Mazda l’affirme haut et fort : elle veut se repositionner vers le haut, faire un pied de nez aux marques de luxe sans nous faire payer la totale. Avec le CX-30 GT Turbo, on y arrive dans la mesure où l’acheteur accepte un écusson moins prestigieux.
Est-ce qu’il y a des changements avec l’introduction du GT Turbo par rapport au GT ? Oui, mais il faut le savoir, comme on le dit ! On ne retrouve que 4 éléments distinctifs : les jantes de 18 pouces, les boîtiers de rétroviseurs peints en noir, les embouts d’échappement au diamètre un plus généreux et, la cerise sur le « sundae » : le mot TURBO sur le hayon.
Tout comme pour les versions Signature (6, CX-5, CX-9) ou, même, la Mazda3 Turbo, Mazda rate de belles occasions d’offrir plus de personnalité à ses versions plus puissantes. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent. Permette aux propriétaires de voir une différence entre les modèles GX et GT Turbo.
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Quelques aspects méritent notre considération. Son nez de requin affirmé, soutenu par une large et profonde bande de chrome, crée un réceptacle pour la neige devant les phares. On doit y porter une attention particulière si l’on veut conserver un bon éclairage. Lorsque dégagée, la puissance est au rendez-vous, et ils sont même directionnels. Les clignotants progressifs au bas du pare-chocs avant nécessitent la même attention que les phares quand il neige.
Même si le CX-30 affiche de petites erreurs de design, il demeure un VUS distinctif dans le segment des VUS sous-compacts. À mon avis, si Mazda désire réellement aller se frotter aux allemands, elle devra se montrer plus créative avec ses variantes plus véloces.
Ma version à l’essai était habillée de cuir à deux tons, noir et brun, du plus bel effet. La finition se veut supérieure par comparaison avec les marques généralistes, mais pas à la hauteur des allemandes. Le confort des sièges avant se montre notable avec un bon maintien ; cependant, pour les personnes de grande taille, l’assise est un peu courte.
J’aime certaines sections de la planche de bord. Toute l’instrumentation attire l’œil avec sa partie centrale numérique. Impossible de jouer avec et avoir plusieurs tableaux. Mazda n’est pas allée au bout de son idée. La nacelle qui encercle les cadrans avec ses buses d’aération offre une sensation de poste de pilotage que j’adore. On jouit d’un affichage tête haute complet et facile à consulter.
Mazda a renouvelé son système multimédia qui reste, malgré tout, complexe à utiliser. Aujourd’hui, un simple moniteur de 8,8 pouces n’impressionne plus personne, d’autant plus qu’il n’est pas tactile.
L’espace est un enjeu dans le CX-30. L’accès arrière demeure difficile. Une fois en position assise, ce sont les jambes qui souffriront, particulièrement les rotules collées au dossier avant. Même des enfants auront du mal à y trouver leur confort. Pour ce qui est du coffre, le CX-30 Turbo propose entre 572 et 1 280 litres d’espace de chargement, alors que le Chevrolet Trailblazer en offre entre 716 et 1 540.
L’idée de glisser la mécanique la plus véloce de la gamme sous le capot du CX-30 est excellente. On découvre, en complément du 2,0-litres (155 chevaux) et du 2,5-litres (186 chevaux), le 4-cylindres turbocompressé de 2,5 litres. Il s’agit du même moteur qu’on connait des 3, CX-5, 6 et CX-9. Il développe une puissance de 250 chevaux avec de l’essence à indice d’octane de 93 mais 227 chevaux sur de l’ordinaire. Dans tous les cas, le couple impressionne avec 310 à 320 livres-pieds en fonction du carburant. De facto, on conserve la boîte de vitesses automatique à 6 rapports avec mode manuel. Du côté du rouage, on adopte l’i-ACTIV qui répartit le couple en fonction de l’adhérence des roues tout en favorisant le train avant. Des marques généralistes, c’est la mécanique la plus puissante. Il surpasse la majorité des moteurs de base des Allemands, tous sous les 230 chevaux.
C’est ici que la présence de ce moteur prend tout son sens. Mazda se définit par son agrément de conduite, et on le vit. C’est d’autant plus vrai quand on active le mode Sport. La direction gagne en précision et nous offre une sensation de plein contrôle. Très précise, la communication se montre sans reproche. Un réel plaisir.
La vitalité du moteur est l’aspect le plus intéressant. À la moindre sollicitation, on prend de la vitesse de façon linéaire. La gestion de la boîte à 6 rapports, dans un contexte urbain et de conduite dynamique, ne se prête pas aux reproches. Réactive, elle choisit toujours le bon rapport. Seul bémol, sur l’autoroute, il manque un ou deux rapports, ce qui permettrait de réduire la révolution du moteur ainsi que la consommation de carburant. Au terme de mon essai, j’ai obtenu une moyenne de consommation tout juste sous les 11 litres/100 kilomètres. C’est haut.
Deux autres aspects m’ont laissé sur mon appétit : les suspensions et la sensation au freinage. Les amortisseurs sont trop fermes, trop directs. À cela, on doit ajouter que le pont rigide arrière entraine des sautillements sur les routes en mauvais état. Par contre, quand on veut une conduite dynamique, la fermeté des amortisseurs prend tout son sens, surtout en virage. Pour ce qui est du système de freinage, le pédalier se montre spongieux. À un point tel qu’on en vient à se demander si le véhicule réagira à temps. Là encore, Mazda aurait très bien pu avoir une approche axée sur la performance.
J’ai eu l’occasion mettre le rouage intégral à l’épreuve ; j’ai même eu une tempête de neige pour me donner un coup de main. Ce n’est pas aussi performant qu’un système permanent, mais ça demeure efficace. Le train avant est toujours favorisé, on le sent bien. En cas de besoin et en l’espace de quelques microsecondes, les roues arrière s’activent pour stabiliser et maintenir la trajectoire.
Le Mazda CX-30 Turbo 2021 a répondu à mes attentes. Par contre, tout comme pour la 3 Turbo, j’ai l’impression que Mazda n’est pas allée au bout de son idée. Oui, c’est plus puissant, mais pourquoi ne pas améliorer d’autres composants mécaniques comme les freins ; et c’est sans parler du style. Malgré ces quelques rendez-vous manqués, est-ce que le CX-30 Turbo mérite l’attention des acheteurs et, même, des acheteurs types de VUS de luxe ? Oui, sans aucun doute et pour un prix décent en fonction de la qualité du produit. À cela, ajoutez le fait qu’on connaît ses composants techniques, et que la fiabilité est rendez-vous. Sans restriction, nous recommandons le CX-30 Turbo.