Le fait de remplacer le mot « Benz » par l’acronyme AMG dans le nom du véhicule en dit déjà beaucoup. Ça signifie que le modèle en question a été transformé par la division haute performance du fabricant allemand.
AMG tient pour Aufrecht Melcher Grossaspach. Hans-Werner Aufrecht et Erhard Melcher ont fondé AMG en 1967 et le premier, un ingénieur, est né dans la ville de Grossaspach. Mon truc mnémotechnique pour me souvenir de ce charabia : avant de péter « au frette », « mes chers », pensez à une « grosse Apache »…
Il existe bien sûr des modifications d’ordre cosmétiques pour nous aider à distinguer un produit AMG des autres. Sur la C 43, le gros écusson étoilé au centre de la grille est flanqué de deux barrettes horizontales alors que sur la C 63, on jurerait que l’étoile est retenue prisonnière derrière des barreaux verticaux. À l’arrière, les embouts d’échappement ne font pas que passer un message visuel, mais aussi sonore. En conduisant en mode Manuel, à l’aide des palettes au volant, on obtient des pétarades si viriles durant les rétrogradations que les lièvres courent se cacher dans leur terrier.
Parlant d’habitacle, on est immédiatement subjugué par celui de la C 63. La quantité d’interrupteurs, la qualité et le luxe des matériaux, l’éclairage d’ambiance, la sono Burmester avec ses haut-parleurs ouvragés, les écrans qui grossissent et se programment selon les ensembles choisis, rien ne détonne ; au contraire, tout concourt à créer un intérieur dont chaque millimètre carré a été pensé pour marier la technologie au confort et la rapidité à la sécurité.
En fonction de nos goûts et des options cochées, on peut se retrouver, comme ce fut mon cas, avec des baquets très moulants parcourus de surpiqûres jaunes et de boudins en cuir de la même couleur. Pour la discrétion, on repassera, mais le maintien s’avère total, tout en laissant flotter dans la cabine une sportivité que viennent renforcer les accents de fibre de carbone.
Le volant est lui-même une pièce d’orfèvrerie. Il s’attache à vous telle une excroissance naturelle des mains. On ne veut plus le laisser aller tellement nos paumes l’apprécient. Et pourtant, nos doigts iront pianoter les nombreux boutons encastrés dans les branches métalliques, surtout celle de droite où scintille un mini pavé tactile. Glissez le pouce dessus, dans un sens ou dans l’autre, et vous obtenez une série d’affichages distincts à l’écran.
En fait, la C 63 peut analyser et enregistrer quelque 80 paramètres concernant votre pilotage (l’option AMG Track Pace). Vous pouvez ensuite les transférer sur votre ordinateur à la maison, grâce à la connexion Mercedes Me Connect désormais de série à travers la Classe C, pour mieux les étudier afin de modifier votre pilotage ou le réglage du bolide.
La C 63 2019 est désormais la plus puissante du clan. Non, correction : la C 63 S est la plus puissante. Ajoutez un S au patronyme du modèle et vous obtenez une autre variante ! Pour le coup de la multiplication des pains, Mercedes-Benz est championne. La preuve : la division canadienne propose pas moins de 12 modèles C aux Canadiens !
Le premier, la C 300 4Matic, est disponible dans les quatre configurations. Son moteur est un 4-cylindres en ligne turbocompressé de 255 chevaux (un gain de 14 par rapport à 2018). Et de quatre !
La C 43 4Matic est également offerte dans les quatre carrosseries (une nouveauté dans le cas de la familiale). Elle délaisse le 4 en faveur d’un V6 3,0 litres biturbo de 385 chevaux (gain de 23). Et de huit !
La C 63, elle, ne sera offerte au Canada que sous les traits d’une berline, bien qu’elle roule sous forme de coupé, break et cabrio, ailleurs dans le monde. Elle délaisse le V6 pour s’emparer d’un V8 4,0 litres biturbo de 469 chevaux. Et de neuf !
Enfin, la C 63 S sera disponible chez nous dans toutes les configurations, sauf la familiale (très dommage). Elle exploite le même V8 que la 63, mais trituré de telle manière par les sorciers d’Affalterbach (la ville où bourdonne l’usine d’AMG) qu’il fournit 34 chevaux de plus (503), assez pour signer un époustouflant chrono 0-100 km/h de 3,9 secondes. Et de 12 !
Pour tout dire, il n’y a pas un seul organe important de la C 63 qui ne peut pas être programmé. Que ce soit le comportement routier général, la direction ou la transmission, il y a moyen de dénicher les réglages qui vous permettront soit de conserver une impressionnante moyenne de consommation combinée qui oscillera un peu au nord de 10 litres aux 100 km, soit d’établir des tours de piste ahurissants grâce au mode Race exclusif à la variante S.
La C 63, soit dit en passant, était la seule de la famille à endurer une transmission AMG SpeedShift à 7 vitesses alors que toutes ses sœurs bénéficiaient déjà de deux rapports de plus. Voilà maintenant qu’elle a aussi droit aux 9 vitesses.
Même le contrôle de la traction dispose d’une molette qui permet au pilote de modifier le degré d’intervention du système. Laissez le contrôle accomplir son boulot et l’aide électronique rattrape les dérapages involontaires. Mais diminuez son effet et vous êtes mieux de savoir ce que vous faites parce que l’arrière du bolide vous rappellera à la première occasion ce que 500 cheveux peuvent infliger comme traitement à une propulsion (les autres C étant nanties de la traction intégrale).
Toutes les aides à la conduite imaginables sont disponibles, de série ou facultatives, et Benz ne cesse de les améliorer. Par exemple, l’alerte pour nous avertir de la présence d’un intrus dans notre angle mort fonctionne même pendant trois minutes après avoir éteint le moteur. Parce que si vous vous apprêtez à sortir du côté d’une rue passante, vous apprécierez de savoir si l’auto qui s’en vient planifie de continuer son chemin avec l’une de vos portières en guise de souvenir.
De toutes les configurations, le coupé est celle qui s’harmonise le mieux aux ambitions athlétiques de la 63 S. L’accès à la banquette n’est pas simple, mais le dégagement demeure décent grâce aux dossiers sculptés. Le cabriolet, avec sa toile colorée, présente une image spectaculaire, mais je vois mal l’acheteur le choisir pour aussitôt se précipiter vers la piste de course. Et la contenance du coffre n’est pas fameuse.
La familiale restera confinée à l’extérieur de l’Amérique du Nord tant que les Américains ne se montreront pas plus réceptifs envers ce format. Enfin, la berline est le choix de tous les jours pour qui veut se rendre au boulot aux commandes d’un véritable pur-sang.
Au moment d’écrire ces lignes, Mercedes-Benz Canada n’avait pas encore divulgué les prix 2019 des C 63/C 63 S, mais prenez ceux de 2018, majorez-les un tout petit peu et vous aurez une bonne idée de la grosseur de tirelire qu’il vous faudra fracasser pour acquérir l’une ou l’autre version (entre parenthèses, le mois où le modèle arrivera chez les concessionnaires du Québec) :
C 63 berline = 75 700$ (décembre)
C 63 S berline = 84 600$ (décembre)
C 63 S Coupé = 86 300$ (novembre)
C 63 S Cabriolet = 93 700$ (novembre)