Ford mise plus que jamais sur le retour du Bronco pour réaffirmer son savoir-faire technique dans le segment des véhicules hors route. Seul réel concurrent au Jeep Wrangler, le 4x4 de Dearborn s’offre maintenant en huit déclinaisons pour satisfaire les ambitions des amateurs de hors route les plus téméraires.
Au sommet de la gamme vient récemment de s’ajouter le Raptor. Il est le roi de la montagne, le « king » des VUS à vocation aventurière. C’est dans les sentiers du sud du Nouveau-Brunswick que je l’ai mis à l’essai dans le cadre de son lancement canadien.
Très loin du modèle de base
Si les sept autres versions du Bronco ne font qu’ajouter des accessoires au modèle de base, le Raptor se situe carrément dans un monde à part. En réalité, tout ce qu’il partage avec ses confrères, c’est sa carrosserie et son habitacle car tout le reste a été repensé. L’objectif : créer le véhicule hors route de production le plus compétent et le plus féroce du marché, un produit encore plus intense et démesuré que la camionnette F-150 Raptor.
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Du moins, au chapitre de l’apparence, c’est réussi. Les voies et les ailes élargies du Bronco Raptor lui confèrent une prestance incontournable sur la route. Ce colosse est énorme, haut et large, affichant fièrement toute sa mécanique grâce à ses suspensions soulevées et à ses pare-chocs adaptés. De tous les angles, le Raptor me fait penser à une créature qui sort tout droit d’une écurie de course prête à courir au Baja 1 000.
Étant si extrême et capable, le Bronco Raptor n’est évidemment pas donné. Ford en demande la modique somme de 102 090 $. Incontestablement, c’est cher payé, mais ça demeure tout de même concurrentiel face au tout aussi couteux Jeep Wrangler Rubicon 392 (105 640 $).
Habitacle tout aussi charmant
À bord, outre les motifs Raptor tapissés ici et là et les agencements de couleurs distinctifs, il n’y a rien qui différencie un Raptor d’un Bronco ordinaire, à l’exception d’un volant plus sportif. Celui-ci est plus agréable à saisir et permet de mieux utiliser les leviers de sélection de vitesses.
Uniquement offert en version à 4 portières, le Raptor est spacieux et confortable compte tenu de sa conception élémentaire. Les compartiments de rangement au-dessus de la planche de bord se sont révélés pratiques durant notre aventure en nature, et les commandes de climatisation physiques sont claires et faciles à saisir. Idem pour l’interface multimédia Sync 4 qui continue de se révéler moderne, rapide et conviviale. J’ai particulièrement apprécié les poignées de retenue lorsque j’étais assis dans le siège du passager.
À l’arrière, j’ai observé un bon dégagement pour la tête et les jambes. La force du Bronco demeure son approche robuste, accentuée de matériaux rugueux capables de résister à des bottes remplies de boue – par exemple – et à beaucoup d’humidité. Cette qualité était d’autant plus évidente lors des multiples parcours boueux que Ford nous avait préparés.
Énormément de vaisselle
Sur le plan technique, le Raptor n’a absolument rien à voir avec un Bronco ordinaire, car il est conçu et construit comme un camion hors route de compétition.
Oui, il s’agit du même châssis monté sur cadre, mais il est maintenant fermé et renforcé à des endroits clés pour augmenter la rigidité structurelle. Ford a ensuite procédé à une refonte complète du rouage d’entraînement et des suspensions. Un essieu rigide Dana 50 AdvanTEK s’impose sur le train arrière, tandis que la partie avant reçoit un Dana 44 M210 indépendant. Tous les différentiels ont un ratio de 4,70 et ils sont, bien sûr, verrouillables électroniquement. Le Bronco Raptor vient de série avec un boîtier de transfert à 2 vitesses.
Ces éléments mécaniques plus costauds ont forcé Ford à élargir les voies de la bête de 208 millimètres (8,2 pouces) à l’avant et de 218 millimètres (8,6 pouces) à l’arrière. Ensuite viennent les amortisseurs Fox dont le débattement est chiffré à 13 pouces à l’avant et à 14 pouces à l’arrière. Le Raptor ajoute également la possibilité de déverrouiller ses barres antiroulis pour un maximum d’articulation. De série, des pneus hors route BF Goodrich All-Terrain T/A K02 de 37 pouces. Tout cela lui confère des angles d’approche et de fuite de 47,2 et 40,5 degrés respectivement.
