L’an dernier, Stellantis a introduit le Jeep Wagoneer et son pendant plus luxueux, le Grand Wagoneer. L’idée consistait à subtiliser des parts de marché aux grands VUS, un segment dominé depuis des années par GM avec ses Chevrolet Tahoe, Suburban, GMC Yukon et Cadillac Escalade. Ford et sa division Lincoln demeurent des joueurs de choix avec l’Expedition et le Navigator, mais tous les autres, y compris l’Infiniti QX80 et le Lexus LX, n’ont jamais pu s’imposer. Avec une domination américaine, comme c’est aussi le cas des camionnettes pleine grandeur, Jeep a décidé d’entrer dans la danse. Mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps?
Le volume de ventes des grands VUS n’est peut-être pas très élevé, mais leur profitabilité est l’une des plus intéressantes du marché, surtout au prix où on vend ces engins. Jeep croit faire mieux que les autres prétendants, et, pour retirer une part du magot, la marque mise sur une appellation bien connue dans le passé, Wagoneer.
Une nouvelle version allongée
Pour 2023, on a droit à du nouveau avec l’arrivée de la version allongée L. Elle conserve le même habitacle, mais elle ajoute 12 pouces en longueur, entièrement dédiés à l’espace de chargement. C’est donc ce modèle que j’ai récemment mis à l’essai accompagné de 6 adultes lors d’un périple dans la région de la Californie. Six occupants, une tonne de bagages, rien de mieux pour mettre au défi les prétentions du véhicule, surtout qu’un de mes passagers est propriétaire de grands VUS depuis des années ; son avis sera intéressant.
En termes de style, on reconnaît rapidement le Grand Wagoneer à la grille typique de Jeep, une carte de visite intéressante qui lui procure une certaine notoriété. Mon véhicule d’essai tout en blanc dégageait un bel effet de luxe, surtout avec ses jantes peintes en noir. Si le design est assez réussi, il semble plus étrange dans le cas de la version L, surtout à l’arrière en raison de son imposante fenestration. L’effet lui aura valu plusieurs commentaires intéressants lors de ma publication de photos, mais le véhicule est en réalité plus sexy. C’est à l’intérieur que son design trouve toute sa justification, j’y reviendrai.
Frigo et sièges massants
Afin d’attirer les amateurs de grands VUS de luxe, Jeep a décidé de miser sur la technologie et l’équipement. Et elle frappe fort! Il y a des écrans partout, et son habitacle dégage rapidement un effet haut de gamme. C’est principalement dû au choix des matériaux et des garnitures qui mettent bien cet intérieur en valeur. L’assemblage est de bonne qualité ; il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit. L’instrumentation est présentée dans un écran numérique personnalisable, j’allais déplorer l’absence d’un système d’affichage tête haute dans le pare-brise, mais, après plusieurs recherches, j’ai découvert la procédure d’activation.
Le contrôle de la majeure partie des fonctionnalités passe par l’écran tactile de 12 pouces du système d’infodivertissement. Il utilise la plus récente technologie Uconnect 5 de Jeep, c’est sans aucun doute l’un des meilleurs systèmes sur le marché. Tous les passagers ont été impressionnés par la qualité de la chaîne audio McIntosh comptant 23 haut-parleurs ; elle est de loin supérieure à toutes les chaînes d’origine.
On retrouve à l’avant de nombreux espaces de rangement pratiques, tout y entre, le cellulaire, les lunettes et même plus. L’imposante console centrale nous a révélé une belle surprise, elle peut servir de réfrigérateur. On s’est empressé d’y placer bouteilles d’eau et boissons gazeuses qui ont été refroidies en quelques minutes. Mon spécialiste a trouvé le tout très intéressant puisque cela lui permettrait de conserver son dîner au frais quand il travaille, lui qui doit manger sur la route fréquemment.
Les passagers de la 2e rangée de sièges profitent de sièges capitaines séparés par une autre grosse console centrale. Elle permet de loger vos articles, et son écran intégré contrôle le climatiseur arrière ainsi que les sièges chauffants et climatisés. Elle empêche cependant de circuler librement vers l’arrière sans devoir rabattre les sièges.
