Je l’avoue, j’aime bien la direction que prend le département de design de Cadillac depuis quelques années. Les deux dernières décennies ont été consacrées à changer l’image d’une marque qui s’adressait jadis à un public d’âge mûr. Par contre, les résultats n’ont pas toujours fait l’unanimité à cause d’un assemblage inégal et d’un design controversé, à l’occasion. Depuis la transformation du SRX en XT5 et l’arrivée de la superbe berline CT6, la silhouette des véhicules Cadillac semble enfin se fondre dans un moule à la fois moderne et unique au sein de l’industrie.
Le Cadillac XT4 a beau s’inscrire dans la catégorie des micro-utilitaires, ses dimensions sont légèrement supérieures à celles de ses rivaux, ce qui se traduit surtout par une deuxième rangée de sièges plus accueillante, mais aussi par un coffre au volume étonnant. Les designers ont logé les arches de roues aux quatre coins du véhicule, ce qui donne cette fausse impression d’un véhicule plus grand qu’il ne l’est en réalité.
Disponible en trois saveurs, le XT4 se décline en modèle Luxe (ou Luxe haut de gamme) et Sport, ce dernier laissant tomber la plupart des appliquées chromés du traitement Luxe. C’est subtil, mais les grilles de calandre diffèrent également entre les deux versions, tandis que le design des jantes change aussi selon le niveau de finition. Le Cadillac XT4 a fière allure avec ses jantes de 20 pouces. L’acheteur devra cependant se rappeler la facture salée qu’il devra absorber dans quelques années. À ce compte, le modèle muni des jantes de 18 pouces est plus sage, et un tantinet plus confortable.
Comme les autres modèles de la gamme, le XT4 est découpé au couteau : la fenestration, les arêtes sur les flancs de la carrosserie, l’aileron arrière, les pots d’échappement, le capot et même les bas de caisse sont aiguisés au possible. Un élément change quelque peu pour ce nouveau modèle, toutefois : le dessin des feux de jour, qui descendent encore vers le bas, et celui des feux de position à l’arrière, qui courbent vers le milieu du coffre.
Une fois à l’intérieur, le niveau de qualité est le premier élément qui saute aux yeux. Malgré la position plus accessible du véhicule dans la hiérarchie de la marque, les matériaux qui recouvrent les sièges, la planche de bord, le panneau de toit et les portières sont tous de belle facture. Notre modèle Sport est peut-être habillé d’une carrosserie noire plus classique, mais la sellerie en cuir brun caramel ajoute une touche de classe à l’ambiance du petit véhicule.
Avant de m’exprimer sur la première rangée, je me dois de revenir sur l’espace réservé aux occupants des places arrière. Dans ce domaine, le XT4 surprend, car dans ce créneau, les modèles ne sont pas très généreux à ce chapitre. L’espace pour les jambes est très bien, mais à cause du toit panoramique qui abaisse la hauteur du pavillon à l’intérieur, les adultes de grande taille pourraient trouver le temps long derrière.
Revenons à la première rangée où la position de conduite se trouve aisément. Le volant est lui aussi très agréable au toucher et sa forme incite déjà à une conduite sportive avant même d’avoir démarré le véhicule. Comme c’est de plus en plus la norme, la console centrale est massive, tandis que l’accoudoir vient empiéter quelque peu sur cette portion de l’habitacle. À cet endroit, on retrouve bien évidemment un levier pour la boîte de vitesses automatique, mais également une molette qui sert de connexion avec le système de divertissement. Pour Cadillac, il s’agit d’une première et cette journée au volant a démontré que celle-ci est facile d’utilisation. La bonne nouvelle, c’est que l’écran de 8 pouces qui prend place au centre du tableau de bord demeure tactile, pour ceux qui préfèrent cette manière de naviguer.
L’écusson 2.0T à droite du coffre du Cadillac XT4 indique la présence d’un moteur 4-cylindres turbo sous le capot, une solution employée par GM depuis plus d’une décennie. Sauf que, pour une fois, le 2,0-litres turbo est tout nouveau. Les ingénieurs ont planché en effet sur un nouveau bloc plus léger, plus performant et plus techno. Il inclut ainsi quelques gadgets dignes de son année de production comme la désactivation des cylindres, l’arrêt/démarrage, une pompe à eau électrique et même la récupération de la chaleur via le collecteur d’échappement pour réchauffer plus adéquatement le moteur, la transmission et le turbo.
