Développé sur la nouvelle architecture globale qui a déjà servi aux Impreza, Crosstrek et Ascent, le nouveau Forester affirme encore sa vocation de VUS (Subaru Canada ne veut pas qu’on le traite de multisegment). Il exhibe un air d’utilitaire avec autant de musculature que l’autorise le style « Dynamique & Solide » concocté par les designers de la marque.
Bien qu’il ressemble à son prédécesseur, toutes les dimensions ont gagné des poignées de millimètres, sauf la hauteur qui en a perdu 5, alors que la garde au sol maintient sa très pratique élévation de 220 mm. On veut que le Forester passe presque partout, on fait ce qu’il faut pour, et on s’arrange aussi pour bien savoir où l’on va. Voilà pourquoi la minceur des piliers et la générosité de la fenestration assure au conducteur une visibilité qui inspire confiance.
La cuvée 2019 s’amène avec pas moins de six versions, démarrant avec le modèle 2.5i à 27 995$ et culminant avec le Premier à 39 495$, une nouvelle variante qui vient souffler le titre du Forester le plus huppé au Limited (37 695$).
Certaines différences esthétiques entre les modèles sont subtiles, d’autres moins. Prenez la version Sport (34 995$). Les stylistes l’ont affublée de garnitures orangées qui zèbrent les bas de caisse et les pare-chocs. L’effet est délibérément jeune pour conquérir une clientèle correspondante. Mais il faudra être convaincu d’aimer longtemps les rayures orange avant de signer le contrat. À mon humble avis, un pari risqué, bien qu’une peinture en aérosol pourrait corriger la situation…
Comme le Sport, le modèle Premier chausse des roues de 18 po qui lui sont exclusives (sinon de 17 po). Les accents de couleur ont cependant été remplacés par du chrome (plastifié) qui se satine sur les miroirs extérieurs. La galerie de toit diffère également grâce à plusieurs points d’attache qui facilitent le transport d’un chargement mieux ficelé.
Les millimètres gagnés à l’extérieur se traduisent par un meilleur dégagement pour les occupants à l’intérieur, spécialement ceux de la banquette. Ces derniers, selon la livrée, apprécieront les pochettes aménagées dans les dossiers devant leurs genoux, comme dans la cabine d’un avion, et les deux ports USB.
C’est toutefois le nouveau châssis qu’il faut remercier pour les 68 litres supplémentaires de la soute et, surtout, la netteté de son embrasure agrandie. On peut désormais y coucher un sac de golf sur la largeur et non plus de biais sur le plancher (plat comme une crêpe avec dossiers 60/40).
Et, attention, grande nouvelle : la fermeture assistée du hayon prend désormais 5 secondes au lieu de 9,2 !
Les trois écrans d’affichage du tableau de bord ne manquent pas d’informations à refiler au conducteur, lequel en a déjà plein les doigts avec plusieurs interrupteurs. L’ergonomie au moins n’est pas prise en défaut, mais le manuel du propriétaire sera assurément utile.
Commençons par le DriverFocus, un gadget exclusif au modèle Premier. En soi, il n’a rien de révolutionnaire puisqu’il propose, un, de mémoriser les réglages préférés de cinq conducteurs et, deux, de les prévenir s’il détecte une conduite suffisamment erratique pour suggérer une pause dans une aire de repos. Plusieurs véhicules proposent déjà ce bidule. Sauf que Subaru l’a sophistiqué en intégrant la reconnaissance faciale. Une fois votre visage reconnu, le système règle votre siège, vos miroirs et veillera à vous garder réveillé…
Il y a aussi le X-Mode. On le connaissait déjà comme un rehaussement de la traction intégrale permanente qui fait la réputation de toutes les Subaru vendues au Canada (sauf la BRZ, une propulsion). Le voilà rendu livrable avec deux modes, un pour la neige et un second pour encore plus de neige ! Ajoutons que le X-Mode inclut un contrôle de la descente qui fait dévaler le Forester à une vitesse égale (ne dépassant pas 20 km/h) sans que le pilote se soucie de toucher aux freins.
