La Fusion Energi est morte, vive l’Escape hybride rechargeable. Ford se lance à l’attaque des VUS compacts hybrides rechargeables, et force est de constater que la direction de Ford a fait des choix difficiles qui ne seront probablement pas les bons.
On connaît bien l’Escape de nouvelle génération, nous vous l’avons d’ailleurs présenté il y a deux ans à RPM en configuration hybride. Nous voilà deux ans plus tard, avec 10 mois de retard, au volant de sa version hybride rechargeable cette fois. Cet ajout permet au Ford Escape d’avoir l’une des gammes de motorisations les plus étoffées du segment.
Sur le plan esthétique, bonne chance si vous cherchez une réelle différence. Dans les faits, il n’y en a que deux. La présence de jantes de 18 pouces exclusives à cette version et le très discret écusson Plug-in Hybrid sur le coffre. Rien d’autre. Tout comme Hyundai, et prochainement Mitsubishi, Ford ne fait plus de l’hybridation une affaire d’extraterrestre. Trois degrés d’équipement sont livrables : SE, SEL, et Titanium. Le modèle SE n’a pas de projecteurs antibrouillard, et seul le Titanium a droit aux phares à DEL.
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Je ne suis toujours pas un amateur de son design. Ses lignes se rapprochent trop de celles d’une voiture, particulièrement à l’avant. De plus, preuve que c’est l’orientation désirée, on retrouve presque intégralement la grille de calandre de la défunte Fusion. De profil, la silhouette se veut plus dynamique, mais Ford ne réinvente rien de très excitant. Même son de cloche pour l’arrière qui, à mon avis, ressemble à n’importe quel autre VUS sur le marché. Tout comme nous l’avions remarqué il y a deux ans, la qualité de l’assemblage extérieur demeure perfectible.
Encore une fois, il n’y a pas de réel changement dans l’habitacle de la version hybride rechargeable. Le design date déjà même s’il s’agit de l’Escape de l’an dernier. La qualité de l’assemblage est moins catastrophique que lors de notre essai, mais ne faites pas de comparaison avec le Tucson, vous allez faire une dépression. La visibilité demeure bonne malgré la base du pilier A très large.
Du côté du Titanium, on reçoit la chaîne audio Bang & Olufsen de bonne facture et l’écran 100% numérique de 12,3 pouces. Pour les autres versions, Ford offre cinq ensembles d’accessoires. Il est donc possible d’y aller à la carte. À titre d’exemple, pour le toit ouvrant panoramique dans le Titanium, on doit choisir l’option haut de gamme à 2 300 $.
Pour avoir droit à la nouvelle version du système multimédia SYNC, il faudra attendre le rafraîchissement de l’Escape en 2023. Pour le moment, nous sommes pris avec la troisième génération d’une lenteur déconcertante et d’une taille de seulement 8 pouces. Le Tucson en est à 10,25, et son système est nettement plus intuitif à utiliser. À ce compte, SYNC3 est presque aussi détestable que le système de Toyota.
Avec la position des batteries sous les sièges avant, on reconduit l’aspect pratique de la banquette arrière coulissante avec dossiers inclinables. On obtient de bons dégagements dans un confort relatif. Pour ce qui est du coffre, la version hybride rechargeable a la même limitation que l’hybride régulier par rapport aux modèles à essence ; il va de 849,5 à 1 699 litres. Comparaison oblige, le Hyundai Tucson est à 902 et 1 876 litres, et le Toyota RAV4 Prime, à 946 et 1 786 litres.
C’est ici que ça va faire mal à l’Escape. On récupère le 4-cylindres de 2,5 litres de l’hybride qui développe une puissance de 180 chevaux et produit un couple de 155 livres-pieds. Pour ce qui est du moteur électrique, il affiche une puissance de 96 kilowatts (128,7 chevaux) et un couple impressionnant de 235 livres-pieds. Ford additionne le tout pour une cavalerie combinée de 220 chevaux. Tout comme Toyota, le constructeur refuse de donner le couple total.
Pour alimenter le moteur électrique, une batterie de 14,4 kilowatts de 171 kilos s’invite au centre du véhicule sur la largeur. En matière de batterie, Toyota est à 18,1 kilowatts, Hyundai à 13,8 kilowatts et le nouveau Mitsubishi Outlander PHEV 2023 est prévu à 20 kilowatts. Ford nous dit qu’on profite d’une autonomie électrique de 60 kilomètres. En été, je crois que c’est possible. Durant mon essai par des températures entre 5 et 13 degrés chaussés de pneus d’hiver (General Altimax Arctic 12), l’autonomie a oscillé entre 45 et 50 kilomètres sans essence. Une fois l’autonomie électrique épuisée, sur un parcours totalisant d’environ 400 kilomètres, j’ai obtenu une consommation moyenne de 5,8 litres/100 kilomètres.
L’éléphant dans la pièce avec l’Escape est une caractéristique presque indispensable dans le monde des VUS : un rouage intégral. Ford a choisi de favoriser l’autonomie et un prix plus bas au détriment des quatre roues motrices. Mauvaise décision surtout que tous les autres se font un point d’honneur de l’offrir. À ce chapitre, Toyota et Mitsubishi se démarquent avec un moteur électrique uniquement pour l’essieu arrière. De plus, l’Escape donne la plus faible capacité de remorquage, comme l’Outlander, il est àde 682 kilos (1 500 livres), alors que le Tucson est à 909 kilos (2 000 livres), et le RAV4, à 1 136 kilos (2 500 livres).
La conduite urbaine se montre agréable. Il faut que je lui accorde, il est le plus plaisant à conduire des 4 VUS hybrides rechargeables. Sa direction se montre précise et communicative. Les suspensions contrôlent bien l’ajout du poids des batteries. Au milieu, les batteries ne déstabilisent pas son comportement, le centre de gravité est un peu plus bas que sur les autres versions.
La gestion des moteurs thermique et électrique se montre fluide. J’ai aimé le dynamisme électrique en ville. Étant le moins puissant de la catégorie, on le sent surtout à l’accélération particulièrement si les deux moteurs s’activent. Même en jouant avec les nombreux modes de conduite, dont Sport, cet Escape est lent par rapport à ses concurrents. Pour ce qui est de la gestion de l’électrique, 4 programmations sont offertes : EV Auto (le mode Hybride), EV Now (le mode électrique), EV Charge pour recharger la batterie avec le moteur thermique et EV Hold qui nous permet de retenir l’énergie pour un usage ultérieur.
Si vous cherchez à remplacer votre Fusion Energi ou C-MAX Energi, le Ford Escape hybride rechargeable peut être une avenue. Cependant, face à ses concurrents, à mon avis, il fait trop d’erreurs impardonnables. Le fait que Ford ne soit pas en mesure de lui donner un rouage intégral et une capacité de remorquage décente me déçoit. L’autonomie est respectable, mais pas particulièrement si l’on considère le fait qu’il ne battra que le Tucson à partir de l’an prochain. Si mes arguments ne vous ont pas convaincus d’aller voir ailleurs, je vous recommande fermement de patienter que la première année de production soit passée. On le dit souvent, mais chez Ford, attendre, ce n’est vraiment pas par excès de prudence…