Nissan a récemment convié la presse spécialisée pour lui permettre de faire l’essai d’une nouvelle mécanique du Nissan Rogue 2022, sans donner plus de détails. Alors qu’on croyait que le constructeur nous surprendrait avec la présentation d’une version hybride rechargeable, basée sur le nouveau Mitsubishi Outlander PHEV, la surprise a été tout aussi grande puisque le constructeur à plutôt ajouté un nouveau moteur turbo à 3 cylindres utilisant la même technologie de compression variable utilisée sur l’Infiniti QX50. Premier constat, c’est un pari risqué.
La génération actuelle du Nissan Rogue est toute nouvelle ; elle est arrivée l’an dernier, et force est d’admettre que Nissan a frappé un grand coup. Le nouveau Nissan Rogue est beaucoup plus sérieux, ses bases ont été entièrement revues, et il a tout ce qu’il faut pour se battre avec les joueurs les plus sérieux du segment, notamment le Mazda CX-5, le Toyota RAV4 et le Subaru Forester. Plus besoin de miser sur de généreux incitatifs financiers pour stimuler les ventes, ses qualités sont maintenant suffisantes.
Si le Nissan Rogue n’était offert qu’avec une seule mécanique en 2021, ce n’est plus le cas en 2022. Il y en a deux, mais vos options sont tout de même assez limitées puisque seule la version de base S (28 998 $) est offerte avec l’ancienne mécanique, le 4 cylindres atmosphérique de 2,5 litres. Toutes les autres (SV, SL et Platinum) profitent d’un nouveau moteur turbocompressé et, malheureusement, leur prix est légèrement à la hausse, d’environ 800 $.
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Du reste, le Nissan Rogue 2022 est identique à l’an dernier. Son design lui procure une apparence beaucoup plus haut de gamme. Sa grille trapézoïdale demeure typique des produits Nissan, et ses phares séparés en deux blocs distincts s’inscrivent dans la tendance.
Avec l’arrivée de la nouvelle génération, l’habitacle du Nissan Rogue se retrouve maintenant du côté des plus réussis. C’est aucun doute l’amélioration la plus marquée ; non seulement l’effet de qualité est-il supérieur, mais la présentation et l’ergonomie sont également sans faille. Les sièges en cuir à motif de losange de ma version d’essai apportaient un bel effet, j’aurais toutefois aimé pouvoir baisser l’assise un peu plus que les réglages ne me le permettaient.
Le volant sport est stylisé et procure une bonne prise en main. Les matériaux sont souples aux points de contact et apportent une belle touche tout comme les surpiqûres des sièges et du tableau de bord. Le système d’infodivertissement est simple et efficace ; j’aime bien le mélange de commandes numériques et classiques, notamment dans le cas de la commande du volume. Elles sont toutes conviviales et tombent bien en main.
On retrouve plusieurs espaces de rangement sous la console et dans les portes ; deux larges porte-gobelets dans la console centrale vous permettent aussi de ben ancrer votre téléphone intelligent en cas de besoin. Les passagers arrière profitent d’un bon degré de confort ; c’est surtout l’espace pour les jambes qui demeure remarquable. La vision est très bonne tout autour, surtout en raison d’une assise plus élevée qu’à l’avant.
Comme je l’ai mentionné initialement, le grand changement du côté du Nissan Rogue 2022 c’est l’arrivée d’un moteur turbocompressé à 3 cylindres de 1,5 litre disposant d’une technologie de compression variable. C’est en fait une version réduite du 4-cylindres de 2,0 litres VC-Turbo utilisé sous le capot de l’Infiniti QX50.
En fonction des conditions de conduite, le moteur transforme ses caractéristiques en faisant varier le taux de compression entre les ratios 8 : 1 et 14 : 1, rendant ainsi la chambre de combustion plus ou moins grande. L’avantage selon Nissan ? Une réduction des émissions et de la consommation, des prétentions qu’il faudra valider lors d’un essai plus complet. Nissan présente une consommation moyenne de 7,6 litres/100 kilomètres pour le Rogue SV AWD 2022, comparativement à 8,3 litres/100 kilomètres pour la livrée 2021.
Grâce à cette nouvelle mécanique, le Nissan Rogue 2022 dispose aussi d’une puissance plus éloquente, 201 chevaux par comparaison avec 180 pour le 4-cylindres atmosphérique de 2,5 litres qui équipe toujours la version de base. C’est surtout le couple qui est favorisé, 225 livres-pied plutôt que 181. La puissance est plus en ligne avec les mécaniques de base de ses rivaux, au chapitre du couple, il les éclipse presque tous.
Ce nouveau moteur demeure jumelé à une transmission à variation continue (CVT), mais les ingénieurs lui ont tout de même apporté quelques modifications, notamment en élargissant la plage de ratio de 17 %. Ils ont aussi réduit sa friction ; le seul avantage, c’est une diminution de la consommation de carburant.
J’ai eu la chance de faire un premier contact avec le modèle lors d’un court essai dans la région de Toronto. Premier élément à vérifier, ce sont les vibrations. Habituellement, les moteurs qui compte un nombre impair de cylindres ne sont pas aussi équilibrés, c’était notable dans le cas des moteurs du genre chez Ford. Quand on le met en marche, le moteur semble effectivement un peu plus vibrer lorsqu’il tourne au ralenti.
Sur la route, l’effet est beaucoup moins présent. Les ingénieurs ont fait du beau boulot pour minimiser le désagrément. Même la sonorité du moteur est intéressante à l’accélération, elle ne s’apparente pas à celle d’une tondeuse, c’est déjà une bonne nouvelle. Les chevaux supplémentaires du moteur sont les bienvenus, et le couple supérieur est présent à un régime plus bas, ce qui est une bonne nouvelle. Notre principal reproche face au Nissan Rogue 2021, c’était la CVT qui, malgré son bon vouloir, n’offre toujours pas le rendement d’une boîte de vitesses automatique traditionnelle. C’est surtout elle qui étire inutilement le délai entre le moment où l’on accélère et celui où la puissance se fait sentir, et ce, même en activant le mode Sport.
Du reste, les suspensions raffermies de cette génération apportent un aplomb supérieur, la prise en main du volant accentue l’effet de connexion avec le véhicule, et il demeure plus engageant à conduire que par le passé, sans l’être autant qu’un Mazda CX-5. Il faut cependant mentionner le manque de maintien des sièges, j’avais tendance à glisser de gauche à droite. Le large repose-pied me permettait de bien m’ancrer, ce qui aidait à compenser.
Nissan prend un pari risqué en misant sur un nouveau moteur à 3 cylindres aussi complexe. Il faut espérer non seulement qu’il livre ses promesses au chapitre de la consommation, mais aussi qu’il demeure fiable, ce qui sera primordial pour le Rogue. Même si Nissan ne l’a pas officiellement confirmé, il faut aussi souligner que d’autres motorisations arriveront sous peu dont une hybride rechargeable, ce qui place un peu mieux ce moteur en contexte. Un essai complet nous en dira plus sur ce nouveau moteur, mais, pour le moment, nous vous conseillons d’attendre avant d’opter pour un Rogue équipé de cette mécanique le temps qu’elle fasse ses preuves.