Le Telluride ne se prend pas pour un multisegment. Très carré, il rompt avec la tradition Kia. On retrouve plusieurs éléments de design distinctifs. Le premier en liste : les rectangles aux DEL orangés qui font office de phares de jour. Avec cette caractéristique, on ne peut le méprendre. De plus, une mince mais large calandre flanquée de l’appellation « TELLURIDE » est intégrée. Du côté des antibrouillards, il faut regarder un peu plus bas pour y voir une structure double. Fait important : toutes les versions obtiennent un éclairage aux DEL.
Sur le profil, là encore, les angles sont maîtres. On retrouve quelques accents sympathiques comme un creux au bas des portières avant, ou encore un léger rappel de la calandre avec ce cadre de fenestration cintré dans sa partie inférieure au pilier B. Vers l’arrière, il est difficile de ne pas faire un parallèle avec la configuration carrée du Volvo XC90. Même la forme des hanches du véhicule le rappelle. Il y a pire comme inspiration, mais un peu plus d’originalité serait de mise. On observe une note de sportivité avec cette double sortie d’échappement.
Kia offre trois versions du Telluride. De l’extérieur, il n’y a pas de distinction possible entre le SX à 49 995 $ et le SX-L – Limited – à 53 995 $. Ces dernières incluent des jantes de 20 pouces. Dans le cas du modèle « de base » EX (44 995 $), on obtient des roues de 18 pouces et un peu moins de chrome au bouclier. La qualité de la peinture et de l’assemblage est sans reproche.
La configuration de l’habitacle dans un véhicule familial est un des points les plus importants dans son évaluation. Kia a fait ses devoirs. L’ouverture de toutes les portières est béante, ce qui facilite l’accès de même que l’intégration de sièges de sécurité. Une fois derrière le volant, on remarque l’excellente visibilité sous tous les angles, encouragée par la position assez basse du tableau de bord. Le volant, identique à celui du Sorento, regroupe plusieurs commandes pour le contrôle de l’ordinateur de bord très complet qui incorpore presque toutes les données relatives au véhicule. Ce même moniteur cache une astuce brillante. Le Telluride SX récupère un système de caméras, similaire au Lane Watch de Honda permettant de voir dans l’angle mort droit. Seulement, Kia reprend cette idée avec une caméra de chaque côté. Dès qu’on signale notre intention d’aller vers la gauche ou la droite, l’image de l’angle mort apparaît dans l’instrumentation. Génial. Distinction pour la version SX-L : elle reçoit un affichage tête haute complet. À partir du SX, on découvre également un toit ouvrant double, pour une belle luminosité à bord. Le soir venu, pas moins de 64 couleurs différentes pour l’éclairage d’ambiance s’offrent aux passagers.
Au sommet, un écran supplémentaire de 10,25 pouces à commande tactile. Il s’agit du même programme depuis plusieurs années chez Hyundai/Kia et il brille par son efficacité. Parmi les accessoires, on découvre Cabin Talk, une autre idée reprise de Honda qui permet de communiquer avec les passagers arrière via haut-parleurs, en utilisant le système Bluetooth. C’est copié, mais ça marche quand les enfants sont un peu plus agités!
Le Telluride arrive avec un équipement très complet dont une sellerie en cuir synthétique. Pour le SX, on parle plutôt de cuir véritable, et même de cuir Nappa pour le SX-L.
Pour toutes les rangées au compte de trois, les dégagements sont amples. À l’avant, les sièges offrent de multiples réglages dont la longueur de l’assise pour le conducteur. À la deuxième rangée, le dossier s’incline et la banquette est déposée sur une glissière afin d’optimiser l’espace pour les jambes. Cette glissière sert d’ailleurs à faire basculer l’assise pour avoir accès à la troisième ligne. Par simple pression d’un bouton, le siège s’avance. C’est même une opération facile pour les enfants.
