Victoria, Colombie-Britannique – Les constructeurs automobiles n’ont plus le choix : pour garder un certain engouement autour de leurs formats traditionnels, ils doivent redoubler d’efforts en offrant plus de variantes, tout en s’assurant de ne pas cannibaliser les ventes de véhicules utilitaires. Inutile de rappeler à quel point ces véhicules hauts sur pattes dominent le marché depuis au moins les cinq dernières années.
Kia a renouvelé sa berline Forte l’an dernier, apportant au passage un lot de modifications à la silhouette, à l’habitacle et même sous le capot. Pour 2020, le constructeur coréen ajoute la Forte5 ainsi qu’une version GT, un acronyme qui bonifie passablement les performances de la berline compacte. Sachez également que Kia va bientôt commercialiser une Forte5 GT, la livrée à hayon qui brillait par son absence à ce lancement canadien auquel nous avons assisté.
La Forte5 reprend là où a été laissée la berline redessinée l’an dernier. En fait, du bouclier avant jusqu’au pilier B, les deux carrosseries sont identiques. La fenestration change toutefois vers l’arrière, elle qui se termine en pointe. Les designers n’ont pas voulu adopter un format de familiale traditionnelle et le hayon a plus d’inclinaison, à la manière d’un coupé fastback. La version EX (la moins chère) essayée lors de ce premier contact était équipée de jantes de 16 pouces.
De son côté, la Forte GT se distingue non seulement par une monte pneumatique plus imposante – les jantes de 18 pouces remplissent très bien les arches de roue –, mais aussi par une grille de calandre noire et rouge tatouée de l’écusson GT, un becquet sur le bout du coffre à l’arrière, et même deux pots d’échappement. Les bas de caisse sont également un peu plus agressifs. Règle générale, la Kia Forte GT a fière allure face aux Honda Civic Si, Hyundai Elantra GT et Volkswagen Jetta GLI de ce monde.
Pas de surprise ici, la Forte5 EX présente la même ambiance que dans la berline dévoilée l’an dernier. La planche de bord suit la tendance du moment avec un écran perché en plein centre, ce dernier qui surplombe les principales commandes de la ventilation. Au niveau de la console centrale, on retrouve des espaces de rangement et même un système de recharge par induction pour les appareils intelligents. Le levier de la boîte à variation continue (la seule offerte dans la cinq-portes) est flanqué des boutons de sièges chauffants et de modes de conduite. La sellerie en tissu s’avère acceptable pour une voiture de ce prix et l’espace est suffisant à la deuxième rangée. Quant au volume du coffre, il s’inscrit également dans la bonne moyenne du segment. Autrement dit, la Forte5 ne révolutionne rien, mais ne déçoit pas non plus!
De son côté, la Kia Forte GT mise sur un habitacle plus sportif. Les sièges en cuir de la première rangée sont nettement plus enveloppants en plus d’être agrémentés par ces broderies « GT ». L’autre élément qui saute tout de suite aux yeux, c’est ce volant à la base aplatie, un signe du caractère plus aiguisé de la berline.
Contrairement à la Forte5 EX, la version GT a droit au système de navigation intégré, un équipement réservé aux livrées plus cossues de nos jours.
Sous le capot de la Forte5, l’offre est assez simple : Kia fait confiance au même quatre-cylindres Atkinson de 2,0 litres de cylindrée, de 147 chevaux et 132 lb-pi de couple. L’unique boîte de vitesses IVT (Intelligent Variable Transmission) s’occupe d’acheminer cette puissance aux roues motrices avant.
La Forte GT, elle, est plus épicée avec son quatre-cylindres turbo de 1,6 litre d’une puissance de 201 chevaux, avec couple maximal de 195 lb-pi. De plus, pour rendre les changements de rapports plus excitants, c’est une unité double embrayage à sept rapports qui est boulonnée au moulin. Et puisqu’il s’agit d’une version relevée en matière d’agrément de conduite, des ajustements ont été apportés à la suspension, surtout à l’arrière où la poutre de torsion a été remplacée par une configuration multibranche. Les freins sont également plus gros à l’avant, tandis que la colonne de direction est clairement plus engageante que dans la Forte régulière.
La Forte5 EX offre le même comportement que la berline dont elle dérive. Le châssis est très rigide, ce qui se traduit par une douceur de roulement et une insonorisation tout à fait correcte pour une voiture de cette catégorie – lorsque la mécanique n’est pas sollicitée à sa pleine capacité. Avec 147 chevaux, la Forte5 n’est pas une usine d’adrénaline, ça va de soi, mais pour le commun des mortels, ce moulin fait le travail. À condition de ne pas exiger une conduite manuelle, car seule l’IVT est disponible à bord de cette variante plus logeable.
La boîte de vitesses Kia n’est certainement pas l’option la plus sportive de l’industrie – ou même de la gamme Forte –, mais c’est quand même mieux que les CVT commercialisées il y a une dizaine d’années. Même que les ingénieurs ont pensé à programmer huit « faux » rapports. Bref, lors des accélérations, on peut entendre ces fameux changements de rapports. La direction est très légère et pas très communicative de ce qui se passe en dessous, mais bon; la Forte5 n’a pas été conçue pour les amateurs de performance.
De son côté, la Forte GT est meilleure à ce chapitre. Dès les premiers tours de roue, on remarque à quel point la direction est plus lourde et plus précise. Il y a encore un léger flou au centre, mais ça ne gêne pas l’agrément de conduite. La suspension aussi est complètement changée par rapport à celle de la Forte régulière. Beaucoup plus ferme (peut-être trop même), elle autorise des virages à vive allure. Le freinage est lui aussi amélioré, au risque de me répéter.
Le rendement de l’unité à double embrayage est très bien, mais n’atteint pas encore le niveau de sportivité de la boîte DSG de Volkswagen, par exemple. Les changements de rapports sont un peu moins rapides, donc moins sportifs. Néanmoins, le groupe motopropulseur est très bien adapté à cette plateforme de voiture compacte et je dois avouer que la sonorité du moulin turbocompressée n’est pas déplaisant.
Le constructeur a-t-il bien fait d’approuver la Forte5 pour notre marché? Sachez que la cinq-portes ne fait pas partie des plans chez nos voisins au sud de la frontière. La question mérite d’être posée, surtout à une époque où le choix de véhicules à hayon ne manque pas. À un prix de départ de 22 245 $ (avant les frais de préparation), la Forte5 est sans contredit une compacte abordable et plus pratique que la berline – justement grâce à son hayon. Mais je ne serais pas prêt à dire que cette livrée s’accaparera une large portion des ventes.
Si la Forte5 nous laisse un peu sur notre appétit – du moins en ce qui a trait au plaisir de conduire –, la Forte GT est une belle surprise et ce, malgré qu’elle soit la seule berline sport sur le marché à ne pas offrir de boîte manuelle – toutefois disponible aux États-Unis! À 28 995 $, la berline GT est plus abordable que l’Elantra Sport munie de la même boîte de vitesses, et seulement 5 $ plus chère que la Honda Civic Si qui, rappelons-le, peut seulement être commandée avec une transmission manuelle.