À première vue, le nouveau Navigator, quatrième du nom, s’inspire fortement du prototype introduit au Salon de l’Auto de Détroit en 2016. Malgré quelques traits de ressemblance avec l’Expedition qui change aussi cette année, le nouveau Navigator réussit beaucoup mieux à s’éloigner du 4x4 à l’écusson bleu.
La portion avant reçoit enfin cette grille de calandre apparue pour la première fois sur la Continental, un élément qui, à mon avis, s’intègre très bien à la silhouette du Navigator. De profil, le véhicule adopte une fenestration rectiligne, les piliers B, C et D étant également noirci pour « allonger » le véhicule un peu plus, qu’il soit commandé en version régulière ou longue (L).
Bien entendu, les jantes de 22 pouces (!) livrées d’office contribuent à rehausser le statut du VUS de luxe, tandis que la portion arrière joue la carte de l’élégance avec cette bande lumineuse qui traverse toute la largeur du véhicule.
Évidemment, le chrome est omniprésent à l’extérieur, mais je me dois de la dire : le nouveau Navigator est moins « kitsch » que ses prédécesseurs.
Ceux et celles qui ont pu apprécier le travail accompli dans la récente Continental s’y retrouveront à bord du nouveau Navigator 2018. Pas que le VUS ait réduit son volume intérieur, mais au niveau du design, les ressemblances sont frappantes. Par exemple, les sièges de la première rangée proposent pas moins de 24 ajustements différents (une sellerie à 30 ajustements est offerte en option), une facette observée sur la plus riche des berlines Lincoln. Les gens du constructeur sont tellement confiants de ces sièges qu’ils ont baptisé ceux-ci « Perfect Position Seats » à cause de leur position de conduite… parfaite!
La planche de bord marque également le passage de Lincoln vers un produit plus élégant, plus moderne, surtout quand on compare avec l’ancien tableau de bord très baroque. Les boutons de la boîte de transmission, déposés à la base de la portion centrale, sont faciles d’accès et permettent de dégager la console centrale qui, de son côté, abrite toutes les commandes de la ventilation, des porte-gobelets, un espace pour le téléphone intelligent et beaucoup d’espace de rangement. L’afficheur tête haute (livrable en option malheureusement) est également bienvenu à bord du Navigator, les ingénieurs ayant travaillé fort pour le rendre clair et intuitif. Évidemment, le large écran du système de divertissement est dur à manquer au centre du tableau de bord, ce dernier abritant une foule d’applications.
L’espace ne manque pas à bord, Lincoln offrant plusieurs configurations possibles à la deuxième rangée et, pour une fois, les passagers qui prendront place à la troisième rangée n’auront pas l’impression d’être en punition, l’assise ayant été grandement améliorée. Lincoln poursuit sa stratégie à deux longueurs de carrosserie, l’édition L ajoutant quelques pouces d’espace cargo au véhicule. Et pour le faible supplément demandé, cette livrée est plus séduisante surtout pour les consommateurs à la recherche d’un maximum d’espace intérieur.
La division luxueuse avait déjà modifié sa stratégie sous le capot du Navigator 2015 en troquant deux cylindres pour une paire de turbos, le V6 Ecoboost de 3,5-litres ayant démontré ses capacités supérieures par rapport à l’ancien V8 de 4,6-litres.
Pour 2018, Lincoln n’entend pas à rire. Non seulement le bloc V6 biturbo est de retour, mais sa puissance et son couple indiquent les mêmes statistiques qu’un certain Ford F-150 Raptor. C’est donc de dire que le Navigator livre une puissance de 450 chevaux et un couple de 510 lb-pi, soit 50 chevaux et 30 lb-pi de plus que dans le Ford Expedition. Voilà un élément où le Navigator se démarque de cousin de plateforme.
Comme les plus récents produits du constructeur, c’est une boîte de vitesses automatique à 10 rapports qui trône derrière le 6-cylindres turbocompressée, celle-ci étant bien entendu reliée à un rouage intégral livré de série, contrairement au marché américain où une version à roues arrière motrices est encore disponible.
Lincoln poursuit les efforts déployés par Ford avec sa camionnette F-150 en habillant son Navigator d’une carrosserie en aluminium, une solution qui permet d’alléger le véhicule. N’ayez crainte, le gros véhicule accuse encore un poids important.
Malgré la diète, le Lincoln Navigator demeure un gros véhicule. Il faut donc adapter quelque peu sa conduite. Le premier élément qui détonne avec d’autres VUS de cette catégorie, c’est la souplesse de la suspension, les amortisseurs adaptatifs effectuant de l’excellent travail pour filtrer les imperfections du bitume. Soyons francs, notre parcours en Colombie-Britannique n’a pas été parsemé de chemins aussi bosselés que ceux de la Belle Province, mais ce premier contact est déjà un bon indicatif du caractère spongieux de l’utilitaire. Le silence qui règne à bord est également à noter, signe que l’insonorisation a été améliorée lors de la refonte.
Le Navigator est un gros véhicule certes, mais une fois de plus, la direction électrique facilite la tâche du conducteur. On a presque l’impression de conduire une grande berline, d’autant plus que la mécanique offre amplement de puissance pour les reprises sur l’autoroute ou même dans une pente ascendante aux alentours de Whistler! La boîte de vitesses automatique fait ressentir quelques à-coups lorsque le mode « Excite » est sélectionné, mais outre ce détail, l’unité à 10 rapports travaille bien avec le V6 biturbo. À ce sujet, la molette située non loin du bras droit du conducteur permet de changer le caractère du Navigator, l’image qui s’affiche dans la jauge d’instrumentation indiquant le type de motricité voulu. En terminant, le freinage n’a pas posé problème, même s’il faut garder en tête que le Navigator n’est pas aussi facile à arrêter qu’une Mazda MX-5.
De grand frère plus cossu du Ford Expedition, le Lincoln Navigator est prêt à passer à la vitesse supérieure avec cette livrée 2018, vingt ans après avoir changé le paysage des gros utilitaires. Le constructeur a définitivement le Cadillac Escalade et l’Infiniti QX80 dans le collimateur et espère que cette nouvelle mouture saura enlever quelques ventes à ses concurrents, une tâche qui ne devrait pas être trop ardue à accomplir, surtout quand on regarde du côté de l’ancien modèle.