On se rappellera qu’en 2001 et en 2008, le constructeur de Dearborn avait également proposé une édition limitée de la Mustang. Celle-ci s’inspirait de la version de 1968, notamment à cause de sa couleur de carrosserie spéciale et de sa grille de calandre sans écusson.
Ford ne cherche pas à réinventer la roue avec cette troisième version de la Bullitt. Le vert foncé Highland – Ford propose aussi de commander la voiture avec une carrosserie Noir ombre – qui recouvre le coupé est toujours le même, tandis qu’à l’avant, le bouclier se distingue par cette grille de calandre ceinturée d’une bande grise. Les jantes exclusives au modèle ajoutent un petit côté rétro à l’ensemble, tout comme le contour chromé de la fenestration latérale, unique à la Bullitt.
Les puristes auront déjà remarqué l’absence d’un aileron ou même d’un becquet sur le coffre, un indice emprunté à la voiture du film. Finalement, le faux bouchon du réservoir d’essence logé entre les feux arrière porte fièrement la mention B-U-L-L-I-T-T au cas où cette silhouette unique n’aurait pas encore capté l’attention des passants.
La Mustang Bullitt occupe une place unique dans l’imaginaire collectif, mais pas à un point tel où les stratèges de la marque se sentent obligés de tout chambouler à l’intérieur. Les habitués du ponycar ne s’y sentiront donc pas dépaysés. Par contre, comme toute édition limitée, la Bullitt reçoit quelques artifices comme cet écusson numéroté du côté droit de la planche de bord ou cette finition brossée qui recouvre une bonne partie de la portion centrale.
Le volant n’est pas en reste avec des surpiqûres vertes – comme la sellerie, d’ailleurs – et un logo Bullitt en plein centre. Cependant, ce qui saute le plus aux yeux en prenant place à bord de la Bullitt, c’est ce pommeau de couleur ivoire du levier de vitesses qui rappelle justement celui que Steve McQueen malmène pendant cette poursuite en 1968. La Mustang Bullitt prêtée pour cet essai était équipée des baquets Recaro plus enveloppants, une option qui ajoute 1 800 $ à la facture. Au risque de me répéter, ces sièges sont peut-être formidables en conduite sportive, mais ils ne conviennent certainement pas à tous les gabarits.
Du reste, la Ford Mustang Bullitt 2019 demeure fidèle à toutes les autres Mustang en matière de qualité d’exécution. S’il y a encore beaucoup de plastique à bord, on sent que le constructeur a rehaussé le niveau d’assemblage un brin.
Puisque ce modèle rend hommage à la Bullitt originale, le compartiment moteur abrite une version légèrement retravaillée du V8 Coyote de 5,0-litres de cylindrée. Ce dernier profite d’une entrée d’air froid, d’un système d’échappement à soupapes variables actives et d’un collecteur d’admission emprunté à la Shelby GT350 aux papillons de 87 mm, sans oublier le module de commande du groupe motopropulseur.
Résultat : le V8 développe désormais une puissance de 480 chevaux-vapeur et un couple optimal de 420 lb-pi. Derrière ce V8 se cache une boîte manuelle à six rapports qui s’occupe d’acheminer toute cette cavalerie au différentiel arrière à glissement limité. Il peut réduire en fumée les pneumatiques du deuxième essieu lorsque son conducteur en a l’envie.
Toutes les Bullitt canadiennes sont livrées avec la suspension MagneRide qui fait des merveilles pour améliorer la tenue de route et amortir les irrégularités du bitume.
Au même titre que n’importe quelle autre Ford Mustang à moteur V8, la Bullitt est manifestement un jouet pensé pour les amateurs de sonorité gutturale. C’est le genre de voiture qui multiplie les pouces en l’air à mesure qu’on rencontre des piétons.
Avec les années, la Ford Mustang s’est transformée en voiture sport même si l’étiquette ponycar lui est encore associée. Avec la suspension indépendante aux quatre coins et ses amortisseurs ajustables, la Bullitt est confortable… pour une sportive. Le système de freinage Brembo est lui aussi un gage de sécurité pour calmer les ardeurs, puisqu’il est très facile de dépasser les limites de vitesse avec cet engin!
La direction n’est ni trop lourde, ni trop légère et sa précision étonne pour une voiture de ce prix. La pièce de prédilection, selon moi, se trouve entre les deux occupants, le pommeau blanc étant assurément la pièce la plus maltraitée par celui ou celle qui tient le volant.
L’industrie automobile est en train d’effectuer un virage important avec le mouvement électrique et toute cette automatisation des transports. Cette réalité tend à tasser un bolide comme la Ford Mustang sur les lignes de côté. Pourtant, au cas où vous ne le sauriez pas, Ford a décidé de faire table rase en ce qui a trait à ses voitures en Amérique du Nord au profit d’un alignement composé uniquement de camions et de VUS, à l’exception de la Mustang. Cette décision de Dearborn, encore impopulaire aux yeux de plusieurs, prouve au moins une chose : la Ford Mustang est trop importante pour l’image de marque. On peut donc s’attendre à une multiplication des versions au fil des prochaines années pour garder l’amateur en haleine.
La Ford Mustang Bullitt occupe le haut du pavé pour 2019, même s’il reste encore des exemplaires 2018 de l’explosive GT350 et qu’une GT500 est en route pour l’Amérique. Avec un prix de départ de 57 375 $ avant les frais de livraison, cette Bullitt n’est pas donnée. Cette édition spéciale vaut toutefois chaque dollar investi. Après chaque promenade, son propriétaire reviendra en effet à la maison avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, et ça, aucun véhicule de la nouvelle vague ne peut réussir à reproduire cette expérience inspirée par Steve McQueen et le long métrage de 1968.