La transmission CVT Lineartronic, améliorée bien sûr, émule sept rapports manuels grâce aux palettes greffées au volant. On retiendra aussi les deux programmes SI-Drive, soit I (pour Intelligent) et S (pour Sport et même Sport Sharp dans le cas du modèle Sport) qui modifient les réactions du volant et de l’accélérateur en fonction de votre humeur, i.e. pépère ou téméraire.
Tous ces éléments gravitent autour du cœur du Forester, un 4-cylindres à plat de 2,5 litres que Subaru qualifie de « nouveau » parce qu’il étrenne 90% de nouvelles pièces par rapport au précédent 2,5L, dont un système d’injection directe. Sa puissance a gagné 12% (maintenant 182 chevaux à 5 800 tr/min) et 2 petits lb-pi de couple (176 lb-pi à 4 400 tr/min), ce qui permet une capacité de remorquage de 680 kg. Il est en conséquence légèrement plus rapide (par une demie seconde) malgré le fait que le squelette plus robuste ait alourdi le Forester de quelques kilos.
Toutefois, il n’y a plus de turbo, ni de boîte manuelle. La disparition de cette dernière ne surprend personne puisque son extinction mondiale est programmée depuis belle lurette et que seulement 5% des acheteurs de Forester s’en prévalaient de toute façon. Mais le turbo ? Il fournissait à la version 2.0XT un high d’adrénaline qui rendait rapidement accro. Pourquoi nous en priver ? Subaru Canada explique que la demande n’était que de 15% au Canada et encore moins élevée aux États-Unis.
On peut aussi penser que le nouveau châssis s’accommoderait mal du turbocompresseur et que la nouvelle consommation (essence régulière), plus frugale que l’ancienne (un combiné de 8,6 litres aux 100 km / 7,2 litres en ville et 9,6 litres sur l’autoroute), importera davantage aux futurs acheteurs.
Nous avons pu essayer le Forester 2019 dans des quartiers urbains, dans des successions de virages escarpés et nous avons même atteint le sommet d’une montagne de ski. Cette variété de surfaces nous a prouvé que le Forester, déjà bon, l’est devenu encore plus. J’ai beau me creuser les méninges pour vous rapporter une lacune criante, je cherche encore…
La première amélioration notable concerne le silence à bord. La chasse aux vibrations et aux bruits parasites a été récompensée par une cabine plus tranquille au plan des décibels.
Ensuite, le coup de volant est plus précis et le freinage, plus immédiat, grâce à une course de pédale raccourcie. En fait, il faut même apprivoiser la sensibilité de ce freinage. De son côté, la rigidité en torsion ayant augmenté de 40%, le roulis dans les courbes s’est estompé.
J’ai joué avec tous les modes et tous les interrupteurs. Entre vous et moi, la différence entre les deux programmes de la transmission CVT n’est pas tranchante, loin de là. En revanche, les capacités tout-terrain du Forester ne se sont jamais aussi bien portées. Gravir la montagne de ski Apex et en redescendre, avec ou sans le contrôle de la descente, s’est avéré une partie de plaisir.
Comme Subaru ne badine pas avec la sécurité, l’ensemble d’aides électroniques connu sous le nom de EyeSight est de série sauf dans la version de base 2.5i et facultative (1 500$) pour le modèle Commodité.
Quand le véhicule que vous testez accompli des épreuves que très peu de ses futurs propriétaires lui feront vivre, on devine que ces derniers se montreront ravis de leur achat durant les trajets dodo-boulot et les virées au chalet.
Il y aura du magasinage croisé avec l’Outback et le Crosstrek, c’est sûr, mais chaque véhicule a sa personnalité. Celle du Forester 2019, déjà en vente chez les concessionnaires, s’est clairement raffinée. Subaru Canada vient de signer six années consécutives de ventes record et le nouveau bébé devrait paver la voie vers une septième.