Toyota GR Supra 2024 : concombre sans sel

Il y a des voitures sur le marché qui ont l’avantage, ou l’inconvénient, de porter un nom qui résonne dans l’esprit des amateurs. Les constructeurs de leur côté savent très bien que d’utiliser un nom porteur d’histoire augmente la nostalgie entourant un nouveau véhicule, et c’est payant. Pensons au Ford Bronco qui a fait un retour triomphant après plusieurs années d’absence, ou au Mitsubishi Eclipse Cross qui au contraire a dégoûté les passionnés de voiture sportive.

Toyota a aussi utilisé cette stratégie en ramenant la légendaire Supra sur le marché. Cette sportive, avec une place importante dans le cœur des amateurs automobiles, était très attendue, et j’avais plutôt hâte de vivre une semaine derrière le volant de la Toyota GR Supra 2025. Résultat, j’ai découvert une voiture franchement bien construite, précise et solide sur la route, mais je suis resté avec un goût fade en bouche. Comme si Toyota n’avait pas trouvé sa propre recette d’épices pour assaisonner son bolide emblématique.

Sobre, mais de bon goût

Commençons par l’apparence du véhicule qui, à mon humble avis, est réussi. La Toyota GR Supra 2024 a été sculpté au couteau. Ses courbes et ses fines lignes aérodynamiques lui confèrent un genre bien identitaire. De face, son long capot plongeant lui donne une allure de voiture de course, tandis que ses lumières pointant vers le centre du pare-chocs rehaussent son côté prestigieux.

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De côté, le design continue d’impressionner avec des roues de 19 pouces de couleur bronze glacée. D’ailleurs, celles-ci sont les seules offertes puisque Toyota ne propose qu’une version, soit la 3,0 L Premium. Il ne reste qu’à choisir entre la boîte de vitesses automatique et la manuelle.

Ma mouture d’essai était munie de la boîte manuelle et peinte de la couleur surnommée « à plus tard ». Mixé à la teinte des roues, je trouvais le contraste intéressant, quoiqu’un peu trop sobre à mon goût.

La GR Supra arrive de série avec des échappements sport et des écussons GR (pour Gazoo Racing) qui assènent un côté exclusif à la voiture. Je dois noter que les feux arrière à DEL de la Supra sont très jolis, et que le badge Supra signé en lettres attachées, comme c’était le cas d’autres générations du modèle, rend le style du véhicule plutôt excitant.

Vous comprendrez que j’aime beaucoup le look de la GR Supra. Elle ressemble vraiment à une voiture sportive, et ça fonctionne extrêmement bien. C’est sobre, pas trop excentrique et juste assez équilibré pour avoir l’air sérieux.

Logo Toyota, sentiment BMW

Je ne vais pas m’éterniser longtemps sur le sujet, mais les amateurs du modèle sont bien au fait que l’actuelle Supra a été développée de concert avec BMW. D’ailleurs, le constructeur allemand a développé son coupé Z4 grâce au partenariat.

De l’extérieur, je trouve que les deux se distinguent très bien, mais à l’intérieur, leur lien de famille se fait ressentir. L’écran multimédia, l’instrumentation, les alarmes, la méthode de navigation et, même, les commandes du système de climatisation sont empruntés à BMW. Est-ce une si mauvaise chose? Honnêtement, oui.

Le système d’infodivertissement de BMW, muni d’un écran de 8,8 pouces, est d’une complexité déconcertante, et cette intrusion dans l’habitacle transforme le sentiment d’appartenance avec le bolide. Je me suis rapidement senti au volant d’un véhicule allemand une fois assis au poste de pilotage. Les matériaux sont de très bon goût, et la qualité de construction est irréprochable, mais on perd la magie JDM (Japanese domestic market) de la Supra. Mettez-lui un emblème BMW, et vous n’y verrez que du feu.

Heureusement, les sièges sont très confortables et la chaîne audio de marque JBL à 12 haut-parleurs fait un bon travail. Il faut que je note aussi que, en raison de ma grande taille, j’ai trouvé la visibilité adéquate pour un véhicule sportif de ce genre, mais que si vous mesurez moins de 6 pieds, vous aurez de la difficulté à voir le bout du capot.