Ford va jusqu’à remplacer le V6 biturbo de 2,7 litres par un bloc-moteur de 3,0 litres, également biturbo. Quand il carbure à l’essence à indice d’octane 91 ou plus, ce moteur développe une puissance de 418 chevaux (400 chevaux sur de l’ordinaire) et produit un couple de 440 livres-pieds (430 sur l’ordinaire). Tout est acheminé aux roues par l’entremise d’une boîte de vitesses automatique à 10 rapports.
Bronco alpha
Ce qui était intéressant de cet événement, c’est que Ford avait également apporté d’autres déclinaisons du Bronco, tant en configurations à 2 qu’à 4 portières. Le constructeur en a profité également pour lancer le Bronco Everglades, la version la plus extrême après le Raptor. Cette déclinaison est surtout équipée pour franchir les marécages grâce à ses suspensions légèrement revues, son entrée d’air du type snorkel et son treuil de marque Ward.
Conduire les autres versions du Bronco m’a d’ailleurs permis de découvrir les qualités ainsi que les défauts du Raptor. Bien qu’il ait éprouvé beaucoup moins de difficulté à franchir les obstacles, tant en raison de ses énormes pneus que de ses suspensions à plus haut débattement, sa largeur jouait contre lui dans les étroits sentiers marécageux en périphérie de Saint-Jean.
Le Bronco est plus confortable dans un grand espace vallonné, comme un désert, une plage ou dans les cailloux. C’est lors d’une démonstration d’articulation des suspensions – préparée par Ford – que j’ai pu constater à quel point le Bronco Raptor est sur une autre planète. Visiblement, même les rudes sentiers du Nouveau-Brunswick n’étaient pas de taille pour ce titan qui, on va se le dire, est mieux adapté pour sauter des dunes à pleine vitesse.
Car c’est vraiment son débattement et la grosseur de ses pneus qui lui permettent d’être d’une douceur impeccable sur n’importe quelle surface. C’est une qualité qui rend la conduite d’un Bronco Raptor facile et sans tracas. De retour sur l’asphalte, ses suspensions se sont montrées encore plus habilles, avalant les imperfections de la route en une seule bouchée. J’irais même jusqu’à dire que, dans cette configuration, le Bronco est à son plus raffiné.
Bon rendement de la motorisation aussi ! Outre quelques délais avant que la boîte de vitesses et le moteur turbocompressé s’activent, une fois que tout se met en marche, le Raptor déploie une généreuse vague de couple qui demeure très présente jusqu’au limiteur. Pour un maximum de plaisir derrière le volant, je recommande de régler la sonorité du système d’échappement à son plus bruyant !
Toutes ces améliorations techniques ont permis à Ford de développer un vaste spectre de modes de conduite, ce qui permet au conducteur d’adapter son utilitaire à toutes sortes de surfaces. Oubliez toutefois la consommation de carburant. Malgré une boîte de vitesses avec autant de rapports et un système d’arrêt-démarrage, le Bronco Raptor boit de l'essence de calibre super comme un ivrogne. Pour ma part, j’ai été incapable d’aller sous les 15 litres/100 kilomètres.
Attendre avant d’acheter
Vous savez, chez RPM, nous attendons toujours un an avant de recommander un nouveau produit, car on ignore ce que la première année de commercialisation nous réserve. Le Bronco Raptor en est un bel exemple.
Certes, je suis bien conscient qu’il s’agissait d’un modèle de préproduction, mais d’inquiétants problèmes de fiabilité m’ont tout de même laissé sur mon appétit. Durant notre essai, mon Raptor a été victime d’une défaillance du côté de son détecteur d’angle mort. J’ai aussi détecté une légère infiltration d’eau sous le siège du passager durant les sections plus mouillées. Un avertissement dans l’instrumentation nous a temporairement fait mention que le système de recharge de la batterie était défectueux, et le toit rigide rétractable craquait sans cesse dans les sentiers.
Vous connaissez donc la chanson : attendons avant de statuer sur une recommandation. Cela étant dit, le Ford Bronco Raptor demeure un produit hautement compétent et, surtout, hautement amusant à conduire.
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