La Volvo S60 2019 est la cinquième voiture de la marque suédoise à faire son entrée sur le marché après que le groupe chinois Geely ait pris le contrôle en 2010. Elle succède aux XC90, S90 – et ses déclinaisons –, XC60 et XC40, tous des modèles qui ont surpris par leur audace, mais également par leur approche unique, autant stylistique que mécanique.
La recette de la Volvo S60 2019 n’est pas différente. Fidèle à son habitude depuis environ quatre ans, la marque essaie de s’imposer dans une classe bien meublée par les vénérables Audi A4/S4, BMW Série 3 et Mercedes-Benz de Classe C, pour ne nommer que les meilleures. Vous conviendrez que ce n’est pas une mince tâche de se mesurer à des berlines aussi bien établies.
Afin de vérifier si la Volvo S60 est en mesure de se battre à armes égales avec les allemandes, je l’ai mise à l’essai, notamment à l’occasion d’un voyage entre Québec et New York.
Malgré sa forme de berline tout à fait conventionnelle, la Volvo S60 ne ressemble à rien d’autre dans la catégorie. Que ce soit en raison du nez sérieux et menaçant, attribué par ses lignes droites et ses phares amincis, ou de la grille de calandre simple mais de bon goût, l’avant séduit. Dans le cas de la voiture à l’essai, il était bien agrémenté de l’ensemble R-Design qui ajoute un pare-chocs muni de faux effets de sol, pour une touche sportive bien dosée.
La sauce R-Design est également répandue au profil, où tout le chrome laisse la place à des garnitures noires. Les roues optionnelles de 19 pouces relèvent le côté sportif, se combinant bien avec le Rouge Fusion métallisé, une couleur vendue au coût de 900 $. Les airs de famille avec la plus imposante Volvo S90 sont indéniables, notamment à la vue de la fenestration, mais aussi du coffre, légèrement relevé. C’est sobre et recherché.
La sobriété prend le dessus à l’arrière avec les feux volumineux qui témoignent d’une obsession pour la sécurité, toujours bien présente chez Volvo. L’imposant lettrage de la marque est immanquable, pas plus que les deux pots d’échappement chromés dont j’ai du mal à expliquer la présence. Un chrome noirci aurait été souhaitable.
L’ensemble fait que la Volvo S60 est certainement une des plus jolies de la catégorie. Son apparence sobre et classique, à la fois sportive et moderne, charment à coup sûr. Que dire aussi de la qualité de finition… impeccable à l’extérieur.
Voilà un autre chapitre où Volvo marque des points. L’accès à bord ne pose aucun problème, pas plus que la visibilité vers l’extérieur une fois le conducteur confortablement installé dans son siège. Réglable à l’infini, celui-ci supporte bien les jambes et le dos, même en conduite inspirée. L’instrumentation entièrement numérique est efficace, malgré que j’aurais espéré pouvoir la configurer plus librement, un peu à l’image de ce que propose Mercedes-Benz.
Coup d’œil à la planche de bord où le côté minimaliste s’impose. Pas de commande de climatisation, ni de bouton pour le système d’infodivertissement : tout se passe sur un écran de 8,7 pouces format portrait, le même qu’on retrouve dans le XC90 depuis un certain temps. Malgré qu’il soit facile à manipuler et que l’ergonomie de ses menus soit adéquate, c’est inévitable : une simple commande comme changer de source audio demande deux ou trois opérations. Qu’à cela ne tienne, le système Bowers & Wilkins auquel il est relié impressionne de par sa qualité sonore, d’une grande clarté. Je ne m’attendais pas à moins, puisqu’il s’agit d’une option à 3 750 $.
En termes de qualité de finition et de matériaux, la Volvo S60 se compare avantageusement aux concurrentes. On a l’impression d’être dans un habitacle haut de gamme, bien construit. D’ailleurs, aucun craquement ne s’est fait entendre lors de l’essai.
C’est plus complexe à l’arrière, où la petite portière et l’arc de toit assez bas rendent plus laborieux l’accès à la banquette. Par chance, une fois assis, on se rend compte que le confort de la banquette est à l’image de celui apporté par les sièges avant, tout comme la visibilité qui est sans reproche.
