Austin (TEXAS) – Lors de la présentation technique du Kia Seltos 2021, les gens de Kia réitéraient sans cesse que leur tout dernier VUS sous-compact n’a rien à voir avec son cousin mécanique, le Hyundai Kona.
Le géant industriel coréen semble en effet plus préoccupé par la rivalité entre ses propres véhicules que l’innombrable variété de VUS sous-compacts offerts par ses concurrents. Est-ce signe que les choses vont bien pour le groupe? Avec plus de 25 000 Kona vendus au Canada en 2019, il semblerait que oui.
Peu importe ce que le constructeur tente de nous faire avaler, nous avouons avoir été énormément charmés par le Seltos, lequel vient se faufiler entre un Niro et un Sportage au sein de la gamme. La soif des consommateurs pour les VUS semble être insatiable et Kia répond donc à l’appel. Le Seltos marque le sixième véhicule du genre pour le constructeur, rivalisant les Mazda CX-30, Nissan Qashqai et Honda HR-V de ce monde.
L’équipe de RPM l’a essayé sur les routes du Texas, dans le cadre de son lancement nord-américain.
Qu’on se le dise, le Seltos emprunte certes son architecture au Kona, mais Kia l’a considérablement modifiée afin de concevoir un véhicule largement plus imposant et distingué.
À titre d’exemple, son empattement fut allongé de 30 mm, de sorte qu’il est 205 mm plus long qu’un Kona. Aussi, son toit a été relevé afin de lui octroyer davantage de dégagement pour la tête, surtout aux places arrière.
Au chapitre du design, on ne voit aucune ressemblance à un produit Hyundai. Le Seltos arbore une allure plus aventurière, affichant une partie avant qui incorpore le plus récent visage du constructeur avec une touche de Telluride et un soupçon de Sportage. La partie arrière est plus conventionnelle, mais néanmoins élégante, dévoilant presque des airs de Chevrolet Trailblazer.
Le Seltos est offert avec un rouage à traction ou intégral. Il peut être alimenté par deux choix de moteurs quatre cylindres et propose une myriade d’options intéressantes, comme la possibilité d’y connecter deux téléphones en même temps, des sièges chauffants et ventilés à l’avant, chauffants à l’arrière, un localisateur du véhicule si jamais vous l’égarez dans un stationnement public, un mode « verrouillable » pour la transmission intégrale, ainsi que la possibilité de faire jouer des sons d’ambiance, comme des chants d’oiseaux ou des chutes d’eau par son système audio Bose.
Bon, nous doutons de la pertinence d’une telle option. Au moins, Kia essaie quelque chose de différent!
Les prix varient entre 22 995 $ pour un EX d’entrée de gamme à roues motrices avant et 34 505 $ pour un SX Turbo équipé à bloc. La transmission intégrale est offerte à partir de 24 995 $.
À mes yeux, le meilleur rapport qualité-prix réside dans la déclinaison EX AWD au prix de 27 595 $, qui donne droit au rouage intégral ainsi qu’à une foule d’options et de technologies d’aide à la conduite, comme un toit ouvrant, des sièges en cuir, un volant chauffant, un détecteur d’angles morts, le freinage d’urgence en cas de collision, la détection du trafic transversal en mode marche arrière et même un démarreur à distance.
En outre, le moteur turbo est réservé seulement à la déclinaison la plus onéreuse. À mon avis, Kia aurait pu l’offrir comme option unique sous d’autres variantes.
La force numéro un des produits Kia réside dans leur désir presque obsessif d’offrir le meilleur rapport qualité-prix de l’industrie. À ce chapitre, le Seltos ne déçoit absolument pas.
Bien que son habitacle présente une qualité de matériaux comparable à ce qui se fait dans l’industrie, leur présentation est mieux exécutée : on joue avec les surfaces, les formes et les couleurs pour truquer l’œil, de sorte que le Seltos paraît plus cher qu’il ne l’est en réalité.
Au chapitre de la finition de son habitacle, le Seltos un chef de file de sa catégorie, seulement détrôné par le Mazda CX-30.
Dans ses places avant, on est bien assis, même si l’on est grand. L’accès à l’habitacle est facile, le dégagement pour la tête est en effet superbe et même si les places arrière demeurent serrées (défaut courant chez ce genre de véhicule) on y observe davantage de dégagement pour les jambes que dans un Kona.
Une fois qu’on ouvre son coffre, on y remarque une énorme ouverture pouvant avaler jusqu’à 752 litres d’espace, ce qui lui permet de se positionner au sommet du créneau. Une fois le siège arrière rabattu au plancher, on se retrouve avec 1 778 litres au total, ce qui surpasse tous ses rivaux, incluant le leader actuel, le Nissan Qashqai (1 730 litres).
