Le Toyota Tacoma est un cas intéressant. Bien qu’il ne soit aucunement le camion intermédiaire le plus compétent de sa catégorie, il demeure de loin le plus vendu au pays. Même les frères Chevrolet Colorado et GMC Canyon, deuxièmes dans la course, ne lui arrivent pas à la cheville au palmarès des ventes.
Pourquoi est-il si populaire? La fiabilité? La valeur de revente? C’est tout?
Curieux de savoir pourquoi le Tacoma est tant adoré par les consommateurs, nous l’avons mis à l’essai dans sa déclinaison TRD Sport avec la boîte manuelle.
Bien que le Tacoma ne semble pas avoir changé au premier regard, il a en réalité été soumis à une bonne dose de nouveautés pour l’année-modèle 2020. La partie avant a été redessinée avec une nouvelle grille et des phares à DEL, tandis que les feux arrière ont eux aussi été légèrement repensés.
De nouvelles jantes sont également au menu, ainsi que de nouveaux choix de couleurs. Par exemple, le bleu Voodoo, tel notre modèle d’essai, n’est plus réservé qu’à la déclinaison TRD Pro.
Les changements les plus importants sont surtout à l’intérieur, où le Tacoma hérite d’un système multimédia avec écrans de sept ou huit pouces, incorporant enfin la connectivité Android Auto et Apple CarPlay de série.
Toutes les déclinaisons, à l’exception du modèle de base, viennent de série avec un siège conducteur à réglage électronique. Les technologies d’aide à la conduite Toyota Safety Sense, incluant le freinage d’urgence en cas de collision et le régulateur de vitesse adaptatif, s’offrent sans frais supplémentaires.
Notre modèle d’essai était un TRD Sport avec cabine Double Cab, boîte courte et la boîte manuelle à six rapports. Nous le précisons, car lorsque l’on coche l’option des trois pédales, l’ensemble TRD Sport s’ajoute automatiquement, comprenant, entre autres, un toit ouvrant, des miroirs chauffants, la recharge du téléphone sans fil, l’écran de huit pouces, des sièges en cuir chauffants, une chaîne audio plus performante à six haut-parleurs, un système de navigation, une fausse entrée d’air sur le capot et le lettrage TRD Sport.
Le prix final pour notre modèle d’essai était de 46 696 $.
Embarquer dans un Tacoma, ce n’est pas facile, surtout si l’on est grand. Il faut grimper pour ensuite se pencher en raison de sa haute garde au sol et de son plancher positionné trop haut dans l’habitacle. Une fois à bord, la position d’assise est d’autant plus étrange. J’avais l’impression d’avoir les genoux dans le front tellement le plancher est haut!
Les choses empirent lorsque l’on tente d’ajuster le volant, qui n’est pas télescopique. Désagréable.
On remarque toutefois une planche de bord fonctionnelle avec un design plutôt joli. Les commandes sont faciles d’accès et les gros boutons circulaires facilitent l’utilisation quand on porte une paire de gants. Idem pour l’interface multimédia qui est vachement mieux que sa devancière. Celle-ci est plus rapide pour répondre aux commandes, les menus sont simples et efficaces. Nous n’avons rien à lui reprocher.
Dans son ensemble, la cabine Double Cab est spacieuse, tant à l’avant qu’à l’arrière, où l’on retrouve un bon dégagement pour les jambes, la tête et les épaules.
L’un des gros changements sur le plan technique c’est le retrait du moteur quatre cylindres et des déclinaisons deux roues motrices. Seuls le moteur V6 et la transmission quatre roues motrices sont désormais offerts pour notre marché.
Ce moteur n’affiche rien de particulièrement innovateur, mais c’est justement cette approche conservatrice qui fait du Tacoma une valeur sûre en matière de fiabilité. Sa puissance est chiffrée à 278 chevaux et 265 lb-pi de couple. Il peut être associé à une boîte automatique ou, comme notre modèle d’essai, manuelle à six rapports.
La bonne nouvelle côté robustesse, c’est que ce moteur V6 a fait ses preuves à maintes reprises, aussi du côté de Lexus, avec très peu de problèmes majeurs reportés.