S’il y a bien un endroit sur la voiture qui brille de par son unicité suédoise, c’est le côté technique.
Le moteur de la version T6 essayée est un quatre-cylindres de 2,0 litres qui a recours à la compression d’un turbo ET à un compresseur volumétrique. Cette mécanique complexe produit 316 chevaux et 295 lb-pi de couple, ce qui est légèrement plus élevé que ce que proposent les moteurs quatre cylindres de la concurrence, mais bien en deçà des six-cylindres de ces mêmes comparses. Il fait équipe avec une boîte automatique à huit rapports et le rouage intégral est proposé de série au Canada.
Comme autre mécanique, la S60 peut être munie d’une version simplifiée du même moteur, qui ne conserve que le turbo. Il s’agit de la version T5, bonne pour 250 chevaux et 258 lb-pi de couple. L’hybridation peut être ajoutée au moteur T6, donnant la version T8 Polestar Engineered, bouillonnante avec ses 415 chevaux et ses 494 lb-pi de couple.
Bien que j’aie été impressionné par plusieurs aspects jusqu’à maintenant, je ne peux vous cacher que certains autres m’ont déçu. Ça commence par le quatre-cylindres qui ne peut faire peur aux allemandes susmentionnées. En fait, en termes de performance, c’est honnête. Il se compare avantageusement au moteur des Audi A4, BMW 330i et Mercedes-Benz C300. C’est cependant dans l’exécution qu’il perd des points. Il est victime d’un manque de raffinement généralisé qui se manifeste par une vibration au démarrage, une sonorité grognonne et un manque de linéarité dans la livraison du couple. Qui plus est, le second rapport est une autre source vibratoire, ce qui ajoute au désenchantement.
Heureusement, la transmission est douce dans son exécution, ce qui permet de sauver la mise quelque peu. Que dire aussi de l’économie de carburant? Elle s’est chiffrée à 7,5 litres/100 km lors de mon aller-retour Québec-New York. Sur ce point, je ne peux critiquer : le petit engin livre la marchandise.
Ce périple m’a également donné l’occasion d’entériner le fonctionnement du système de conduite semi-autonome Pilot Assist. Sans surprise, le rendement est très bon. Le maintien de voie est précis et le régulateur de vitesse adaptatif est rapide et exact.
Le confort général de l’habitacle est également satisfaisant. Les sièges soutiennent à merveille alors que le silence de roulement est appréciable. La suspension raffermie de la version R-Design s’est toutefois montrée un peu trop ferme à mon goût, signe que la concurrence allemande a encore mainmise sur la finesse des réglages.
Malgré la rigidité des éléments suspenseurs, j’ai été conquis par le comportement routier de la voiture. On sent la S60 légère sur ses roues, ne rechignant pas à effectuer quelque changement de cap que ce soit. Au fil des courbes, j’ai constaté la grande stabilité de la voiture qui se marie à merveille avec la direction rapide et précise. Ça fait changement de la précédente S60, qui était lourde et trop susceptible au sous-virage.
Faire les choses différemment est un mantra que je respecte; ça met de la couleur et pousse les constructeurs à se dépasser. De plus, ça augmente l’offre pour les consommateurs. C’est ce que j’aime de la Volvo S60 : son côté distinct.
La différence n’est toutefois pas garante de réussite. Même si l’effort est louable, il reste qu’il manque à la Volvo S60 quelques munitions pour affronter ses ennemis.
Que dire aussi du bilan de fiabilité qui lui ajoute du plomb dans l’aile. Même si le constructeur suédois affirme avoir mis des solutions en place pour régler ce problème, nous n’avons pas le recul nécessaire pour l’attester.
En résumé, les trois soldats allemands sont solides comme le roc. Leur performance est à nulle autre pareille dans l’industrie… il faut se lever de bonne heure pour espérer les faire fléchir.
Malheureusement, Volvo ne s’est pas réveillé assez tôt.