La prise en main du volant est extrêmement agréable. Il est juste assez lourd et les repose-mains intégrés sont parfaitement positionnés. Avec 289 litres d’espace de chargement, la GR Supra offre plus d’aire de chargement que la Nissan Z (241 litres), mais moins que la Ford Mustang (377 litres).

Tout se passe derrière le volant

La Toyota GR Supra 2024 est née pour être agréable à conduire, et ça paraît. Toyota se targue d’avoir calibré de manière différente que BMW, la suspension et la direction du véhicule, et cette magie opère.

Ma version d’essai était munie du moteur turbocompressé à 6 cylindres en ligne de 3 litres de BMW. Comme sa mécanique développe une puissance de 382 chevaux et produit un couple de 369 livres-pieds, la GR Supra ne manque pas de vivacité. C’est juste et bien équilibré. Durant mon test, j’ai été contraint d’affronter quelques jours de pluie, et, malgré la chaussée glissante, la Supra n’a pas bronché prouvant l’harmonie entre la puissance et le contrôle. La sonorité du moteur est jouissive, tout comme le bruit sortant des pots d’échappement.

Je tiens aussi à parler de la boîte manuelle embarquée dans ma version d’essai. Quel bonheur de conduire un bolide muni de cet outil de plaisir! Précise, la manuelle à 6 rapports se manie comme un charme.

Précise, mais confortable

Parlant de plaisir, la suspension adaptative munie de jambes de force MacPherson à double articulation à l’avant et de bras multiples avec ressorts hélicoïdaux à l’arrière confère des habiletés de conduite digne des grands modèles de l’industrie. Plantée au sol, la GR Supra offre une tenue de route impeccable. D’ailleurs, le roulement peut être assez doux sur la route, mais brutalement direct quand on pousse la machine.

J’ai testé le véhicule lors d’un week-end à l’extérieur, et malgré son identité de sportive, la GR Supra s’est montrée plutôt compétente. J’ai pu trainer mon matériel et celui de mon passager, le confort des sièges était très acceptable, et la suspension pardonnait les imperfections de la route, et ce, malgré les pneus sport de marque Michelin Pilot. J’ai obtenu une cote de consommation de 8,9 litres/100 kilomètres, ce que je trouve tout à fait honnête pour le genre de véhicule.

Mais qui suis-je?

Il est clair que j’ai apprécié mon temps derrière le volant de cette Toyota GR Supra 2024. Confortable et bien ficelée, elle est tout ce qu’on désire d’une voiture sportive. Elle est habile, équilibrée et précise à souhait. J’ai toutefois remis les clés du véhicule avec un certain sentiment de vide, et non pas parce que je me séparais du bolide.

Ma sensation était reliée au fait que j’ai aussi découvert quelque chose d’important sur la Toyota GR Supra 2024. Elle manque cruellement de personnalité. L’association avec BMW a amené un lot majeur d’améliorations et de performances, mais l’épice japonaise a été trop atténuée pour réellement se sentir dans une page d’histoire.

Ma version d’essai affiche le prix de 72 566,50 $ y compris les frais de transport et de préparation, et je trouve ça élevé si on la compare à la Nissan Z. Cette dernière est munie d’un moteur turbocompressé V6 de 3 litres, promet 400 chevaux et est offerte avec une boîte manuelle. Elle se vend presque 20 000 $ de moins que la GR Supra, mais surtout, elle a réussi à protéger son histoire.

Elle n’est peut-être pas aussi précise, aussi raffinée que la GR Supra, mais la Z nous fait sentir quelque chose d’unique en nous. Une espèce de nostalgie qui rend la conduite unique, malgré ses imperfections. Je crois que la Toyota GR Supra, dans sa quête à la perfection, a un peu boudé l’excentricité et l’originalité, deux éléments qui lui auraient donné une saveur rehaussée et qui auraient pu amener les fidèles de la marque à réécrire la bible entourant l’héritage de Toyota.

Étant donné que la Toyota GR Supra poursuit avec des mécaniques inchangées qui ont fait leurs preuves en termes de fiabilité, nous recommandons sans soucis cette puissante sportive.

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