Pas facile d’organiser un périple et de trouver des volontaires pour parcourir le trajet dans la 3e rangée de sièges. La bonne nouvelle, c’est que peu de véhicules offrent autant d’espace. On dispose d’un dégagement suffisamment ample pour les jambes et on peut aussi incliner le dossier pour plus de confort. L’assise élevée procure une bonne visibilité à l’avant, et l’imposante fenestration qui joue un mauvais tour au véhicule côté design trouve aussi son avantage. La vision est excellente tout autour, mais surtout, on ne se sent pas du tout étouffé, même les claustrophobes pourront y trouver leur compte. Pour avoir pris place dans la 3e banquette d’un GMC Yukon quelques jours plus tard, la différence était marquante. Le large pilier C du Yukon est placé directement dans le champ de vision, bloque toute vue latérale et assombrit l’arrière du véhicule.
Un nouveau moteur à 6 cylindres en ligne biturbo
Jusqu’à présent, le Jeep Wagoneer était offert avec le moteur HEMI de 5,7 litres, alors que le V8 de 6,4 litres équipait de série le Grand Wagoneer. Nous avons souligné dans le passé que ces mécaniques n’apportaient rien de très moderne au véhicule et ne représentaient pas un avantage intéressant par rapport à la concurrence.
Le Jeep Grand Wagoneer L 2023 se pointe avec une nouvelle mécanique. Et non, rien d’hybride ou d’électrifié malheureusement. Il s’agit de la plus récente création mécanique de Stellantis, un 6-cylindres en ligne de 3 litres baptisé Hurricane qui équipe de série le Grand Wagoneer L 2023. Il déploie une puissance de 510 chevaux et produit un couple de 500 livres-pieds, ce qui est plus impressionnant que le V8 de 6,4 litres avec ses 471 chevaux.
Le moteur est jumelé à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports TorqueFlite qui, à quelques reprises, s’est montrée hésitante à basse vitesse. On ressentait des à-coups surtout entre le 1er et le 2e rapport. L’effet était moins marqué avec le mode sport qui laissait monter les régimes un peu plus. On comprend qu’elle favorise l’économie de carburant, mais elle semble se mêler un peu. Parlant de consommation, j’en ai été étonné ; on a obtenu une consommation moyenne de 14,3 litres/100 kilomètres, et ce, tout en étant fortement chargé. Le modèle dispose aussi d’une bonne capacité de remorquage, soit 4 420 kilos (9 750 livres).
Un témoin d’huile allumé
Vers la fin de notre périple, surprise, le témoin rouge de bas niveau d’huile s’est allumé. Petite douche froide sur les qualités du véhicule pour notre passager expert. Pourquoi un moteur neuf perd-il de l’huile? Était-ce seulement un problème de capteur? Pour vérifier, j’ai bien tenté de vérifier le niveau d’huile avant de reprendre la route, mais, après quelques minutes de recherche, j’ai découvert que ce moteur ne disposait pas de baguette de niveau d’huile. Étrange décision! Il semble bien que Jeep préfère que les propriétaires se rendent à la concession!
C’est ce que j’ai fait, et l’expérience a même été amusante puisqu’au aucun technicien n’avait encore vu ce nouveau moteur ou n’avait été formé pour le réparer. J’étais devenu l’attraction du moment. Après avoir ajouté de l’huile en guise de prévention, impossible de bien vérifier le niveau, car l’opération de réinitialisation ne semblait pas maîtrisée par l’équipe. Leur courtoisie a toutefois été bien appréciée.
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Du reste, le Jeep Grand Wagoneer offre une conduite très confortable et s’est révélé un excellent routier lors de nos longs trajets. Tous les passagers y ont trouvé leur compte. Bien entendu, le véhicule n’est pas un poids plume, sa masse et son centre de gravité élevé le pénalisent au chapitre du dynamisme. J’aurais bien aimé aussi que la direction soit un peu plus communicative. Ses dimensions n’en font pas le plus agile en ville, et, en manœuvre de stationnement, j’avais l’impression de conduire un paquebot dans une petite marina.
Vendu au prix de base de 108 995 $, le Grand Wagoneer L n’est pas donné, son prix atteint pratiquement 130 000 $ dans le cas de la version la plus cossue, ce qui le met en lice directement avec le Cadillac Escalade, sans toutefois en offrir autant.
Bref, notre périple a permis de découvrir le Jeep Grand Wagoneer L sous tous ses angles. Mon passager expert m’a mentionné que ses modèles GM n’ont rien à envier au Grand Wagoneer, surtout au chapitre de la technologie et de l’équipement. Il s’interroge seulement sur la fiabilité de cette nouvelle mécanique, un sentiment partagé. Pour ces raisons, je vous recommande d’attendre avant de vous procurer le modèle le temps que ce nouveau moteur fasse ses preuves et que l’équipe RPM ait statué à nouveau sur le véhicule.
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