S’il y a bien une marque qui n’a jamais cessé de croire aux familiales, c’est bien Volvo. Les Volvo 240, 850 et même V70 ont meublé la vie de plusieurs personnes au fil des années, et le constructeur est un des seuls à toujours avoir conservé au moins un modèle de ce type dans sa gamme.
En 2023, en plus de la V60 régulière et de la V90 Cross Country nouvellement revenue, la V60 Cross Country continue de tabler sur les atouts phares du constructeur suédois pour tirer son épingle du jeu dans cette marre de VUS plus compétents les uns que les autres.
Pour ce faire, elle mise d’abord et avant tout sur le style. Les lignes uniques, douces et équilibrées de Volvo, semblent être à leur meilleur lorsqu’elles sont appliquées à cette familiale. Le long capot contribue à l’apparence luxueuse, alors que le coup de crayon subtil au profil n’agresse jamais l’œil. À l’arrière, les feux de position verticaux sont la signature visuelle inépuisable du constructeur.
Cross Country est synonyme d’aventure. Pour ce faire, en partant de la familiale V60, la garde au sol est relevée à 203 millimètres, du placardage de plastique est ajouté en bas de caisse et des roues surdimensionnées de 20 pouces d’un style plus robuste sont installées, même si elles ne sont certainement pas adaptées au hors-route. La V60 Cross Country intègre tous ces éléments avec équilibre, mis en valeur en plus par cette couleur « Bleu denim », à 900 $, de très bon goût, pour un ensemble carrément intemporel.
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Des trois versions proposées, celle que j’ai eu l’occasion de conduire était la mieux garnie : Ultimate. Elle comprend un tas d’équipement, comme des sièges avant ventilés, un affichage tête-haute, des sièges arrière chauffants, une climatisation à quatre zones, et j’en passe. Avec quelques options, comme la chaine audio Bowers and Wilkins à 3 750 $, les sièges avant à massage à 1 300 $ et les roues de 20 pouces à 1 450 $, son prix atteint 76 250 $, ce qui est élevé pour ce que l’on obtient. Vaut mieux être chiche sur les options.
Habitacle qui a de la classe
Une fois passée la difficulté de prendre place à bord, notamment en raison de la portière qui est similaire à celle d’une auto, et non d’un VUS, on se retrouve devant un tableau de bord d’une grande qualité. Premièrement, la rigueur de l’assemblage et le choix des matériaux sont certainement un des plus réussis de la catégorie. C’est d’autant plus vrai que la version à l’essai était munie de boiseries véritables et de sièges de couleur « ambre » dont l’agencement est particulièrement riche.
Depuis quelque temps, le système d’infodivertissement des Volvo fait appel à Google et son interface Android, laquelle permet d’utiliser des services comme Google Maps ou Google Play. J’ai trouvé l’interface facile à utiliser, et l’assistant Google plutôt efficace, mais elle s’est fermée de manière inattendue à une reprise alors que je conduisais. Il semble donc encore y avoir un manque de stabilité de cette interface, ce qui n’a pas de sens, d’autant plus qu’elle contrôle l’entièreté des commandes qui sont à bord du véhicule.
L’instrumentation entièrement numérique est, pour sa part, facile à lire et à consulter. Son apparence plutôt sobre permet quelques possibilités de personnalisation, comme l’affichage ou la carte avec les données de navigation. Rien pour écrire à sa mère, mais c’est dans le ton du reste de l’habitacle, bon chic, bon genre.
Le confort à bord est excellent. La position de conduite est optimale, avec des sièges de bonne qualité avec multiples réglages, et la visibilité l’est tout autant. Il s’agit d’un véhicule assez silencieux, qui ne laisse pas pénétrer les bruits de la route à bord. Il n’y a que le moteur à 4-cylindres qu’on entend râler à l’occasion; c’est le seul qui perturbe la quiétude de l’habitacle.
