Par définition, l’expression « nouveau riche » se rattache à un individu qui s’est rapidement retrouvé fortuné sans nécessairement y avoir mis l’effort ou respecté les traditions. On attribue parfois ce qualificatif à une personne qui rejette la convention et qui décide plutôt de faire les choses à sa manière, sans scrupule et sans complexe, tout en perturbant le statu quo sur son passage.
Si la BMW Série 7 2023 était un être humain, elle serait précisément cet individu. BMW ne s’en cache même pas. Elle affirme que les acheteurs de ce genre de véhicules n’ont plus les mêmes exigences. Fini la discrétion et la sobriété. Place maintenant à la controverse et à la flamboyance. C’est dans le cadre de son lancement nord-américain, qui s’est déroulé dans la région de Palm Springs, en Californie, que nous l’avons mise à l’essai.
Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en !
Thomas Neumair - directeur de la marque pour la BMW Série 7 2023 – me regardait avec un sourire en coin pendant que nous discutions de cette septième génération de la Série 7.
« Laissez-moi deviner, vous avez une opinion sur le design de la Série 7 ? » Et moi de lui répondre : « Absolument, ça frappe et ça fait jaser ! »
Sa réponse ? « C’est précisément le but. »
Pour que la Série 7 demeure pertinente dans un segment en perte de vitesse, M. Neumair, hyper confiant, m’expliquait qu’il fallait créer une onde de choc afin de faire démarrer la conversation. C’est d’ailleurs le même genre de choc que Chris Bangle avait créé avec la Série 7 de quatrième génération, introduite en 2001.
La thématique de ce design, selon BMW, est monolithique, c'est-à-dire que cette berline, qui gagne en gabarit (plus longue, plus large et plus haute) devait avoir une présence incontournable sur la route tout en donnant l’impression d’avoir été sculptée d’un seul bloc d’acier. Si vous êtes offusqué par cette titanesque grille de calandre agrémentée de minces phares à DEL, sachez que c’est là pour rester. Personnellement, je n’apprécie pas ce coup de crayon. C’est très grotesque et ça offusque l’œil.
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Cependant, quand j’aperçois la Série 7 sur la route, j’avoue que sa prestance est plutôt frappante. On la reconnaît instantanément comme une grosse bagnole de grand luxe signée BMW. Alors, pour ce qui de faire jaser, il n’y a pas de doute, ça fonctionne !
Sans surprise, une Série 7 coûte très cher. Il faut payer 149 545 $, y compris les frais de transport et de préparation de 2 445 $, pour accéder à une 760i xDrive, et ce, avant d’y empiler les ensembles d’options qui sont tout aussi coûteux. Fait intéressant : l’i7 – la nouvelle version électrique de la Série 7 – coûte exactement le même prix, car BMW ne veut imposer aucun compromis au consommateur pour passer à l’électrique.
Le salon des salons sur roues
Il est difficile de proprement évaluer une BMW Série 7 car la liste de technologies à bord est tellement longue que j’y dépasserais rapidement le nombre de mots alloué pour les énumérer.
Commençons par l’avant où elle nous accueille dans ses énormes fauteuils recouverts de cuir et de laine. Parce que, oui, c’est maintenant la laine qui se révèle le tissu de choix pour les riches et célèbres et non le cuir (un habitacle uniquement en cuir est tout de même offert). Toutes les fonctions de confort inimaginables et de massage y sont de la partie. Inutile de vous préciser que ces sièges sont très douillets, et que les multiples réglages, y compris un extenseur de cuisse, permettent à n’importe quel gabarit d’y trouver bon compte.
À l’instar du BMW iX, cette Série 7 hérite du gigantesque écran incurvé BMW Curved Display où l’on retrouve une instrumentation entièrement numérique et personnalisable avec affichage de 12,3 pouces. À sa droite, le système multimédia iDrive 8 avec affichage de 14,9 pouces.
Celui-ci fonctionne grâce à des commandes tactiles, une molette physique installée dans la console centrale ou des commandes vocales qui, à mon avis, doivent encore être peaufinées.
iDrive permet désormais de télécharger des applications et de se synchroniser avec l’application mobile du constructeur. À titre d’exemple, il est possible de n’utiliser que son téléphone pour accéder et démarrer le véhicule ; on peut également ouvrir et fermer à distance les quatre portières électroniques. Autre fait intéressant au sujet de l’i7 : son habitacle est identique à la 760i, à l’exception du volant qui est propre aux modèles i du constructeur.
Et maintenant, l’arrière. C’est là que la Série 7 nous montre pourquoi on a payé si cher. Les passagers s’installent dans d’énormes fauteuils entièrement réglables avec un coussin installé sur l’appuie-tête. J’ai été ravi du dégagement pour la tête, une nette amélioration par rapport à la dernière Série 7 où l’on se sentait tout près du plafond. C’est aussi beaucoup mieux que ce que propose Mercedes-Benz avec l’EQS. Car ce dégagement est identique dans l’i7.
Le passager arrière qui se trouve à la droite de l’habitacle peut bénéficier d’un réglage de relaxation (une option de 4 700 $), c'est-à-dire que le siège s’incline presque à l’horizontale, le siège devant lui s’avance et un repose-pied se rétracte pour qu’il puisse s’allonger.