Côté motorisation, le Seltos hérite inévitablement de mécaniques recyclées, c'est-à-dire le même quatre cylindres de 2,0 litres d’une puissance de 146 chevaux et 132 lb-pi de couple qui alimente la Kia Forte, ou le 1,6-litre turbocompressé qu’on retrouve sous le capot du Kona. Pour le Seltos, ce moteur est chiffré à 175 chevaux et 195 lb-pi de couple.
Le 2,0 litres est jumelé à une boîte automatique à variation continue que le constructeur nomme iVT. Le moteur turbo, quant à lui, est offert uniquement avec le rouage intégral et une boîte automatique à double embrayage à sept rapports – une qualité rare dans cette gamme de prix.
Au sujet des différentiels verrouillables mentionnés plus haut, la transmission intégrale du Seltos incorpore un système électronique qui simule un réel verrouillage des différentiels. Bien qu’un peu moins efficace qu’un véritable système quatre roues motrices à deux vitesses comme ce qu’on retrouverait sous un Jeep ou une camionnette, cette technologie confère néanmoins au Seltos un niveau de traction supérieur dans la neige ou la boue. Ce système cesse toutefois de fonctionner à une vitesse de 60 km/h.
Notre période d’essai nous a permis de bien exploiter les deux motorisations offertes sur les routes ensoleillées du Texas. Honnêtement, il est difficile de trouver des défauts à la conduite de ce petit VUS.
C’est un véhicule qui, malgré ses intentions familiales, nous a épatés par sa volonté de jouer dans les virages, nous collant instantanément un sourire au visage dès la première courbe. Bon, on est loin de la voiture sport, mais son châssis est hyper solide, sa direction procure un bon degré de résistance et sa suspension a trouvé le juste milieu entre trop ferme et trop molasse.
Autrement dit, on sent que les gourous de Kia ont passé du temps à bien le peaufiner, ce qui lui permet d’afficher une tenue de route, on doit le souligner, presque européenne.
Ensuite, il y a les deux motorisations qui nous permettent de littéralement « battre » le véhicule sans qu’il rechigne. Les acheteurs de Seltos conduiront-ils leur véhicule sur un circuit de course? Peu probable. Cependant, le fait que Kia ait injecté une petite dose de sportivité dans sa conduite lui donne un caractère fort adorable.
Disons que si le moteur 2,0 litres n’est pas puissant, du moins il fait bien le travail. Toutefois, il se montre très nerveux lorsque sollicité (bien que très bruyant) et nous déballe tout ce qu’il a dans le ventre, comme s’il ne voulait pas qu’on soit déçu de ses performances. Idem pour la boîte iVT qui suit les ordres sans tenter de tout gâcher. Bref, rien à redire.
La cerise sur le sundae, c’est bien entendu le moteur turbo. Certes, ce petit moteur affiche un léger délai du turbo (« turbo lag »), mais lorsqu’il s’active il pousse fort, demeure doux et permet au Seltos de réaliser des temps d’accélérations qui sont plus que suffisants considérant sa vocation utilitaire.
De plus, notre Seltos s’est toujours tenu à une moyenne de consommation sous la barre des 10 L/100 km, peu importe le moteur dont il était équipé, et peu importe comment on le conduisait! Cela dit, les chiffres de consommation combinée du constructeur ne révèlent pas de différences marquées entre les deux moteurs, variant entre 8 L/100 km pour le 2,0 litres AWD et 9 L/100 km pour le 1.6T.
Pour terminer, la boîte à double embrayage s’est montrée superbe, enfilant les rapports rapidement et sans délai fâcheux. Elle s’est toutefois montrée brusque à basse vitesse, surtout en ville lors des décollages et d’autant plus lorsque le véhicule est réglé en mode Sport. La pédale de l’accélérateur trop sensible accentue ce défaut.
À ce chapitre, Kia n’est pas encore tout à fait au même niveau de précision que les Allemands.
Entre vous et moi, ces quelques faiblesses ne risquent pas pour autant d’empêcher un client potentiel d’opter pour un Seltos au lieu d’un HR-V ou même un Qashqai, car rares sont les consommateurs qui conduisent leur véhicule comme le fait un journaliste automobile!
Nous avouons que le Kia Seltos 2021 rend notre boulot difficile tant il est réussi et nous n’avons donc aucune hésitation à le recommander en raison de ce qu’il offre pour le prix payé, sa qualité d’assemblage exemplaire et son caractère sportif hyper charmant.
Nous soulignons toutefois les problèmes majeurs en matière de fiabilité dont le constructeur a récemment été victime avec ses moteurs. Le constructeur affirme avoir réglé ces défauts; seul le temps nous le confirmera.
Bien que le produit soit solide dans son ensemble, nous devons néanmoins patienter et observer le comportement à long terme du Seltos avant de pouvoir brosser un portrait global au chapitre de sa fiabilité.