Ceci dit, bien que le Tacoma soit une camionnette somme toute solide, ses spécifications techniques sont plutôt décevantes lorsqu’on le compare à sa concurrence devenue soudainement féroce. Depuis que les marques américaines sont revenues dans ce segment, le Tacoma ne fait simplement plus le poids.
Au chapitre du remorquage, un Tacoma V6 avec les quatre roues motrices peut tracter jusqu’à 6 500 lb (2 948 kg). Certes, un Tacoma à roues motrices arrière pouvait remorquer jusqu’à 6 800 lb (3 084), mais cette déclinaison n’est hélas plus disponible.
À titre de comparaison, un Chevrolet Colorado / GMC Canyon V6 peut remorquer 7 000 lb (3 175 kg). Un Ford Ranger, alimenté par un moteur quatre cylindres turbo : 7 500 lb (3 402 kg). Ensuite, il y a le roi de la montagne, le Jeep Gladiator, qui peut tirer jusqu’à 7 650 lb (3 470 kg).
Et ce n’est pas tout. Il est possible de se procurer un Chevrolet Colorado / GMC Canyon alimenté par un moteur turbo diesel pouvant remorquer jusqu’à 7 700 lb (3 492 kg). C’est énorme.
Au chapitre de la charge utile, le pauvre Toyota se fait encore manger tout rond. Pouvant supporter jusqu’à 1 370 lb (621 kg) avec la caisse de six pieds, le Tacoma est derrière le Nissan Frontier (1 460 lb/662 kg), le Chevrolet Colorado / GMC Canyon (1 620 lb/735 kg), le Ford Ranger (1 860 lb/844 kg), le Jeep Gladiator (1 598/724 kg) et le Honda Ridgeline (1 580 lb/716 kg).
Une fois sur la route, le Tacoma nous fait instantanément ressentir sa conception de carrosserie montée sur un cadre en acier. C’est un truck, il ne faut donc pas s’attendre à la conduite d’une berline sport!
Mais encore là, on remarque à quel point la concurrence s’est perfectionnée à ce chapitre. Le Tacoma sautille dès la moindre imperfection de la route et les sensations d’oscillation sont très présentes en conduite urbaine. De ce côté, il est moins raffiné qu’un Colorado, un Ridgeline et même, à notre grande surprise, un Jeep Gladiator.
Nous avons toutefois aimé la livrée de puissance du moteur V6. C’est un moteur doux, qui déploie une bonne dose de couple à bas régime tout en se permettant de révolutionner. La boîte manuelle permet d’exploiter toute la puissance disponible, car ce V6 développe le maximum de sa puissance à haut régime.
Rien à dire non plus au sujet du levier de vitesses et de la pédale d’embrayage. Les passages de vitesse se font en douceur et tout est harmonieux et bien calibré. On sent que cette boîte de vitesses est bien assemblée et qu’elle peut travailler durement pendant plusieurs années.
Néanmoins, bien que nous n’ayons rien à reprocher à la mécanique éprouvée du Tacoma, nous avons été très déçus de sa consommation d’essence. Même associée à une boîte manuelle qui, en principe, permet de réduire notre consommation si on sait la maîtriser, notre camionnette enregistrait une moyenne de 13 L/100 km, des chiffres comparables à ceux des camionnettes pleine grandeur alimentées par des moteurs V8.
Malgré ses innombrables défauts, nous recommandons le Toyota Tacoma 2020. C’est simple, c’est une camionnette fiable, qui ne vous coûtera pas cher en entretien mécanique et qui sera facile à revendre à bon prix.
Dans le marché de l'occasion, même les Tacoma en piteux état se vendent encore très cher.
Et si vous êtes adeptes de hors route, sachez que même de base, un Tacoma 4x4 se débrouille fort bien dans les sentiers battus. Il existe aussi une pléthore d’accessoires permettant de personnaliser votre véhicule comme bon vous semble.
Mais si vous êtes à la recherche de la meilleure camionnette intermédiaire sur le marché actuel, Toyota n’est simplement plus dans le coup. Sachez que lorsque vient temps de remorquer ou transporter une bonne charge, il existe des véhicules américains ou japonais beaucoup plus compétents.