BMW laisse tomber l’ancienne tablette électronique centrale qui permettait aux occupants arrière de manipuler les fonctions du véhicule, comme la chaîne audio, les rideaux, le système de navigation et la climatisation. Tout cela est maintenant remplacé par une petite tablette installée dans chaque portière. Donc pas de chicane, chaque passager peut utiliser les commandes de l’auto comme bon lui semble.
Enfin, la pièce de résistance : le gigantesque écran du type cinéma-maison de 31,3 pouces avec résolution en 8K qui se déplie du plafond. Cette option, qui coûte 4 900 $, permet aux occupants de visionner du contenu Netflix, YouTube ou encore Amazon Fire TV grâce à une connexion 5G (abonnement requis). Tout est agrémenté d’une chaîne audio qui déploie pas moins de 2 000 watts de puissance.
Choisir sa motorisation, sans sacrifice
Au moment de son arrivée sur le marché d’ici la fin du mois, la Série 7 sera offerte en deux versions : la 760i xDrive avec moteur thermique et la i7 xDrive60 électrique. Une motorisation hybride rechargeable (760e xDrive) s’ajoutera à la gamme l’été prochain.
Dans la 760i xDrive, on a affaire à un V8 biturbo de 4,4 litres jumelé à un système d’hybridation légère à 48 volts. Cette motorisation développe une puissance de 544 chevaux et produit un couple de 553 livres-pieds. Une boîte de vitesses automatique à 8 rapports s’occupe de tout transférer aux roues par l’entremise de la transmission intégrale xDrive. Les 4 roues directionnelles sont également de la partie. Dans cette configuration, la 760i boucle le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 4,2 secondes.
Pour l’i7 xDrive60, c’est une batterie au lithium-ion d’une capacité utilisable de 101,7 kilowattheures qui alimente deux moteurs électriques, un sur chaque train d’une puissance de 190 kilowatts à l’avant et de 230 kilowatts à l’arrière. La puissance totale combinée est de 536 chevaux, et le couple est de 549 livres-pieds.
La puissance de recharge maximale dans une borne rapide compatible est de 195 kilowatts, tandis que le chargeur embarqué pour une borne de niveau 2 (à 240 volts) est de 11 kilowatts. Dans cette configuration, l’i7 boucle le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 4,7 secondes. Son autonomie est chiffrée à 496 kilomètres avec les roues de 21 pouces.
Un palace qui est agile comme une sportive
BMW nous avait préparé quelques parcours de conduite plutôt agréables. On nous proposait de partir de Palm Springs pour ensuite grimper les montagnes avoisinantes où de sublimes routes étroites sinueuses avec vues époustouflantes nous attendaient. Il s’agit d’un paradis pour un passionné de conduite où l’on retrouve une pléthore de sportives, de supervoitures et de de motos sport.
Mais rien de tout cela n’a intimidé ma grosse bagnole dont la masse nette fait pas moins de 2 270 kilos (2 640 kilos dans sa version électrique). J’ai été drôlement étonné par la précision et l’agilité de cette berline qui nous encourage même à la pousser à ses limites. Dans la 760i, la sonorité du V8 est subtilement amplifiée par l’entremise de la chaîne audio avec quelques pétarades fort amusantes lors du passage des rapports. Mais c’est surtout la rotation ressentie du train arrière, causé par les 4 roues directionnelles, qui nous donne confiance en sortie de virage. Jamais je ne me serais attendu à en faire autant au volant d’une BMW Série 7 !
Dans l’i7, on retrouve essentiellement le même degré d’agilité et de performance sans la sonorité de la mécanique, ce qui cadrait encore mieux avec le type de véhicules. En réalité, j’ai trouvé l’expérience de luxe encore plus agréable dans cette version en raison du silence et de la solidité remarquable de la structure qui n’émet aucun craquement ni bruit de caisse.
Je note toutefois un sérieux problème de visibilité quand l’écran cinéma-maison est abaissé, et le siège du passager, incliné vers l’avant. Un rétroviseur virtuel, comme ce que propose General Motors, aurait été agréable.
Pour ce qui est de la consommation d’électricité, avec ma conduite dynamique, j’ai enregistré une moyenne plutôt élevée de 36,5 kWh/100 km. Ça se traduit par une autonomie réelle avoisinant les 279 kilomètres. Évidemment, nous devrons conduire l’i7 dans des conditions québécoises afin de mieux l’évaluer.
Un avant-goût de ce qui nous attend
Avec la Série 7 2023, BMW met la table de ce qui nous attend chez le constructeur : des design qui frappent, de la technologie de pointe et, surtout, l’intégration presque invisible de l’électrification. Car BMW ne veut pas forcer le consommateur à choisir un modèle électrique, mais préfère lui offrir la liberté de choisir sa motorisation.
Dans cette optique, la Série 7 est une réussite technologique qui, une fois de plus, permet de faire progresser le segment. Laissons toutefois le temps à ce nouveau riche de faire ses preuves avant de nous prononcer sur une recommandation.
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