Les modèles EX et SX offrent huit places alors que le SX-L propose deux sièges capitaine, chauffants et climatisés. Souvent dans le segment, l’espace pour la rangée dans le coffre laisse à désirer. Pas dans le cas présent : avec mes 184 centimètres, je m’y suis assis en tout confort. J’avais les genoux dans le front, mais tous les dégagements nécessaires pour être bien. Les volumes de la malle sont importants : 601 litres avec tous les dossiers en position, 1 304 litres derrière la deuxième rangée, et 2 455 litres à partir des sièges avant. En comparaison, le Honda Pilot fait 524 / 1 583 / 3 093 litres.
Le Telluride, tout comme son cousin Palisade chez Hyundai, repose sur une nouvelle plateforme. Cette dernière semble très rigide, du moins c’est ce que j’ai constaté sur quelques 800 kilomètres d’essai. Je dois vous avouer avoir eu toute une surprise avec ce qui se trouve sous le capot. Un seul choix pour le moment : V6 de 3,8 litres à cycle Atkinson de 291 chevaux avec un couple de 262 lb-pi. Ça vous dit quelque chose? Si oui, c’est normal. Il s’agit du même bloc-moteur que l’on retrouve dans les Genesis (coupé et berline) de 2009 à 2016. La base est la même, mais Kia nous assure que la mécanique a été complètement retravaillée. Pour la transmission, une possibilité : l’automatique à huit rapports reprise des Sedona et Sorento.
Si je le compare à la majorité de mes essais, ce trajet était particulièrement long. J’ai surtout roulé sur l’autoroute et j’ai obtenu une moyenne totale de seulement 10,6 litres. Pour la partie entre Jasper et Calgary, le Telluride n’a consommé que 8,6 litres/100 km. Considérant sa taille, il se place en tête de segment au chapitre de la consommation d’essence.
Kia ne lésine pas sur le plan technique. Quatre freins à disque : à l’avant, des ventilés de 13,4 pouces, et à l’arrière, des pleins de 12 pouces. Pour les suspensions, elles sont indépendantes aux quatre coins, mais la version SX-L obtient des amortisseurs à l’air autonivelants. Cela veut dire qu’ils maintiennent l’assiette du véhicule lorsqu’il reçoit une charge ou qu’il remorque. C’est une caractéristique de confort, de comportement routier, mais surtout de sécurité quant à la stabilité du Telluride. D’ailleurs, parlant de remorquage, il offre une capacité de 5 000 livres.
C’est la seule option mécanique disponible pour l’heure, mais une version hybride et hybride enfichable sont dans les plans du constructeur, bien qu’il refuse encore de l’admettre. Ces modèles feront partie de l’offensive de Kia en matière d’électrification. Bien évidemment, pas un mot n’a été émis sur les données techniques ou leurs rendements.
De facto, il importe de dire que le Telluride peut intégrer toutes les aides et assistances à la conduite. On obtient même une conduite semi-autonome impressionnante. Les programmes sont efficaces, sans être intrusifs. À ce chapitre, le Telluride se distingue de bien des compétiteurs. Pas moins de sept modes différents sont proposés : Smart, qui s’adapte à vos habitudes, Eco, pour une faible consommation de carburant, Sport, dont le rendement n’est pas agréable, et Confort, qui normalise le tout. À cela s’ajoutent Sable, Boue et Neige, pour les situations plus délicates. La traction est toujours favorisée, mais le système AWD est de série, en plus d’un vecteur de couple aux roues arrière.
Le Telluride propose un comportement sans histoire, mais plaisant. La direction n’est pas communicative mais démontre une belle de précision. Les suspensions fournissent un confort princier avalant les kilomètres. J’ai bien aimé qu’elles soient légèrement fermes, mais jamais désagréables. Malgré son poids de 4 343 livres, le VUS se manie de façon exemplaire sur la route. Il devance presque tous ses concurrents, du moins ceux équipés d’un V6.
Après le mauvais timing du Borrego, Kia revient dans le segment des utilitaires sport 7-8 places avec un produit sérieux, très convaincant. Les Honda Pilot, Toyota Highlander et Ford Explorer de ce monde ont de quoi s’inquiéter. Comme toujours, on se garde une réserve avant de le recommander. Il faut attendre que sa fiabilité soit confirmée. S’il fait ses preuves de ce côté, le Telluride a tout pour devenir un champion.