La puissance est tout à fait dans la moyenne du segment avec 237 chevaux-vapeur, tout comme le couple optimal qui atteint les 258 lb-pi. La boîte de vitesses automatique à neuf rapports semble, pour sa part, avoir été conçue pour offrir un minimum d’agrément de conduite, tout en proposant une consommation de carburant raisonnable. Tous les modèles présents à ce lancement mondial étaient équipés du rouage intégral. Par contre, Cadillac offrira aussi son utilitaire avec les roues motrices avant seulement dans les versions moins onéreuses. Mentionnons également que, comme plusieurs véhicules quatre roues motrices de son époque, le XT4 peut uniquement faire appel aux roues motrices avant à la simple pression d’un bouton, ce qui se traduit par une économie à la pompe.
Dans leur présentation, les bonzes de Cadillac ont parlé d’un véhicule à la fois amusant et confortable. On peut dire que ce premier contact s’est avéré convaincant. Premièrement, parce qu’après une journée complète assis à la première rangée, mon collègue et moi-même n’étions pas fatigués ; à cause de la mollesse des sièges probablement. J’ai même trouvé que ces baquets donnaient un bon support dans les courbes abordées à vive allure.
La mécanique, sans être enivrante à écouter, livre la marchandise que ce soit à l’accélération ou en situation de reprise sur l’autoroute. Je n’ai ressenti qu’un seul « à-coup » de la part de la transmission, un bon signe, à mon avis. Durant tout ce trajet dans la région de Seattle, l’unité automatique s’est comportée de manière exemplaire, les changements de rapport étant assez efficaces pour ressentir un peu de sportivité de la part du véhicule. Il est également possible de changer soi-même les vitesses à l’aide des palettes montées derrière le volant. La colonne de direction n’est ni trop lourde, ni trop légère et, grâce aux pneumatiques de 20 pouces, on a l’impression d’être connecté au bitume. D’ailleurs, avec la suspension adaptative optionnelle sur notre modèle, le niveau de confort s’est avéré excellent.
De plus, le XT4 AWD offre la possibilité de déconnecter l’essieu arrière pour sauver quelques sous à la pompe. Et je dois avouer que le XT4 a démontré un bel aplomb sur un tracé sinueux en mode « 2WD ». Pour un comportement plus sportif, il faut toutefois sélectionner le mode Sport à l’aide du bouton logé non loin du levier de vitesses. À ce moment, on sent que la transmission fait chanter la mécanique plus longtemps en faisant grimper le régime moteur.
Côté consommation de carburant, il est difficile d’émettre un résultat concluant puisque la majeure partie de notre périple s’est déroulée sur un tracé sinueux, ce qui a influencé quelque peu notre conduite. Notre meilleure moyenne enregistrée de 25 milles au gallon équivaut à environ 9,4 litres aux 100 km. Un deuxième essai en sol québécois s’impose dans ce cas-ci.
Le Cadillac XT4 2019 arrive sans contredit un peu en retard à la fête. Toutefois, le fait d’avoir attendu quelques années pourrait porter ses fruits. Pourquoi? Parce que le XT4 représente une belle surprise, de par sa qualité de construction à prime à bord, mais aussi par son côté enjoué. Je ne suis pas en train de dire que le Cadillac XT4 est l’équivalent d’une Subaru WRX. Par contre, pour un supposé VUS urbain, le XT4 impressionne en tenue de route et même sous le pied droit.
Le volume intérieur n’est pas mal non plus, même s’il est permis de s'interroger sur la pertinence de ces micro-utilitaires sur nos routes. Il faudra également surveiller la consommation de carburant lorsque le véhicule arrivera très prochainement dans les concessions du pays. Très confortable et assez bien insonorisé, le XT4 possède tous les atouts pour se mesurer aux autres représentants de sa catégorie.
Au final, le Cadillac XT4 2019 n’a pas le choix : il se doit d’être attrayant pour cette clientèle plus jeune que le constructeur convoite tant et pour ça, ce petit utilitaire devra performer au comptoir des ventes.