Infiniti s’avance sur un terrain glissant, celui des VUS coupés de luxe, un monde créé et dominé par les Allemands. L’Infiniti QX55 2022 est résolument sexy et possède clairement le style ; mais ça prend aussi beaucoup de substance dans cette catégorie.
Dans la catégorie des VUS coupés, le premier et principal point que l’acheteur regarde, c’est le style, l’allure. Est-ce que je serai sexy au volant de cet utilitaire ? Il rejette l’ordinaire. Cet univers est actuellement assez élitiste et ne compte que trois excellents produits : l’Audi Q5 Sportback, le BMW X4 et le Mercedes-Benz GLC Coupé. Infiniti joue vraiment d’audace.
Tout comme c’est le cas de ces trois produits germaniques, l'Infiniti QX55 est dérivé d’un autre VUS, plus traditionnel, le QX50. Les stylistes d’Infiniti ont bien travaillé pour assurer une distinction sous tous les angles. À l’avant, l’ensemble du bouclier et redessiné, et sa présentation est plus dynamique. La grille de calandre descend plus bas, et l’habillage interne est du plus bel effet avec ses vagues surnommées « géométrie technique ». Pour une touche de sportivité supplémentaire, les boîtiers d’antibrouillards sont plus massifs et dans une structure noire lustrée.
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De profil, le QX55 a certainement une approche réussie pour son segment. La vedette se veut la ligne de toit qui définit l’ensemble du véhicule. Toutes les versions reçoivent des jantes de 20 pouces. J’apprécie les pièces noires lustrées, mais j’aimerais qu’on aille jusqu’au bout et qu’on fasse de même avec le cadre de fenestration qui est actuellement chromé.
À l’arrière, le hayon est massif, mais s’intègre bien à la forme du QX55. Infiniti lui donne une distinction intéressante avec la configuration interne des feux en pétales de DEL. Pour enlever l’effet de hauteur, le pare-chocs adopte deux couleurs et, surtout, reçoit les deux pots d’échappement véritables. Dans l’ensemble, la qualité de la fabrication est excellente tout comme la finition du gris velouté à 750 $. En termes d’allure, il rivalise bien les allemands.
Comme il est un dérivé du Infiniti QX50, sans surprise, il affiche la même présentation intérieure. Je dois dire que la qualité des matériaux et la finition semblent être en progression par rapport au dernier QX50 que j’ai essayé. Les surpiqûres sont plus droites, mais je m’explique encore mal la différence de tons entre les boiseries du tableau de bord et les portières.
Pour le reste, face à la concurrence, l'Infiniti QX55 n’y est pas. L’instrumentation partiellement numérique avec le même design graphique qu’on trouve chez Nissan ne fait pas très prestigieux. On retrouve encore les 2 écrans pour la gestion des diverses commandes. J’ai toujours détesté cette configuration et sa complexité, d’autant plus que la qualité des pixels des deux écrans est différente. Par contre, dans la version à l’essai, j’ai aimé l’affichage tête haute. On sent que le QX55 est un produit de luxe, mais pas de prestige comme les trois autres.
À l’arrière, en fonction de la ligne de toit, l’accès est plus limité pour la tête, on s’y attend. Une fois en position, on remarque que les dégagements sont bons pour les jambes. Il est même possible de jouer avec la position de la banquette sur glissière. De cette manière, on peut gagner quelques pouces. Par contre, plus on recule, moins il y a d’espace pour la tête. Pour des enfants, va pour cette aire de vie, mais pas pour des ados ou des adultes. Dans le coffre, Infiniti maintient entre 762 et 1 532 litres en fonction de la position du dossier des sièges. C’est supérieur aux allemands avec des moyennes de 500 et 1 500 litres.
Je dois admettre que j’espérais qu’Infiniti profite de la création du QX55 pour faire des correctifs techniques par rapport au QX50. Ce n’est pas le cas, ils sont identiques en tous points. J’aime bien le rendement du moteur même si je ne vois aucune justification pour son inutile complexité. Ce 4-cylindres de 2,0 litres turbocompressé est effectivement le premier et le seul moteur commercialisé qui a un taux de compression variable. La puissance est bonne à 268 chevaux et il produit un couple de 280 livres-pieds. C’est d’ailleurs supérieur aux offres de base des allemands. Par contre, la « maudite » transmission à variation continue (CVT) vient absolument tout gâcher. Elle a beau simuler un passage de rapports, elle est très élastique et force des montées de régime inutiles. Sur le mode Sport, j’espérais encore une fois une meilleure programmation, mais ce n’est pas le cas. C’est juste plus saccadé et encore plus haut en régime. Infiniti, un petit conseil : remplacez cette transmission par une bonne boîte de vitesses au plus vite.
La clientèle cible des VUS coupés aime la conduite, la conduite dynamique, sinon la conduite sportive. On propose une direction électronique « Steer-by-Wire » qui devait être une merveille de précision. C’est exactement le contraire. Il s’agit possiblement de l’une des directions les moins intéressantes de toute l’industrie de l’automobile. Ça ne fonctionne pas. Comme on a la sensation d’avoir deux élastiques entre les mains, on cherche l’agrément. Même sur le mode Sport, les élastiques sont juste un peu plus rigides. Si on peut le tolérer dans le segment des VUS compacts réguliers, dans la catégorie des coupés où l’on s’attend à du dynamisme, je considère que c’est un échec pour le QX55. Pour vous donner une idée, j’ai préféré la direction de la Nissan Versa essayée quelques semaines plus tôt.
Tant qu’à être dans les élastiques, j’ai eu exactement les mêmes impressions avec le pédalier. Infiniti récupère la gestion électronique. Résultat : aucune sensation, aucune communication. Là encore, je considère que c’est un échec. Au moins, le freinage est puissant même si l’on ne le sent pas.
Sur une note plus positive, j’ai bien aimé le confort des suspensions. On peut prendre un virage avec un certain enthousiasme. Par contre, même en actionnant le mode Sport, il ne se passe pas de grandes choses. La démarcation d’un mode à l’autre est beaucoup plus subtile que sur un produit allemand. Ayant eu la version la plus équipée du QX55, le Sensoriel, j’ai eu le plaisir de remettre à l’essai le programme d’aide et d’assistance à la conduite ProPilot Assist. Encore une fois, son efficacité impressionne.
J’ai constamment fait référence aux produits allemands tout au long de cet essai, et c’est à juste titre. Tristement pour Infiniti, les allemands ne font pas de cadeaux. Malheureusement, je dois vous dire que l'Infiniti QX55 2022 n’est pas en mesure de les affronter à tous les points de vue à l’exception du design. Affiche-t-il un avantage au chapitre du prix ? Non. Avec son prix de base de 54 205 $, il est dans la moyenne des allemands. La version Sensoriel à l’essai était à 64 308 $. Voici ma recommandation : il est beau, mais allez donc voir le X4, le Q5 Sportback ou le GLC Coupé, vous serez mieux servi.