L’accès aux places arrière est compliqué par la taille de la portière et le puits de roue qui empiète sur l’ouverture. L’espace aux places arrière est correct, mais gardons en tête qu’il s’agit d’une voiture compacte, avec les compromis qu’elle impose. Deux personnes seront confortables, mais certainement pas trois. Le coffre est accessible via un hayon électrique très rapide, et son volume de 650 litres est convenable. Une fois la banquette rabattue, vous obtenez 1713 litres, ce qui est très bon. La voiture peut aussi remorquer 907 kg (2000 lb), et recevoir 75 kilos (165 lb) sur le toit. Elle est donc prête pour toutes les aventures que vous pourriez avoir en tête.
Mécanique hybride légère
Volvo se félicite de n’offrir que des véhicules hybrides ou électriques sur le marché canadien pour l’année modèle 2023. Cette affirmation plutôt pompeuse vient du fait que toutes les motorisations classiques ont été remplacées par des variantes munies d’une hybridation légère à 48 volts, laquelle permet une poussée électrique infinitésimale, en plus d’un système arrêt-démarrage nettement plus doux. Dans certaines documentations, Volvo nomme cette approche « micro-hybride » ou encore « semi-hybride » … bref, tout pour accoler l’étiquette hybride à ces moteurs qui n’en sont pas réellement.
Le moteur T5 est donc remplacé en 2022 par le moteur B5. Il s’agit du même 4-cylindres turbocompressé de 2,0 litres auquel on a jumelé un alternateur-démarreur, pour une puissance de 247 chevaux à 5400 tr/min et 258 lb-pi de couple à 1800 tr/min. Il transmet sa puissance par l’entremise d’une boîte automatique à huit rapports et un rouage intégral réactif qui favorise d’abord la traction.
Une dynamique insoupçonnée
Si l’ajout de l’hybridation légère rend effectivement l’intervention du système arrêt-démarrage beaucoup plus fluide et imperceptible, elle ne change pas grand-chose à la livrée de puissance. La performance globale demeure très correcte, accélérant avec juste assez de vigueur pour la taille et le prestige du véhicule. Les changements de rapports se font malheureusement trop sentir dans certaines situations, particulièrement en accélération et en trajet urbain, et le passage au deuxième rapport continue de s’accompagner d’une vibration, comme sur tous les autres produits Volvo. Tout ceci combiné à la sonorité plutôt désagréable confirme que cette mécanique manque de raffinement quand on la compare avec celle de sa principale concurrente, l’Audi A4 allroad, surtout pour le prix demandé.
Si au moins la consommation d’essence était améliorée, ce qui n’est pas tout à fait le cas avec un 10,2 litres/100 km enregistré malgré la présence de l’hybridation. C’est plus élevé que le 9,0 litres/100 km combinés annoncé par Ressources naturelles Canada, mais néanmoins pas anormal compte tenu de l’utilisation hivernale de la voiture. Une hybridation plus présente, comme dans le cas des versions T8 de la V60, aurait amélioré le bilan, tout en augmentant la facture déjà salée.
Par chance, la V60 Cross Country bénéficie d’un châssis très rigide, et d’une suspension bien calibrée. Avec son débattement assez grand et sa relative souplesse, elle permet de conserver un bon confort malgré les gigantesques roues de 20 pouces, mais aussi de bien s’accrocher au bitume. La direction rapide et précise donne aussi une agilité et un plaisir de conduire dont je ne me doutais pas en prenant le volant de la voiture. La voiture demeure très neutre en virage, sans manifester le sous-virage typique des voitures qui favorisent la traction.
Une recommandation en suspens
La Volvo V60 Cross Country évolue dans une niche qui lui est pratiquement exclusive, si ce n’est de l’Audi A4 allroad, sa seule vraie concurrente. Certaines de ses qualités – design, confort et agrément global – sont très fortes, mais le rendement de sa mécanique m’a laissé de glace, surtout quand on la compare avec la mécanique allemande qu’elle tente de concurrencer. Malgré l’évolution timide de 2023, on sent que Volvo lance tranquillement la serviette, et que bientôt, cette voiture sera électrique.
D’ici là, nous n’avons pas le choix de conserver ce modèle « en évaluation » compte tenu de la nouveauté de la mécanique, mais aussi de l’historique de la marque, bien que les modèles munis auparavant de la motorisation T5 avaient l’aval de RPM quant à la recommandation d’achat. Antérieurement, même des changements mineurs du genre ont réussi à perturber la fiabilité des modèles; soyons donc prudents.
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