arrive sur le marché, mais j’avais le modèle d’origine à 2 portières. L’accès à l’arrière est assez simple, et l’ouverture, limitée. Parlant de limite, seules deux personnes peuvent y prendre place. Pour améliorer l’espace du coffre de 85 litres, il est possible de rabattre le dossier 50/50. Même si le Jimny est un véhicule de base, il faut se rendre à l’évidence que sa finition intérieure est très loin de tout standard nord-américain.
Un vrai de vrai
Le Jimny est un vrai VUS, et ce, au sens propre. Du moins, si l’on se fie à la définition d’origine. C’est-à-dire un camion construit sur la base d’un châssis en échelle. De plus, on parle ici d’une grande simplicité mécanique, pas de turbo ou d’autres « bébelles » complexes! Le moteur est un petit 4-cylindres de 1,5 litre de 100 chevaux seulement qui produit un couple de 74 livres-pieds. Cette maigre écurie passe par les roues arrière à moins d’engager le rouage 4WD avec ses modes à gammes haute et basse. Il est même possible de verrouiller le différentiel arrière pour plus de motricité. Évidemment, la puissance est juste, très juste, mais la boîte de vitesses manuelle à 5 rapports permet d’aller jouer dans les régimes du moteur pour optimiser le plaisir qu’on éprouve derrière le volant. Comme il est très compact et très léger, il passe partout avec une grande aisance. La sensation est similaire à celle qu’on a dans une Mazda MX-5 en ce sens que sa légèreté et son agilité compensent amplement pour la justesse relative de la puissance.
Ajoutez à cela un volant connecté à un boîtier de direction à circulation de billes, ultra simple, mais assez précis pour un véhicule de cette taille. En matière de suspension, on est encore à la vieille école, mais c’est parfait considérant le fait qu’il est conçu pour les activités hors route. Chaque essieu est constitué d’un pont rigide avec des suspensions à 3 bras et à ressorts hélicoïdaux. Pour optimiser ses passages dans les terrains plus difficiles, son angle d’approche impressionne à 37 degrés, mais que dire de l’angle de départ arrière à 49 degrés ! La garde au sol est établie à 21 millimètres (8,3 pouces). En hors route, on se fait brasser un peu, mais c’est là tout le charme du jouet.
Conclusion
J’ai éprouvé énormément de plaisir à prendre le volant du Suzuki Jimny. Pour ce qui est de son prix, une fois les 1 804 000 yens convertis en dollars, sa version de base serait l’affaire de 18 150 $ et quelques poussières. Il ne fait pas dans la dentelle : il n’est pas raffiné, il n’est pas performant, mais il peut passer absolument partout et il procure très certainement l’un des plus grands plaisirs de conduire qu’il est possible d’avoir au volant d’un véhicule. Est-ce que je regrette amèrement le départ de Suzuki? Oui! Au moins, j’ai eu le plaisir de goûter à ce petit fruit défendu pour quelques heures.